Au secours, la vague de pessimisme revient ! Qui cela peut-il rendre heureux ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Bruno Le Maire lors d'une réunion en marge du sommet du G20 sur l'île de Bali, le 14 novembre 2022.
Bruno Le Maire lors d'une réunion en marge du sommet du G20 sur l'île de Bali, le 14 novembre 2022.
©SONNY TUMBELAKA / AFP

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En économie comme en politique, les Français sont à nouveau envahis par une vague de pessimisme. D’où une question, pourquoi ? Parce que la France qui s’effondre dans le déclin ne correspond pas à la réalité.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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A croire que le pessimisme doit rendre heureux. La Fontaine en avait déjà l’intuition parce qu’après quelques premières fables, beaucoup de grincheux lui ont reproché de ne pas être très optimiste sur l’espèce humaine. Beaucoup plus tard, Voltaire aussi a essuyé le même procès d’intention. 

En fait, les sondages et les études économiques nous montrent que les faits et les chiffres ne justifient pas toujours un tel pessimisme. Les philosophes, eux, nous démontrent que le pessimisme est peut-être nécessaire au bonheur.  

L’actualité récente a relancé, semble-t-il, une nouvelle vague de pessimisme en France. Avec raison, parce que les problèmes auxquels nous sommes confrontés sont désespérants : le réchauffement climatique est évidemment menaçant. La guerre en Ukraine traduit des rapports conflictuels qui semblent irréductibles avec des effets catastrophiques à court et moyen terme. Le climat d’inquiétude et même de panique est parfaitement légitime. 

Ce qui n'est pas compréhensible, c’est le pessimisme alimenté par les élites. Qu’elles soient économiques ou politiques. Les responsables se complaisent dans la critique systématique des systèmes, des procédures et des hommes alors qu’ils devraient œuvre à trouver et mettre en place des solutions alternatives pour stimuler les énergies et changer l’ordre des valeurs.  A croire qu’ils ne méritent pas leur statut ou alors qu’ils profitent du pessimisme ambiant. Après tout le commerce de la peur peut être payant. 

Les sondeurs, les économistes et les philosophes se posent tous la question de savoir si, par hasard, le pessimisme ne serait pas une des composantes du bonheur.

Les sondages, par exemple, nous donnent une image beaucoup plus nuancée. Depuis quelques années, les enquêtes Ipsos (mais pas que) nous indiquent que les Français et les Françaises pensent à plus de 70% que la France est en plein déclin, 30% environ considèrent que c’est irréversible. Il existe même une minorité très en colère contre le système et la classe politique… Mais en même temps, 70 à 80 % des Français considèrent, qu’à titre personnel; ils s’en sortiront et qu’en général, ils trouvent des solutions pour gérer les crises et les aléas de la vie. La réalité économique leur donne raison. Il existe en France un esprit d’initiatives et de créations d’entreprises. Depuis un an, on a créé 1.200 000 entreprises soit deux fois plus que ce qu’il se passait il y a 20 ans. La génération actuelle est d’un dynamisme étonnant.  D’ailleurs, une écrasante majorité des Français fait beaucoup plus confiance aux entreprises et à leurs dirigeants pour les protéger de l’avenir que leur administration et les responsables politiques.

Les économistes sont confrontés au même paradoxe. Sans remonter très loin, au moment de la crise financière de 2009 comme pendant la crise du covid, peu d’économistes participaient à la vague de pessimisme, parce qu’ils savaient bien que peu d’actifs de production avaient été détruits. Les économistes et les chefs d’entreprises ont trouvé des solutions et ils ont convaincu les forces politiques pour mettre en œuvre les mesures de soutien et de relance. Il existe une résilience, principalement dans les entreprises, qui permet de gérer une crise, parce que le métier d’un chef d’entreprise est de s’adapter. Le plus étonnant d’ailleurs, c’est que les responsables professionnels joignent leur voix et leur cri à des forces « très populistes » portées plus par l’émotion que par la raison. 

Les philosophes ont beaucoup travaillé sur les concepts de pessimisme et d’optimisme et beaucoup considèrent d’ailleurs que l’optimisme n’est pas forcément à la source du bonheur. Il faut peut-être cultiver un certain pessimisme pour trouver sa place dans le cercle de l’intelligence.  Si seuls les imbéciles réussissent à être heureux, alors mieux vaut être pessimiste. 

Danielle Choquette est une psychologue canadienne connue pour ses analyses. Dans une chronique publiée dans le journal de Montréal, elle décrit par le menu toutes les raisons d’être pessimiste et heureux.

D’abord, elle explique que l’âge interfère très fortement. Les vieux sont enclins au pessimisme et c’est normal. Les jeunes sont massivement optimistes. Mais ce qui est drôle, c’est que les vieux pessimistes vivent plus longtemps et mieux. Pourquoi? parce qu’ils sont plus prévoyants et prudents.

Ensuite, elle considère que, dans la vie amoureuse, le pessimisme permet au couple d’aller plus loin. Les colères et les frustrations, les moments d’ennuis sont normaux. 

Par ailleurs, elle ajoute que trop de bonheur présente des risques pour la santé.  L’hypocondriaque est forcément pessimiste donc il se protège et se préserve. 

On meurt plus souvent d’excès de joie et de rire que de pleurs.

Donc le pessimisme est utile aux anxieux. Ça les occupe et ils oublient leur anxiété. 

Bref, on a compris, le pessimisme est une des recettes du bonheur.  Ils ont plus souvent que d’autres des bonnes surprises.  

Le seul inconvénient des pessimistes est qu’ils sont assez fatigants et au Québec, les psychologues d’entreprises ne reprochent jamais à un salarié d’être pessimiste, à une condition ; qu’il ne se sente pas obligé de partager toutes ses angoisses.

C’est un remède Québécois oui, mais qui pourrait être prescrit en France.

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