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Attention terrain miné : Emmanuel Macron et la gestion de ses encombrants parrains
©PHILIPPE LOPEZ / AFP

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Si les parrainages de tous bords politiques se multiplient chez le candidat d'En Marche !, certains peuvent s'avérer plus handicapant qu'autre chose. Emmanuel Macron risque d'avoir du mal à échapper à la critique le qualifiant "d'hollandisme prolongé".

Bruno Jeudy

Bruno Jeudy

Bruno Jeudy est rédacteur en chef Politique et Économie chez Paris Match. Spécialiste de la droite, il est notamment le co-auteur du livre Le Coup monté, avec Carole Barjon.

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Atlantico : Emmanuel Macron peut-il échapper à ses encombrants parrains ? Qu'il s'agisse des figures comme Jacques Attali, Alain Minc ou de figure politiques commes celles de François Hollande ou de François Bayrou, comment peut-il réussir à gagner une autonomie politique ?

Bruno Jeudy : Echapper à la critique sur son "hollandisme" c'est tout le pari d'Emmanuel Macron pendant cette campagne. Et ce sera difficile puisqu'il a été successivement secrétaire général adjoint de l'Elysée, donc inspirateur de la politique encosmique qu'il a ensuite pu mettre en œuvre en étant ministre de l'économie à la rentrée 2014 pendant deux ans jusqu’à l'été 2016. Forcément il aura du mal à faire oublier son passé. Et ce, même si on voit bien à travers son projet économique qu'il vise un peu à poursuivre et à perfectionner ce que François Hollande voulait faire mais n'a pas pu réaliser, empêché par l'inertie du parti socialiste, de ces frondeurs, de sa vieille idéologie et de ses anciennes habitudes. 

Mais c'est une lecture un peu simpliste. Car Emmanuel Macron a effectivement une jambe à gauche mais aussi une vraie jambe à droite. Et on le voit dans certains éléments de son programme économique où il emprunte plutôt à la doctrine de la droite qu'à celle du Parti Socialiste. Il va quand même plus loin que les réformistes du PS. Mais de toute façon il aura du mal à échapper à cette critique disant qu'Emmanuel Macron c'est du "hollandisme" prolongé. 

Si on résume un peu grossièrement, le programme d'Emmanuel Macron c'est 40% de gauche, 40%  de centre et 20% de droite. Ce qui correspond d'ailleurs à peu près son électorat. Aujourd'hui il est composé d'environ 40% d'électeurs de François Hollande, 30% de François Bayrou et 20% d'électeurs de Nicolas Sarkozy (de 2012).  

Peut-il se permettre de se mettre à dos ceux qui ont pu jouer un rôle de mentor pour lui ? Notamment en disant à travers son porte-parole que François Hollande ne jouera pas de rôle dans sa future majorité ?

Non seulement il peut se le permettre mais il a surtout intérêt de le faire. Sinon, il va forcément faire fuir les électeurs de droite qui sont tentés par l'expérience d'En Marche! Notamment des électeurs déçus de François Fillon, de François Bayrou qui n'est pas candidat et idem pour Alain Juppé. Il a tout intérêt à tenir le plus possible à l'écart l'ombre de François Hollande ou de ses proches qui pourrait le rallier. D'ailleurs on voit bien qu'il essaie de pratiquer, de manière assez habile, à du tri sélectif chez les socialistes. Il veut bien de le Jean-Yves Le Driant mais pas de Stephan Le Foll. Il veut bien de Bertrand Delanoë mais pas de Manuel Valls etc.  

Maintenant, il y a un moment ou la vague deviendra peut-être trop forte et le tri deviendra moins évident à faire. 

Peut-il se permettre de faire cavalier seul en s'appuyant uniquement sur les militants d'en marche ? Son mouvement est-il assez solide pour cela ?

Il a forgé la réussite de sa trajectoire sur la nouveauté, sur l'antiparti et sur son antisystème –bien qu'il en soit lui-même issu-. Donc si Emmanuel Macron a réussi à retenir l'attention de manière éclatante jusqu’à présent –au regard des sondages- c'est grâce au fait qu'il soit le signe du renouveau, de la jeunesse et d'une nouvelle approche politique. Est-ce suffisant pour l'emporter ? C'est tout son pari. Il aura besoin quand même de quelques expériences et compétences notamment dans le secteur régalien ou il manque de bras. C'est pour ça qu'il a besoin de Jean-Yves Le Driant. Sur des questions aussi centrales que la sécurité, il lui faut des personnalités rassurantes. 

La question qui va se poser dans la dernière ligne droite de la campagne c'est, avec qui Emmanuel Macron va-t-il gouverner ? Cette question risque d'être compliquée à gérer. Il risque d'en décevoir certains et d'en inquiéter d'autres par la mise en avant de certaines personnalités. Sa volonté par exemple de nommer une femme à Matignon suscite à la fois l'intérêt et l'inquiétude. 

Aujourd'hui on ne voit pas avec qui il compte gouverner et cela peut devenir un facteur d'inquiétude pour les électeurs. 

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