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Assemblée nationale : "les attentes d’ouverture et de diversification du personnel politique sont loin d’avoir été satisfaites"
©REUTERS/Jacky Naegelen

Bonnes feuilles

La question de la démocratie représentative a pris une ampleur sans précédent en France alors même que l’on va célébrer le soixantième anniversaire de la Ve République. Les élections de 2017 se sont déroulées dans le cadre d’une crise historique de confiance entre les Français et leur personnel politique. Les propositions de réforme constitutionnelle se sont multipliées. Comment expliquer cette crise de confiance ? Comment renouer le lien politique avec des citoyens plus autonomes ? En quoi la situation française est-elle différente des autres démocraties européennes ? En quoi la démocratie directe ou la démocratie participative sont-elles des perspectives d’avenir ? Comment concevoir de manière réaliste une amélioration de la vie démocratique ? Telles sont les questions abordées dans cet ouvrage. Extrait de "La démocratie représentative est-elle en crise ?" de Luc Rouban, publié aux Editions La Documentation Française. 2/2

Luc Rouban

Luc Rouban

Luc Rouban est directeur de recherches au CNRS et travaille au Cevipof depuis 1996 et à Sciences Po depuis 1987.

Il est l'auteur de La fonction publique en débat (Documentation française, 2014), Quel avenir pour la fonction publique ? (Documentation française, 2017), La démocratie représentative est-elle en crise ? (Documentation française, 2018) et Le paradoxe du macronisme (Les Presses de Sciences po, 2018) et La matière noire de la démocratie (Les Presses de Sciences Po, 2019), "Quel avenir pour les maires ?" à la Documentation française (2020). Il a publié en 2022 Les raisons de la défiance aux Presses de Sciences Po. 

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L’Assemblée nationale de 2017 est largement dominée par des élus provenant des catégories socioprofessionnelles supérieures. À ce titre, on observe, par rapport aux législatures précédentes, un véritable recul des représentants issus des classes moyennes au profit de ceux des classes supérieures. Les attentes d’ouverture et de diversification du personnel politique, telles qu’elles se sont manifestées lors de la campagne de l’élection présidentielle, sont donc loin d’avoir été satisfaites. Les élections législatives qui ont suivi ont même amplifié le resserrement élitiste du recrutement des députés, dans la mesure où l’abstention a surtout concerné les électeurs des catégories sociales les plus modestes (Luc Rouban, «De la présidentielle aux législatives, les mirages du renouvellement», in Pascal Perrineau (dir.), Le vote disruptif, 2017). Finalement, elles ont constitué une forme de cooptation, repré- sentants et représentés étant issus du même milieu de la bourgeoisie diplômée, laissant aux marges les contestations radicales qui avaient pourtant attiré près de la moitié de l’électorat au premier tour de la présidentielle.

Le second changement tient à la part plus réduite des cadres du secteur public au profit des cadres du secteur privé et des chefs d’entreprise. La proportion moyenne des cadres de la fonction publique (hors fonction publique territoriale) et des membres des grands corps est de 9,5% contre 15,8% en 2012 comme en 2007. La part des enseignants diminue elle aussi (voir tableau p. 90). Cette évolution moyenne est très contrastée selon les ensembles politiques mais suit les lignes de la sociologie des partis comme de leur histoire récente. Les hauts fonctionnaires se rencontrent surtout au sein des élus de la gauche socialiste (15%) et de la droite de gouvernement (12%), plus rarement dans les rangs de LREM (8,8%). Les enseignants sont présents notamment sur les bancs de la gauche contestataire (22%) et de la gauche socialiste (15%), avec une proportion assez élevée sur ceux de LREM (13,6%). Les employés et autres agents publics (y compris les professionnels de la politique) sont nombreux parmi les députés de la gauche socialiste (43,5%) et de la gauche contestataire (41%), plus rares parmi ceux de la droite de gouvernement (28%) et de LREM (16%). Les grands indépendants (industriels, chefs d’entreprise, professions libérales) se trouvent principalement parmi les élus du MoDem (31%), de la droite de gouvernement (30%) et de LREM (29%) et bien moins parmi ceux de la gauche, qu’elle soit contestataire ou socialiste (15%). Enfin, les cadres du privé se comptent surtout dans les rangs de LREM (23%) et du MoDem (16%), beaucoup moins dans ceux de la droite de gouvernement (10%) et demeurent très rares au sein de la gauche, quelle que soit son orientation politique (autour de 4%). Cette distribution des profils socioprofessionnels coïncide naturellement avec une distribution similaire des diplômes. 21% de tous les députés ont une formation juridique de niveau master au moins, même si la proportion d’avocats n’a pas augmenté depuis 2012. La part d’entre eux ayant suivi des études en économie au sens large, en y incluant les études commerciales ou de gestion, est à peu près équivalente (18%), et il en va de même pour les études scientifiques et les parcours d’ingénieurs (18%). On remarque cependant la faible présence des énarques (seize au total) ou des polytechniciens (deux), alors que trente et un députés ont été formés dans des grandes écoles de commerce.

"La démocratie représentative est-elle en crise ?" de Luc Rouban, publié aux Editions La Documentation Française

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