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Marielle de Sarnez :
“Arrêtons d’être naïfs avec la Chine!”
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Deux poids, deux mesures

La numéro 2 de François Bayrou revient sur les solutions évoquées dans son rapport "L'UE et la Chine : l'échange inégal ?" pour des relations plus équilibrées entre l'UE et la Chine.

Marielle de Sarnez

Marielle de Sarnez

Marielle de Sarnez est vice-présidente du Modem.

Députée européenne depuis 1999, elle siège au groupe Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe.

Elle a participé en 2004 à la création du Parti démocrate européen dont elle est aujourd'hui secrétaire générale.

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Le 13 mars dernier, l'Union européenne, les Etats-Unis et le Japon ont conjointement porté plainte devant l'OMC pour la mise en place par Pékin de restrictions à l’exportation de terres rares, nécessaires à la fabrication de produits de haute technologie. Le 30 janvier déjà, la Chine avait été condamnée par l’OMC pour des restrictions de neuf autres matières premières. A cela s’ajoute le conflit sur la question de la taxe carbone européenne dans le secteur du trafic aérien, que la Chine refuse de payer.

Il est essentiel que la Chine adopte une attitude plus loyale dans ses échanges avec l'Europe. Le moment est venu d'en prendre conscience et de rétablir une plus grande équité dans nos relations commerciales. Telle est la philosophie de mon rapport d'initiative intitulé "L'UE et la Chine : l'échange inégal ?" adopté le 27 mars par la commission du commerce international du Parlement européen.

Un déséquilibre commercial croissant depuis 10 ans

Portée par une croissance à deux chiffres depuis maintenant trente ans, l'économie chinoise a bénéficié de l'ouverture des échanges commerciaux pour développer son économie. L’Europe, premier partenaire commercial de Pékin, aurait dû en retirer de larges bénéfices.Or, elle a vu son déficit commercial avec la Chine plus que tripler en 10 ans !

Si des efforts sont à accomplir par la Chine comme par l'Union européenne pour rétablir l'équilibre, de nombreuses barrières commerciales entravent l'accès aux marchés chinois alors que les marchés européens sont largement ouverts. La participation des entreprises européennes aux marchés publics chinois est ainsi exclue de facto. Les réglementations locales sont complexes et la concurrence avec les entreprises chinoises est souvent opaque. Dans de nombreux secteurs, les procédures d'implantation des entreprises étrangères sont compliquées et la très faible protection des droits de la propriété intellectuelle dissuade les investisseurs potentiels. Les contrefaçons produites en Chine inondent le marché européen et nuisent à la productivité de nos entreprises.

Les autorités chinoises appliquent aussi des politiques interventionnistes qui ont consisté ces dernières années à maintenir le yuan à un niveau artificiellement bas afin de doper les exportations et à fortement subventionner des pans entiers de leur économie.

Ne pas être naïfs et exiger une véritable réciprocité

La réciprocité doit être la base de la nouvelle relation entre l'UE et la Chine. Ce principe doit régir tous les domaines d'un véritable partenariat gagnant-gagnant, y compris au niveau monétaire. La Chine doit donc impérativement laisser apprécier le yuan pour ne pas fausser les échanges commerciaux.

Cela implique également que les Européens puissent enfin investir en Chine dans les mêmes conditions que les Chinois le font en Europe. Dès lors, des conditions d'installations moins contraignantes pour les entreprises européennes en Chine doivent être assurées et l'accès à certains marchés chinois, comme les marchés publics et le marché des services, doit être libéralisé. Dans un environnement juridique stable, les entreprises européennes doivent être certaines que leurs droits de propriété intellectuelle ne seront pas bafoués. Enfin, pour la sécurité des consommateurs européens, il est nécessaire que tous les produits chinois en circulation dans l'UE soient conformes aux normes européennes.

Il appartient en revanche à l'UE, pour soutenir son économie et sa croissance, de se doter d'une politique forte de ré-industrialisation, de recherche et d'innovation, en développant rapidement des emprunts obligataires européens à fin d’investissements (project bonds).

Et surtout, l’UE doit parler d'une seule voix dans sa relation avec la Chine. Trop de relations divergentes entre les États membres et la Chine affaiblissent la position globale de l'Europe.

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