Après le « quoi qu’il en coûte », le « quoi qu’il arrive »… La reprise du dialogue social peut sortir le modèle français de la crise… <!-- --> | Atlantico.fr
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La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet et la Première ministre, Elisabeth Borne, avant leur réunion à Matignon, à Paris, le 17 mai 2023.
La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet et la Première ministre, Elisabeth Borne, avant leur réunion à Matignon, à Paris, le 17 mai 2023.
©EMMANUEL DUNANDPOOL / AFP

Atlantico Business

Devant les caméras de télévision, la relation entre les partenaires sociaux et le gouvernement reste bloquée… Mais derrière, dans le secret des négociations entre les syndicats et les mouvements patronaux, on avance à la restauration d’un modèle paritaire.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La crise d’un côté, les négociations  de l’autre. Tout se passe un peu comme si les partenaires sociaux en conflit avec le gouvernement pour cause de réforme des retraites faisaient tout pour écarter l’exécutif des négociations en cours, et reprendre la main dans la gestion du modèle social français.

Les acteurs sociaux, patrons et syndicats voudraient montrer au gouvernement qu’ils sont capables de reprendre leurs responsabilités qu’ils ne s’y prendraient pas autrement.

Convoqués par la première ministre, ils obtempèrent poliment mais déclarent que ce type de négo ne servira à rien. Une fois sortis de Matignon, les représentants syndicaux se retrouvent avec le patronat pour faire avancer les dossiers. 

Cette semaine, le patronat et les syndicats se sont quittés très tard après des nuits laborieuses mais heureux d’avoir trouvés un compromis sur un projet d’accord concernantla branche accidents et maladies professionnelles. C’est le sixième accord que les partenaires sociaux ont finalisésur les Neuf qu’ils avaient inscrit à l’agenda au début de 2021. C’est le troisième depuis le début de l’année, après l’accord sur le partage de la valeur et celui sur la nécessité de passer par le dialogue social dans la mise en place des conditions de la transition écologique dans les entreprises.

Tout se passe comme si les syndicats et le patronat avaient voulu conclure avant la réunion de Matignon, histoire de montrer à Me Borne que le dialogue existequ’il est générateur de progrès pour tout le monde sans pollution politique. Sous-entendu «  vous nous auriez laisser faire sur les retraites en nous expliquant clairement les objectifs, on aurait trouvé une solution ». Pas sûr! mais l’exécutif aurait pu essayer au moins.

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Maintenanttout va dépendre comment l’exécutif va réagir. Ou bien il prend acte de la prise de responsabilité des partenaires sociauxet les félicite ou bien il recommence à vouloir les reprendre en main.

Les projets d’accords qui ont été défini depuis le début de l’année ne sont pas anodins. L’enjeu n’est pas seulement d’assurer le fonctionnement des systèmes d’assurance sociale mais aussi leur financement. On est donc au cœur du malaise français.

La cour des comptes vient d’avertir les partenaires sociaux et le gouvernement que les déséquilibres des trois caisses d’assurances devenaient insupportables (santé au travail, vieillesse et famille , chômage).

L’un des axes fort des projets d’ accord entre les partenaires sociaux serait de reprendre en main la gestion de l’assurance maladie. L’accord prévoit un retour au strict paritarisme (organisationssyndicales et organisations patronales), mais d’accord sur le principe , il va falloir entrer dans les détails et s’entendre sur ce qui ressort des maladies professionnelles et les autres .. Mais il va falloir s’entendre aussi sur qui « paie la prévention ».

Ce qui est très intéressant, c’est que les partenaires sociaux n’excluent pas d’introduire un système de bonus-malus dans le calcul des cotisations, un peu sur le modèle qui existedans l’assurance automobile.

Passons sur les discussions qui vont encore être tendues parce que les chefs syndicaux doivent s’assurer que la base a compris et assume.

Mais tous les accords passés depuis le début de l’année alors que la crise des retraites mettait un maximum d’adhérents dans la rue prouve qu’il y désormais dans les syndicats une volonté d’avancer.

L’objectif serait de récupérer la gestion paritaire des grandes institutions d’assurance sociales. Mais quand on voit la qualité de l’accord sur le partage de la valeur c’est-à-dire sur les procédures de mise en place des bonus, des participations et de l’intéressement au profit des salariés, on peut se dire que le système n’a besoin ni de loi , ni de 49.3 , ni d’injonction politique au niveau national. Au mieux quelques règlementations. L’objectif est de trouver le moyen de mieux gérer. Pas besoin de loi, ni de psycho drame.

Le modèle français est sans doute résilient à une condition que l’État ne s’en mêle pas.

Qu’il laisse faire les chefs d’entreprise. Eux sont en lien avec les contre-pouvoirs.

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