Après Cécile Duflot, Emmanuelle Cosse : le ministère du Logement, martyr du quinquennat Hollande<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Après Cécile Duflot Emmanuelle Cosse...
Après Cécile Duflot Emmanuelle Cosse...
©Reuters

A la rue

Le Logement se voit investi par Emmanuelle Cosse, qui incarne l'élargissement de l'équipe gouvernementale, depuis jeudi 11 février. Une coutume pour ce ministère, qui doit pourtant résoudre le déficit de construction et la hausse des prix.

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

Voir la bio »

Le remaniement ministériel reconduit une écologiste au ministère du Logement. En l'espèce, c'est Emmanuelle Cosse qui prend le maroquin. Le coup est bien joué d'un point de vue partisan: il divise une formation politique affaiblie depuis l'arrivée de Hollande au pouvoir. Si l'on met à part, l'intérêt général, on saluera donc l'ultime coup porté à un parti en déliquescence. Cette façon rusée de torpiller une candidature de Cécile Duflot en 2017, qui pourra se dresser sur un champ de ruines gauchisantes, fait les gorges chaudes des lambris hollandais. 

Si l'on examine le sujet du point de vue de l'intérêt général, en revanche, la France peut quand même se faire du souci.

Emmanuelle Cosse choisie parce qu'elle ne connaît rien au logement

De la vraie vie, Emmanuelle Cosse ne connaît véritablement que le syndicalisme lycéen et l'action associative dans les milieux homosexuels. Elle fait partie de cette caste qui monopolise le pouvoir en France, dont la seule épaisseur est celle des moquettes qu'ils arpentent dans les couloirs des palais républicains, à la recherche d'un poste, d'un titre ronflant, d'une médaille plus ou moins en chocolat, d'un fromage qui les nourrira le temps qu'une autre majorité arrive. Courtiser, courber l'échine, murmurer dans les couloirs, flatter, exécuter des basses oeuvres, telle est la déontologie de ces hiérarques qui n'ont de l'intérêt général qu'une conception immédiatement matérielle et prédatrice. 

A un an des élections présidentielles, les Français, pourtant majoritairement écoeurés par la déliquescence du régime à laquelle François Hollande a donné un visage, et le Parti Socialiste un nom, savent pourquoi Emmanuelle Cosse est nommée. Pour régler la crise du logement? certainement pas, ce sera le cadet de ses soucis et la technostructure prendra bien garde à ce qu'elle ne s'occupe d'aucun des dossiers qui pourraient supposer une intervention de la ministre. Elle est simplement là pour affaiblir une faction et en renforcer une autre. Elle décorera son ministère comme les roses décorent un pot de fleurs, et elle sera le prétexte à une division supplémentaire parmi ceux qui pourraient faire barrage à une candidature du Président à sa propre succession. 

Quelle superbe époque nous vivons, celle qui veut que les incompétents soient nommés là où les compétents sont écartés. 

Le logement, zone sinistrée du royaume hollandais

A certains égards, toutefois, on se félicitera de la nomination d'une parfaite incompétente à ce ministère. L'inconvénient de ce genre de nomination tient au fait qu'elle n'y fera rien. Si l'on se rappelle l'activisme de Cécile Duflot, cette passivité est aussi un avantage, et, au fond, une quasi-certitude de non-échec autant que de non-réussite. Vu les dégâts subis depuis quatre ans dans ce domaine, cette espèce de pari sur la médiocrité est probablement la moins pire chose qui puisse survenir.

Quelques chiffres suffiront à illustrer les dégâts produits par la gauche en matière de logement depuis 2012. Ainsi, en 2014, moins de 400.000 logements ont été construits en France. En 1980, on avait compté 500.000 construction, alors que la France comptait 10 millions d'habitants en moins, et que le nombre de divorces était moins important. Autrement dit, en 35 ans, le nombre de logements construit a baissé en France alors que les besoins augmentent. 

Mais ce chiffre en lui-même n'est rien s'il n'est pas décomposé. 

En 1980 comme en 2014, la France a construit 188.000 logements collectifs, c'est-à-dire des appartements dans des immeubles. Sur la même période, le nombre de constructions individuelles est passé de 231.000 à 112.000. 

En dehors de 1993, qui fut une année de crise terrible, la France n'avait jamais construit aussi peu de logements individuels qu'en 2014 sur les 35 dernières années. Ce chiffre-là est terrifiant car il concentre en lui-même toute la haine que François Hollande porte aux classes moyennes, ce malin plaisir qu'il a pris à dénoncer "les riches" qui gagnent plus de 4.000 euros, qu'il a eu à pénaliser tous ceux qui avaient un petit quelque chose pour flatter dans le sens du poil ceux qui ont encore moins. Que les uns paient pour les autres!

Le logement ou le retour du collectivisme

En réalité, la gauche a beaucoup parlé de logement social, a beaucoup dénoncé les apartheids français. Dans la pratique, elle en a été une productrice active. Partout où les Français pouvaient améliorer leur condition, accéder à un chez eux, même petit, elle a sévi. Les grands bourgeois de la gauche au pouvoir n'ont pas eu de mépris assez dur pour ceux qui rêvaient d'avoir leur maison à eux. Mais qu'ils se contentent plutôt de leur HLM! qu'ils demandent des allocations! qu'ils réclament une ZEP, une ZUP, une incitation fiscale! qui sont ces manants qui imaginent pouvoir vivre sans l'aide de l'Etat?

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !