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Pour soutenir la croissance, le candidat socialiste annonce « deux moyens, le premier, c’est de baisser les taux d’intérêt, si nous pensons qu’effectivement il peut y avoir, par ce biais la, un soutien à la croissance, et moi j’y suis favorable ».
Pour soutenir la croissance, le candidat socialiste annonce « deux moyens, le premier, c’est de baisser les taux d’intérêt, si nous pensons qu’effectivement il peut y avoir, par ce biais la, un soutien à la croissance, et moi j’y suis favorable ».
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Approximations macroéconomiques

François Hollande a déclaré vendredi sur Europe 1 assurer le retour à la croissance par une baisse des taux d'intérêt de la BCE, qui prêterait directement aux États pour racheter leurs dettes. Une déclaration qui montre une méconnaissance profonde du système économique européen.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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La déclaration de François Hollande, sur Europe 1, relative à une demande de baisse des taux de la BCE est un florilège d’erreurs, d’incompréhensions, ou de démagogie. Pour soutenir la croissance, le candidat socialiste annonce « deux moyens, le premier, c’est de baisser les taux d’intérêt, si nous pensons qu’effectivement il peut y avoir, par ce biais la, un soutien à la croissance, et moi j’y suis favorable ».

En une phrase tout est dit, adieu l’indépendance de la banque centrale, adieu les théories économiques. La banque centrale européenne a un mandat, la stabilité des prix, l’inflation, qu’elle se doit de garder à un niveau inférieur à 2.00% sur le moyen terme. Le niveau est actuellement de 2.7%, et devrait se stabiliser autour de 2.00% en cours d’année. Demander une baisse de taux (et ainsi soutenir la croissance et l’inflation) est simplement un appel à la banque centrale à ne pas respecter son mandat. Le fait de discuter du mandat en lui-même est une chose, appeler la BCE à enfreindre les règles en est une autre.

Mario Draghi appréciera. Après 6 mois de fine diplomatie menée par le nouveau président de la Banque centrale européenne pour tenter de soutenir l’économie en arrivant à l’extrême limite des règles, voici le type de déclaration qui réveillera les partisans de l’austérité. « Je sais que les allemands y sont tout à fait hostiles, eh bien ça fera partie de la négociation. Si on pense que ce n’est pas utile de renégocier, alors restons chez soi ». Une subtile accusation de l’Allemagne, rendue responsable de notre niveau de croissance, et qui est un parfait préambule à l’ouverture de négociations constructives et apaisées avec notre voisin.

La mention « si nous pensons qu’effectivement il peut y avoir, par ce biais la, un soutien à la croissance » exprime un doute sur la réussite de l’opération. Rassurons-nous, Il n’y a pas de doute à avoir, une telle action entraine la croissance positivement, l’inflation aussi.

François Hollande poursuit « Mais il y a une deuxième façon qui serait de prêter directement aux États plutôt que de passer par le truchement qui a été choisi d’un soutien aux banques » « cette position, je la défends depuis des années, c’est ce qui se passe aux États-Unis, c’est ce qui se passe en Grande-Bretagne ». Ce qui se passe aux États-Unis, c’est qu’une banque centrale injecte de la monnaie dans le système et utilise les emprunts d’états pour cela, selon le système suivant :

  • La banque centrale « émet » de la monnaie ;
  • Elle rachète une obligation d’état détenue par un acteur économique ;
  • L’acteur économique utilise cette « monnaie » et achète des biens et services ;
  • La croissance est soutenue, les taux d’intérêts montent, signe que la reprise est en route.

    La banque centrale pourrait se servir de tout autre actif pour cela, la dette immobilière, actions etc.., car le but n’est pas de « prêter » aux États, mais d’injecter de la monnaie dans l’économie. En annonçant cela, François Hollande alimente le mythe d’une banque centrale dont l’objectif serait de « racheter la dette des États » et qu’on en parlerait plus. Tout ceci est faux.

L’injection de monnaie tend à soutenir la croissance, et a donc pour conséquence directe la hausse des taux d’emprunt des États, ce qui s’est vérifié aussi bien aux États-Unis lors des opérations de Quantitatives Easing (politiques d'assouplissement monétaire), et en Europe pour les LTRO (opération de refinancement à long terme).

L’argument est donc parfaitement démagogique.

Dans cette déclaration, François Hollande bafoue l’indépendance de la BCE, et nous permet de découvrir le projet monétaire socialiste. La hausse de l’inflation comme programme, s’inspirant des propositions faites par Olivier Blanchard, chef économiste du FMI, de porter l’objectif du taux d’inflation à 4%.

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