Mesures efficaces ?
Anne Hidalgo, candidate du pouvoir d’achat ? Petit bilan de sa politique sur celui des Parisiens
Anne Hidalgo pourrait annoncer sa candidature à l'élection présidentielle au 20 Heures de TF1 le dimanche 12 septembre, selon des informations du Parisien. Anne Hidalgo pourrait notamment reprendre à son compte la thématique du « pouvoir d’achat » lors de la campagne. Qu’en est-il du bilan d’Anne Hidalgo à la mairie de Paris et sur la question du pouvoir d'achat des Parisiens ?
Atlantico : Selon les proches d'Anne Hidalgo, la maire de Paris sera candidate à l’élection présidentielle de 2022. Elle pourrait reprendre à son compte la thématique du « pouvoir d’achat ». Qu’en pensez-vous ?
Don Diego de la Vega : Depuis 40 ans, quel président français ne s’est pas présenté comme le candidat du pouvoir d’achat ? C’est une thématique très transversale. Ce qui est paradoxal, c’est que cela arrive dans une période où le président n’a presque plus de prise sur le pouvoir d’achat. Normalement, celui-ci dépend des gains de productivité. Ces derniers ne se décrètent pas, donc il n’y a pas de rapport automatique entre une décision et l’évolution du pouvoir d’achat. Et de plus, depuis que nous n’avons plus le contrôle de la politique monétaire et une faible marge sur de nombreux outils, il est très compliqué de faire un lien. Le pouvoir d’achat ce n’est pas une mauvaise idée, mais les outils ne sont plus à disposition.
Aujourd’hui, le lien entre la décision d’un politicien français et le pouvoir d’achat d’un individu passe par la baisse des impôts ou des charges. Ce sont des thématiques plutôt portées par la droite. Se présenter comme quelqu’un de gauche qui veut agir pour le pouvoir d’achat mais laisse la politique monétaire à Francfort, c’est un peu compliqué. J’imagine que la réponse que pourra faire Anne Hidalgo, c’est de la redistribution. Or nous sommes déjà parmi les pays qui redistribuent le plus.
Ensuite vient la question du track record. Elle peut essayer de se montrer comme quelqu’un de neuf sur la scène nationale, mais elle a été cul et chemise avec tous les hiérarques du parti socialiste depuis 25 ans, à commencer par François Hollande dont elle ne s’est jamais vraiment démarquée. Lui aussi a d’ailleurs été le candidat du pouvoir d’achat. La question qu’il faudrait lui poser est : quelle leçon a-t-elle tiré des échecs de ses prédécesseurs et comment résoudre la contradiction de la marge de manœuvre des politiques français s’ils refusent de changer 95% du cadre dans lequel ils s’inscrivent ?
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Qu’en est-il du bilan d’Anne Hidalgo à la mairie de Paris ?
On peut aussi penser à la question de la piétonisation. Dans l’absolu, piétonniser une ville comme Paris n’est pas une mauvaise décision. La ville est un musée et enlever des voitures qui font du bruit sur les pavés dans une ville très dense, à vocation internationale, ça ne me choque pas. Mais le problème c’est de faire de la piétonisation sans coordination avec toutes les villes qui sont autour. Comme ces villes sont souvent de gauche, on aurait pu s’attendre à ce que la maire de Paris s’entende avec la périphérie. Mais elle a fait de la gauche caviar : je piétonnise parce qu’il le faut et ce n’est évidemment pas favorable aux classes modestes. Ça le deviendra de moins en moins quand il deviendra impossible de rentrer avec un véhicule thermique dans Paris. Le problème c’est la piétonisation non coopérative.
Le problème d’Anne Hidalgo est qu’elle a typiquement une matrice politique gauche plurielle, à s’allier avec les écologistes et les communistes qui ont été ses alliés à la mairie. Elle a un côté old school politique de cartellisation vert, rouge, rose et la dernière fois que c’est arrivé cela a mené à des compromis boiteux : les 35 heures ET l’euro sous Jospin. Les deux ensembles ça ne va pas. On a aussi senti l’influence de ces compromis sur la filière nucléaire. C’est bien là son problème, pour avoir du pouvoir d’achat, il faut une logique productiviste et en même temps l’air du temps, notamment chez ses alliés verts, n’est pas au productivisme. Si déjà elle n’a pas évité les compromis boiteux à la mairie, qu’en sera-t-il à l’échelle nationale ?
Ce qu’il faudrait lui demander c’est : au cours des dernières années a-t-elle réalisé des gains de productivité par rapport à la qualité des services publics et à la dette de la mairie de Paris ? Or sans hausse de productivité il ne peut pas y avoir de baisse d’impôts pérenne sans baisse de qualité des services publics.
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