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Ange ou démon ? Pourquoi les surdoués ne sont pas ceux que l'on croit
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Bonnes feuilles

Un enfant intellectuellement précoce est un enfant qui réfléchit autrement. Son mode de pensée particulier génère certaines difficultés ou fragilités : une hypersensibilité, des retards psychomoteurs ou une vulnérabilité psychologique pouvant compromettre sa réussite scolaire et sa sociabilisation. Extrait de "Au secours, mon enfant est précoce !" (2/2)

Laurence  Lalande

Laurence Lalande

Laurence Lalande est co-fondatrice d'une école dédiée aux enfants surdoués et nous livre son expérience de terrain, de la maternelle au collège, auprès des enfants à haut potentiel.

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Les quolibets discriminants sont légion ! Incompris dans leurs différences, les surdoués sont l’objet de remarques désagréables. Les enseignants ont parfois beaucoup de mal à imaginer qu’un enfant précoce puisse être en difficulté d’adaptation sociale, et des réflexions telles que « s’il est si intelligent, il comprendra et il s’adaptera ! » ne sont pas exceptionnelles. Elles sont bien rapportées en ces termes par tous ces enfants et leurs parents.

Une non-reconnaissance de la spécificité

À l’heure où le droit à la différence est une question sensible, paradoxalement on constate que ce droit est foulé du pied et bien malmené lorsqu’il s’agit de l’appliquer aux sujets ayant une cognition particulière de pensée bien au-delà de la norme. On le voit, lorsque la différence n’est pas acceptée, elle peut être destructrice de bien des façons. Nous avons rencontré de nombreuses familles qui, tantôt dans le désespoir, tantôt dans la prévention, cherchaient des solutions pour pallier la souffrance qu’exprimait leur enfant de n’être ni reconnu ni pris en charge dans un système indifférent.

Une perte d’identité

Beaucoup de ces enfants sont en réel mal-être. Ils s’interrogent sur la place qu’ils occupent en milieu scolaire, mais aussi chez eux. La plupart y perdent leur identité. Ils ne savent plus qui ils sont, ni pourquoi ils sont si différents des autres. Le renoncement à être soi est extrêmement préjudiciable sur un plan psychologique.

Les parents attentifs devront veiller à ce que leur enfant ne prenne pas un chemin de traverse qui le mènera à la pactisation pour être accepté et se conformer à une norme où il s’asphyxiera sans autre forme de procès. Les enfants les plus calmes comme les plus perturbateurs peuvent être victimes de cette marginalisation à l’origine de nombreuses pathologies liées au surdouement. Nous avons eu souvent l’occasion d’accueillir dans notre école des jeunes en totale rupture avec le milieu scolaire. Non acceptés dans leurs différences, ils faisaient constamment figure d’enfants à multiples problèmes, tant sur un plan intellectuel que social. Leur intégration dans nos classes leur a permis à tous de reprendre confiance, de s’épanouir et de réussir à nouveau.

Un rejet destructeur

Parce qu’ils comprennent tout trop vite, parce qu’ils savent anticiper, le monde et son évolution les effraient également… Décidément trop affectés par des sentiments dévastateurs de rejet, d’incompréhension et de scepticisme, ils échoueront sur les rives de la solitude, de la frustration, de la colère ou de la dépression. Renonçant à ce qu’ils auraient voulu être pour devenir ce qu’ils sont, certains souhaiteront mourir pour mettre un terme à leurs souffrances, abandonnant leur combat pour retrouver une paix intérieure qu’ils pensent libératrice pour eux-mêmes, mais aussi pour leurs proches.

Non, le tableau n’est pas exagéré. Là aussi, nous les avons rencontrés et nous avons vécu leurs drames. Certains ont poursuivi leur chemin, mais quelques-uns sont partis. Doit-on continuer à ignorer que l’intelligence se conjugue aussi avec la tristesse et le malheur ? Qu’être surdoué, c’est aussi parfois souffrir dans l’indifférence générale ? Doit-on faire du surdouement une forme de pathologie ?

Extrait de "Au secours, mon enfant est précoce !", Laurence Lalande, (Eyrolles éditions), 2013. Pour acheter ce livre,cliquez ici

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