Alerte rouge de l'OCDE qui chiffre à 100 000 milliards le montant des dettes dans le monde<!-- --> | Atlantico.fr
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Le poids des dettes est abyssal à l'échelle mondiale, selon les données de l'OCDE.
Le poids des dettes est abyssal à l'échelle mondiale, selon les données de l'OCDE.
©Photo by JOEL SAGET / AFP

Atlantico Business

L'OCDE publie pour la première fois le chiffre des dettes publiques et privées accumulées dans le monde entier : 100 000 milliards de dollars. C’est un record abyssal qu'il va bien falloir refinancer.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Le chiffre est tellement incroyable, qu il représente une bombe à retardement. Selon l'OCDE le montant global des dettes accumulées sur l'ensemble de la planète à la fin de 2023, atteignait les 100 000 milliards de dollars. Ce chiffre regroupe :

  • Les dettes d’État qui représentent 54 000 milliards (la moitié du total).

  • Les dettes d’entreprises soit 34 000 milliards, les 2/3 ont été contractées par les entreprises non-financières.

  • Les dettes privées des particuliers pour le solde, environ 12 000 milliards.

Ces chiffres sont considérables d’autant qu’elles ont explosé depuis 2008 au moment de la crise financière, avec globalement une augmentation de 60%.

Les entreprises comme les États ont profité d’un environnement hyper favorable avec des taux d’intérêt proches de zéro. Donc les acteurs ne se sont pas faits prier pour s’endetter d’autant que toutes les banques centrales se sont mises au diapason en récupérant les obligations émises à tel point que les bilans des banques centrales (Angleterre, BCE, Japon et FED) détiennent plus de 33% du montant global de la dette. Elles ont absorbé les titres pour permettre aux agents de se réendetter.

Cela dit, cette période exceptionnelle dans l'histoire économique du monde est révolue. Toutes les banques centrales essaient de revenir à des conditions plus normales de rémunération de l'argent, ce qui va poser un problème de refinancement. Parce que la dette colossale a été contractée à des taux très bas... mais la moitié va devoir être remboursée dans les 5 ans qui viennent. Il va donc falloir refinancer près de 50 000 milliards de dettes qui n'ont rien coûté avec de l'argent qui vaut désormais 3% en moyenne.

Cet exercice va poser des problèmes à beaucoup d'économies qui n’ont pas la croissance suffisante pour amortir le coût du renouvellement de la dette. En bref, pour amortir une dette à 3%, il faut une croissance d’au moins 3%, sinon on n'y arrive pas.

C’est bien le problème de Bruno Le Maire aujourd'hui qui n’a pas la croissance suffisante pour générer des recettes fiscales qui lui permettront de faire face à ses obligations de financement, d’où son obligation de demander des coupes budgétaires.

Mais la France n’est pas le seul pays dans le monde à être dans une situation un peu délicate.

Ces chiffres d’endettement, qui sont colossaux, suggèrent trois remarques.

La première remarque concerne les inégalités d’endettement ; aussi curieux que cela puisse paraître à beaucoup, le pays le plus endetté entre le public et le privé ce sont les États-Unis. Dont la seule dette publique représente plus de 33 000 milliards de dollars ; l’Amérique vit à crédit, grâce à la force de sa monnaie qui inspire confiance dans le monde entier. L'Amérique peut donc emprunter.

La deuxième remarque consiste à rappeler  une évidence , c’est que s'il y a des dettes dans le monde, il y a aussi de l'épargne pour un montant forcément équivalent. Il y a donc des pays qui vivent à crédit (les USA) et des pays qui épargnent qui sont excédentaires, dont beaucoup de pays émergents comme la Chine alors que les Chinois à titre personnel ont tendance à épargner pour se payer une habitation (d’où la crise actuelle de l'immobilier). En France par exemple, nous avons grosso modo un équilibre entre le montant des dettes publiques et le montant de l’épargne liquide dans les comptes bancaires ou de caisse d’épargne. La dette publique française par exemple est de 3000 milliards, mais l'épargne privée réalisable ou disponible est de 3000 milliards (hors assurance vie qui sert principalement à financer le déficit public). C’est une situation rassurante pour les préteurs qui considèrent cette épargne comme une garantie.

La troisième remarque porte sur la question de solvabilité se pose au niveau microéconomique d’une entreprise, d’un ménage ou d’un État, mais globalement au niveau de la planète, il y aura toujours autant d’épargne que de crédit. Donc les comptables seront satisfaits sauf que le rapport entre ceux qui empruntent massivement et ceux qui financent n’appartiennent pas à la même famille, pas à la même communauté... donc l’équilibre entre ces 100 000 milliards de dettes et les 100 000 milliards d’épargne crée des problèmes géopolitiques considérables.

La seule solution pour équilibrer les flux d’épargne et les flux de crédit c’est de générer à l'échelle du monde une croissance économique suffisante pour rémunérer les risques, c’est-à-dire les taux. Le monde a besoin d’une croissance économique moyenne supérieure à 3% actuellement. Les tensions qui existent actuellement dans le monde s’expliquent aussi par la faiblesse de la croissance mondiale. Tous ceux qui plaident pour un ralentissement de la croissance pour des raisons écologiques se trompent gravement parce qu’ils créent des risques de guerre liés à l'insolvabilité d’une partie du monde.

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