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Alerte au variant du Coronavirus : ce qu’on sait vraiment du risque de contamination en extérieur (et que le gouvernement devrait méditer avant d’envisager de restreindre la liberté de promenade)
©JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP

Mutation du virus

Le gouvernement pourrait renforcer le dispositif des mesures sanitaires en restreignant potentiellement les déplacements le week-end ou en modifiant l'heure du couvre-feu afin d'endiguer l'épidémie de Covid-19.

Yvon Le Flohic

Yvon Le Flohic

Yvon Le Flohic est médecin généraliste en secteur 1 il est élu aux URPS (Union Régionale des Professions de Santé) de Bretagne, et ancien président de l'Association des Gardes et de la Maison de Garde de Saint Brieuc.

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Atlantico.fr : Au lieu de limiter la liberté de promenade des Français, le gouvernement ne devrait-il pas s'intéresser davantage aux lieux intérieurs à risque comme les cantines ?

Yvon Le Flohic : Je prône cette idée depuis avril 2020. Il faut une intervention ciblée sur les lieux de contaminations de l’épidémie. C’était la stratégie des trois C qui avait été choisie au Japon pendant la première vague : Close (lieux clos), Crowd (foules) et Close Contact (contacts rapprochés). Ils ont fait peu de tests mais ils ont bien ciblé leurs interventions sur les lieux de propagation dans les lieux clos. Cela leur a donné de bons résultats lors de la première vague. 

La Covid-19 est une épidémie qui a un très fort taux de contagiosité. Sur 10 personnes qui attrapent la maladie, trois infecteront d’autres personnes ultérieurement dont une qui va en contaminer beaucoup (superspreader). Ces derniers font que l’on maintient le R 0 de l’épidémie au-dessus de un. Cela pose une réflexion autour des test massifs de population car dans tout ceux là on teste sept personnes pour rien. Même si certains sont positifs, elles ne contamineront personne. 

Les véritables lieux à risque sont les lieux clos. Plutôt que des mesures qui n’ont ni queue ni tête, nous devrions faire un classement des risques, des personnes et des lieux. Les lieux à risque sont les lieux clos, mal aérés, mal ventilés avec peu d’ultra-violet où on est en contact rapproché.

Le risque dans les lieux clos évolue avec l’incidence territoriale. En début d’épidémie, le taux d’incidence est faible dans les lieux clos. Il augmente avec le passage de 200, 300 personnes et quand elles y restent un certain temps. Inversement dans une école, lorsqu'il y a une classe de 30 élèves avec une faible incidence il y a peu de risques. Le niveau de risque des lieux clos évolue avec le temps et même les réunions familiales amènent des foyers de contamination avec le temps. 

Un lieu de propagation est un lieu de passage avec une communauté stable assez importante. Le pire risque est le mixage entre des transmetteurs jeunes avec un groupe à risque. En résumé, les lieux les plus à risque sont les hôpitaux et les EHPAD. C’est ces derniers que l’on retrouve tout en haut de la liste des enquêtes sur les clusters. 

Quel est l'état de nos connaissances sur les contaminations en extérieur ? 

Il faut savoir que les contaminations sont possibles en extérieur en cas de grandes foules et de contact rapproché. Pourtant, ces contaminations ne seront pas décisives dans le futur de l’épidémie. Si nous n’avions plus d’événements dans les lieux clos, l’épidémie s’éteindrait. 

Les lieux clos fournissent l’exponentiel. Celui que nous avons connu en mars dernier correspond aux transports en commun. En mars, nous avions vu que l’épidémie à son arrivée en Italie ne bougeait pas et qu’elle se propageait en lieux clos. Dès mars nous avions comparé cela avec l’épidémie du SARS-2003 qui se propageait par aérosol, en intérieur. Si on veut mettre fin à cette épidémie, il faut donc éviter les événements de superspreading en lieux clos et combattre préventivement dans les lieux à risque avec des tests préventifs en EHPAD, hôpitaux et dans certaines entreprises. 

Le nouveau variant change-t-il les contaminations en extérieur ?

Selon les données récentes, ce nouveau variant ne change pas les contaminations en extérieur. Il faut cependant voir comment ce variant va évoluer dans le temps. De manière plus générale, nous avons attribué beaucoup de choses à ce variant et la peur de ce dernier a réveillé de nombreux dispositifs. En France, visiblement, le seul effet qu’il a eu se trouve au niveau des politiques et non au niveau des chiffres de contaminations. 

Après l’apparition d’un nouveau variant, il faut au moins deux mois avant de voir s'il est plus pathogénique, s'il est plus transmissible, plus agressif. La difficulté lorsque l’on analyse un nouveau variant est l’étude de tous les paramètres. Quand on voit l’Angleterre ou l’Irlande, on a tendance à mettre la faute sur le nouveau variant alors que l’on oublie qu’en décembre, ils avaient tout ouvert durant la période préférée des coronavirus qui est de décembre à mars. 

Le gouvernement tend à assimiler toutes les sorties à des déplacements pour aller rencontrer d’autres gens dans des lieux clos. Mais est-ce vraiment le cas ?

Le gouvernement veut limiter ces déplacements par désespoir. Le couvre-feu ou le confinement sont deux mesures instaurées pour réduire les regroupement dans les foyers, il n’y a pas d’outil juridique pour rentrer chez les gens. Cependant, cela n’empêchera jamais les contagions de masse dans les vrais lieux de contaminations : les EHPAD et les hôpitaux. Il y a plus de 1000 clusters hospitaliers aujourd’hui… 

Les personnes fréquentant ces lieux doivent être testées massivement et il faut oublier ceux qui se baladent en forêt ou dans les magasins. Si les mesures sont respectées, il y a presque un risque nul. Avec un confinement à 18 h amenant une foule de personnes le samedi matin dans les étals, il y a plus de risques. 

Le gouvernement mise-t-il sur la contrainte plutôt que sur la confiance envers les citoyens ? 

Il y a un manque d’explication et peu de gens savent vraiment ce qu’il se passe. D’un autre côté, on sait aussi qu’une part de nos concitoyens ne sont pas raisonnables. Là où cela pose un réel problème vient aux limitation d’accès aux plages, aux forêts et au sport. Ce sont des éléments importants de l’équilibre psychologique alors que l’on sait qu’il n’y a zéro contamination dans ces espaces. 

Ce n’est pas une épidémie mais une « clustérémie », elle va de lieux clos en lieux clos. Les études le confirmait dès le mois de mars. Cela a été une erreur de limiter l’accès à ces espaces et un contresens épidémiologique/sanitaire. 

Le gouvernement a-t-il suffisamment mesuré le poids psychologique d'un couvre-feu plus strict, voire d'un reconfinement ?

Les impacts sociaux sont massifs avec l’apparition de nombreuses violences familiales. Dans le milieu médical, nous disons d’ailleurs que le confinement et le couvre-feu sont des mesures que l’on fait lorsque nous avons tout raté… 

La déscolarisation lors d’un vrai confinement est une catastrophe. Il y avait de vraies mesures à faire comme une meilleure aération, l’installation de demi-groupes ou l’amélioration de la cantine scolaire. Nous avions déjà conseillé le port du masque dès six ans car il est très important que les écoles restent ouvertes. 

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