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La lutte contre l'alcool au volant justifie-t'elle toutes les mesures de répression ?
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Cas de conscience

Alors que le préfet des Bouches du Rhône a décidé de fermer le Pearl, cette discothèque d'Aix en Provence où une jeune femme avait passé la soirée avant de provoquer un accident en état d'ivresse sur l'autoroute A7, Sophie de Menthon se pose un cas de conscience : la lutte contre les dangers de l'alcool au volant doit-elle se faire au détriment de la notion de responsabilité individuelle ?

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon est présidente du Mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance) et chef d’entreprise (SDME).

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Quelle société voulons nous? C'est la question que l'on ne peut manquer de se poser à propos du dernier fait divers- navrant certes- mais fait divers tout de même! L'Eté, une boite de nuit dans le sud de la france, une femme en sort suffisamment ivre pour prendre l'autoroute à contre sens; spectaculaire et meurtrier.

Notre société politico médiatique veut immédiatement un coupable, mais celui qui l'est ne suffit pas: il faut en plus un responsable bouc émissaire. Tout de suite il faut réagir au nom du "plus jamais ça"; au 20h, il faut quelquechose à annoncer prouvant que le pouvoir politique veille sur les braves gens auxquels on a permis de boire trop! L'idéal étant d'annoncer une répression aussi spectaculaire que l'accident quitte à ce que la réaction soit elle aussi a contresens!

Le préfet  en l'occurrence, vit là la parfaite occasion de prouver qu' il savait réagir vite... Que croyez vous donc qu' il fit? Il ferma la boite de nuit coupable d' avoir contribue à cette ivresse meurtrière. Peut être, se demanderont les sceptiques, que le dossier permettait de laisser penser que "l'aubergiste" avait d'une façon ou d'une autre une responsabilité que nous ignorons? Mais le spectaculaire n'attend pas, aussi pas question de différer cette décision d'envergure et d' attendre une enquête;  la fermeture de l établissement fut décrétée et  pour 2 mois en plein été... histoire de mettre la boite de nuit en faillite.

Quel signal positif cette sanction peut-elle bien avoir? Quelles conclusions faut- il en tirer? Que dans les boites de nuit, c'est la boite, ou la nuit, qui est responsable de la quantité d'alcool qu' on absorbe? Que les commerçants sont tous responsables non pas de ce qu'ils vendent mais de l'usage que l'on fait des produits qu'ils proposent? Que la responsabilité individuelle ne peut qu'incomber a une surveillance collective? Que tout établissement, restaurant ou autre, sera dorénavant fermé si un client en état d' ivresse provoque un accident? Et quel genre d'accident?

Quelle leçon de morale donne-t-on là à une jeunesse qui manque souvent de repères : qu'ils peuvent boire sans limite et que ce sont ceux qui leur fournissent les boissons qui sont responsables de leurs propres actes? Bonjour les dégâts!
Une initiative d'autant plus inquiétante qu 'elle survient après qu'on ait interdit de vendre de l' alcool dans les épiceries situées sur le lieu des ferias: tout aussi stupide est injuste ! Dans ce dernier exemple on introduit en plus une entrave à la liberté de vendre et a la liberté d'entreprendre, sans compter la distorsion de concurrence car qui définit le "bon" périmètre de l 'interdiction et a partir de quelle heure ne doit on plus vendre, etc...?

La puissance publique dans sa magistrale mais prétentieuse impuissance sombre dans un activisme déconcertant au mépris du plus élémentaire des bon-sens. Déresponsabiliser les uns pour en impliquer d'autres et excuser les coupables forcement non coupables. Quel programme.

Au prochain coup de couteau va-t-on interdire la vente des couteaux?

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