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Alain Minc : cinq mesures pour redresser l'économie française
©Reuters

Bonnes feuilles

"La société française est devenue un simple agrégat d’individus : il est urgent pour notre avenir de réinventer un contrat social". Extrait de "Le mal français n'est plus ce qu'il était", d'Alain Minc, publié chez Grasset (2/2).

Alain Minc

Alain Minc

Alain Minc est un conseiller politique, économiste, essayiste et dirigeant d'entreprise français. Il est l'auteur de nombreux livres. Derniers essais publiés chez Grasset : Dix jours qui ébranlèrent le monde (2009), Une histoire politique des intellectuels (2010), Un petit coin de paradis (2011), L'âme des nations (2012), L'homme aux deux visages (2013), Vive l'Allemagne ! (2013)

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La première : augmenter la TVA de 1 % par an pendant les cinq prochaines années ; placer les recettes ainsi engrangées dans une cagnotte ; utiliser celle-ci pour réduire les charges sur les salaires, dans une proportion de 3/4 ou 2/3 au profit des cotisations patronales, le reste en réduction des cotisations salariales. La philosophie d’une telle réforme est limpide : voter au départ le principe de la hausse annuelle aide les acteurs économiques à anticiper leurs comportements ; 1 % de hausse de la TVA par an est absorbé par le jeu du marché, comme en témoigne la hausse du 1er janvier 2014, sans le moindre effet sur les prix et donc sur le pouvoir d’achat des plus modestes. Rien de surprenant à cet égard : lorsque les Allemands ont augmenté brutalement la TVA de 3 %, les prix ont crû de moins de 1 %. Un tel transfert suffirait à effacer notre handicap en matière de coût du travail vis-à-vis de l’Allemagne, à la seule condition que les entreprises ne se laissent pas entraîner à octroyer des augmentations de salaire indues. Une grande fermeté est, de ce point de vue, nécessaire : elle pourrait aller jusqu’au plafonnement des hausses comme en 1982/83. Notre problème de compétitivité ne se pose pas en effet à l’égard du monde hors Europe, puisque hors énergie, le solde commercial est positif et que nos parts de marché ne se sont pas réduites. Il se cristallise au sein de l’Union européenne : notre position exportatrice n’a cessé en effet de régresser vis-à-vis de nos partenaires. Ce n’est donc pas la compétitivité chinoise ou brésilienne qu’il nous faut rattraper mais celle de nos voisins : si elle n’était pas à notre portée, ce serait à désespérer.

Deuxième mesure : lier l’élévation de l’âge légal de départ en retraite à l’augmentation de l’espérance de vie constatée par l’INSEE. C’est appliquer le même principe que celui en vigueur pour la durée de cotisation. Considérer qu’un an d’accroissement de la durée de vie retarde de six ou neuf mois l’âge de départ en retraite aurait des allures de partage équitable. Une telle approche aurait l’avantage politique de démystifier les 62, 63 ou 65 ans et d’éviter de poursuivre un débat quasi théologique sur un sujet qui ne le justifie pas.

Troisième mesure : supprimer les « 35 heures » et faire disparaître parallèlement les subventions octroyées en compensation aux entreprises, en étalant les effets sur une période de cinq ans. Ce serait sortir de la nasse où, pour effacer les effets délétères de la loi de 1996, l’Etat fait peser sur le budget une charge dont il n’a plus les moyens.

Quatrième mesure : porter le fer dans le maquis des aides au logement et simultanément supprimer le fatras de textes, en particulier ceux votés récemment, qui anesthésient la confiance des bâtisseurs. Il est aberrant que la puissance publique dépense des milliards d’euros avec pour résultat un nombre de plus en plus faible de logements construits. Dans ce secteur abrité de la concurrence internationale, un coup de balai, cette fois-ci vraiment libéral, « quasi thatchérien », s’impose. Hormis les textes destinés à préserver un minimum de mixité sociale, le dispositif législatif et réglementaire mérite une violente remise en cause.

Cinquième mesure : relever les seuils sociaux – dix salariés pour l’instauration de délégués d’entreprise, cinquante pour la mise en place d’un comité d’entreprise – à vingt et quatre-vingts. Les entreprises de neuf salariés sont infiniment plus nombreuses que celles de dix et celles de quarante-neuf que leurs congénères de cinquante. Cette aberration ne relève évidemment d’aucune logique économique, mais de blocages psychologiques, si aisés à lever.

A lire aussi, l'interview d'Alain Minc pour Atlantico : “L’Europe est une réussite exceptionnelle : nous en avons fait l’endroit au monde où les valeurs démocratiques et libérales sont les plus respectées”

Extrait de "Le mal français n'est plus ce qu'il était", d'Alain Minc, publié chez Grasset. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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