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Air France : 
Une clause de non-concurrence ? 
Absurde : une compagnie aérienne 
n’a pas de secrets
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Secrets

Les actionnaires d'Air France-KLM ont refusé jeudi massivement d'avaliser la prime de non-concurrence de 400 000 euros versée à Pierre-Henri Gourgeon, l'ancien directeur général du groupe. Une prime qui l'empêchait de travailler pendant 3 ans dans une autre compagnie aérienne, et d'y dévoiler les secrets d'Air France. Mais quels peuvent être les secrets d'une compagnie aérienne ?

Jean-Louis Baroux

Jean-Louis Baroux

Jean-Louis Baroux travaille depuis 35 ans dans le transport aérien. En 1991 il crée APG Global Associates le premier réseau mondial de services commerciaux pour le transport aérien dont il assure la présidence. Il a publié Compagnies aériennes : la faillite du modèle (éditions Archipel, 2010).

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A lire également, l'article d'Eric Verhaeghe :  Prime de l’ex-DG d’Air France : Avec François Hollande, la moindre décision de gestion devra elle être désormais soumise au bon vouloir du gouvernement

Atlantico : Les actionnaires d'Air France-KLM ont refusé jeudi massivement d'avaliser la prime de non-concurrence versée à Pierre-Henri Gourgeon, qui quitte l'entreprise. Comment a-t-elle été négociée ?

Jean-Louis Baroux : Pour autant que je sache, cette prime a due faire partie du marché qui a été négocié lors de son départ le 17 octobre 2011, mais je n'en sais pas plus. Je ne sais pas si elle était dans le contrat.

Cette prime de 400000 euros a été retoquée notamment du fait de son indécence par rapport au salaire moyen des employés. Etes-vous d'accord avec ça ?


Ce n'est pas le montant de la prime qui est démesuré, ce qui l'est c'est de signer un contrat de non-concurrence à un dirigeant qui n'a pas été performant dans son boulot. Le fait qu'il aille fournir ses services à des concurrents ne peut être que bénéfique pour Air France. Au lieu de lui verser cette prime, il aurait fallu lui faire signer un contrat pour l'obliger à être consultant dans une compagnie concurrente.

Pierre-Henri Gourgeon est resté 33 mois à la tête de Air France, et chaque mois il a perdu en moyenne 44 millions d'euros. Je pense qu'il n'était absolument pas la personne adaptée à ce job, qu'il n'a pas vu qu'il a détruit le produit Air France, et qu'il a fait un désastre absolument considérable en ne voulant pas considérer que la concurrence existe, justement, et qu'elle a sa place, qu'il s'agisse des compagnes low-cost ou des autres compagnies classiques.

Je crois que quelqu'un qui n'a pas de savoir particulier et qui va à la concurrence ne peut pas faire de mal à son ancienne entreprise.

Pierre-Henri Gourgeon a néanmoins passé 23 ans dans la compagnie, et est réputé pour avoir bonne mémoire. Ne risque-t-il pas de dévoiler certains secrets ?

Mais il n'a rien ! La seule chose qu'il pourrait avoir, c'est la façon dont est calée le yield management, et quand on voit sa performance, on peut l'exporter à qui le veut, ça affaiblira les concurrents. Il n'y a pas de secrets de fabrication chez Air France !

Dans l'aérien, il n'y a pas de secrets de fabrication, contrairement à ce que l'on peut croire. Dans l'industrie, il y en a, bien sûr, mais dans l'aérien tout le monde connaît les mêmes techniques.

Les débauchages sont-ils communs dans le milieu des compagnies aériennes ?


Le seul exemple que je connaisse est celui du français Thierry Antinori, ancien membre du directoire de la compagnie allemande, qui a été débauché en septembre dernier par Emirates. C'est le seul gros transfert que nous ayons vu. Et la raison, c'est que Thierry Antinori est bon. Si Emirates gagne des sous alors que la majorité des autres compagnies en perd, c'est que leur management est de qualité.

Si Air France a versé cette somme, c'est simplement parce qu'il s'agit d'une compagnie qui ne veut pas d'embêtement avec ses anciens dirigeants. C'est une bonne fille, et quelqu'un de bien pour ses employés.

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