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Le bio nous prend pour des concombres !
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Bon le bio ?

La source de la bactérie E.coli, qui est à l'origine de la mort de 33 personnes en Europe, vient d'être découverte. Il s'agit de graines de soja germées issues de l'agriculture biologique. Mais ce type de production est-il vraiment bon pour la santé ? Et faut-il faire une confiance aveugle au label Bio ?

Gil Rivière-Wekstein

Gil Rivière-Wekstein est rédacteur pour la revue Agriculture et Environnement. Il est l'auteur du livre "Panique dans l’assiette, ils se nourrissent de nos peurs". 

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Atlantico : Peut-on accuser le bio d’avoir favorisé l’expansion de cette bactérie très à l’aise dans un environnement, où la température lui permet de se développer ?

Gil Rivière-Wekstein : Actuellement, nous n’en savons pas assez. Il faudrait savoir quel est le mode de production exact de ces germes de soja. En général, une exploitation biologique est plus exposée à ce type de problème pour la simple raison qu’elle utilise du fumier organique, qui présente lui-même un risque. Une exploitation qui utilise de l'engrais de synthèse évacue en revanche ce risque. Dans un cas tel que celui rencontré en Allemagne, vous n’avez pas besoin de fumier organique pour faire germer des graines de soja. Il faudrait savoir si on en a utilisé. Si c’est le cas, il faudrait comprendre comment le passage de la bactérie aurait pu avoir lieu entre ce fumier et ces germes de soja.

Sur ce cas précis, il faut donc rester très prudent. Ce que l’on peut dire c’est que la prévalence pour que ce type de bactérie se développe sur une exploitation biologique est six fois plus importante que sur des exploitations conventionnelles. Il faut aussi préciser qu’il n’y a pas que les agriculteurs bios qui utilisent du fumier organique. Les agriculteurs conventionnels ne sont donc pas à l'abri d'un tel problème. Il faut rappeler que le risque bactériologique, le risque microbien, le risque naturel sont beaucoup plus importants que n'importe quel risque chimique, alors qu’on ne cesse de répéter que les pesticides représenteraient le principal risque sanitaire. C’est bien une bactérie d’origine naturelle qui a causé 3 000 malades, une trentaine de morts et maintenant 800 personnes qui auront des troubles rénaux à vie.

L'engrais de synthèse est interdit dans l’agriculture biologique. Un agriculteur biologique est obligé d’utiliser soit du fumier organique, naturel, soit des déchets urbains. Comme il se prive d’une utilisation de synthèse, il ne reste que ce type de fumier. Mais il a aussi recours, par exemple, à des os broyés qui peuvent véhiculer des bactéries. L’agriculture biologique, dans son cahier des charges, interdit d’utiliser tout produit de synthèse. Et si elle en utilise, ce qui lui permettrait d’éliminer tout risque, ce ne serait plus de l’agriculture biologique. En effet, la définition même de ce type d’agriculture, c’est le refus historique d’utiliser des produits issus de la chimie. En vérité, c’est une fraude car l'agriculture biologique utilise des produits chimiques. C’est une tromperie. Par exemple, les agriculteurs biologiques utilisent le pyrèthre, qui est un insecticide naturel et, pour qu’il ait plus d’effets, ils ajoutent un synergique  qui s’appelle le PBO (Piperonyl Butoxide) qui est un produit chimique de synthèse. On triche et peu de gens le savent.

Que peuvent faire les exploitants bios ou conventionnels pour éviter ce genre de bactéries ?

C’est l’hygiène avant tout, à la fois dans les cultures et pour la population. Vous pouvez éviter le risque si vous n’utilisez pas de fumier organique fécal, mais si vous en utilisez, vous devez faire extrêmement attention puisque vous traitez une matière à risque. Vous augmentez le risque. Il reste toutefois possible de le prendre à la condition d'utiliser des méthodes adéquates. 

Le label bio n’est-il qu’une franchise marketing qui cache sa vérité aux consommateurs ?

C’est beaucoup plus que ça, il y a bien évidemment du marketing, mais il y a aussi de l’idéologie. La première chose c'est que l’agriculture biologique laisse croire qu’elle n'utilise pas des pesticides. Les gens s’imaginent que c’est une agriculture naturelle, sans pesticide. Ce n'est pas vrai, elle utilise des pesticides naturels, dont la toxicité peut être aussi forte et aussi mauvaise pour l’environnement que les produits de synthèse. 

Ensuite les gens pensent que manger bio, c’est bon pour la santé. C’est faux. Aucune étude ne l’a montré. Il n’existe aucun élément nutritionnel fondamentalement différent entre les produits issus de l’agriculture biologique et ceux issus de l’agriculture conventionnelle, lorsque le mode de production est comparable. Si vous comparez un poulet élevé en plein air et un poulet élevé en batterie, il y aura forcément une différence. Mais si vous faites une comparaison entre un poulet label rouge et un poulet bio, il n’y aura aucune différence nutritionnelle. 60 % des légumes que nous consommons n’ont absolument aucune trace de pesticide, et les autres sont au-dessous de la limite maximum de résidus autorisés. Ils sont donc considérés comme n’ayant aucun effet néfaste pour la santé. Alors quand on explique que l’agriculture biologique est meilleure pour la santé parce qu’il n’y a aucune trace de pesticide, c’est vrai, mais de la même manière que 60 % des fruits et légumes que nous consommons. On propose d'atteindre 20 % de produits issus de l'agriculture biologique dans les menus de cantine publique. Donc les autorités sont bien convaincus que les 80 % restants ne posent aucun problème de santé pour nos enfants. Sinon ce n'est pas 20 % de produits biologiques qu'i faudrait mettre mais bien 100 %.

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