Affaire du Sofitel : pourquoi Anne Sinclair a-t-elle choisi de rester mariée quelques mois de plus avec DSK ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Anne Sinclair et DSK.
Anne Sinclair et DSK.
©Reuters

Bonnes feuilles

"Ni sainte ni victime, je suis une femme libre !" Ainsi parle Anne Sinclair. Mais qui est-elle vraiment ? Héritière du collectionneur Paul Rosenberg, icône du journalisme politique avec "7 sur 7", ex-"épouse admirable" de DSK, directrice éditoriale du Huffington Post français, elle multiplie les rôles. Extrait de "Anne Sinclair, une femme libre", de Jocelyne Sauvard, publié chez l'Archipel Editions (1/2).

Jocelyne Sauvard

Jocelyne Sauvard

Jocelyne Sauvard, auteur de romans, de recueils de nouvelles et de pièces de théâtre, est la biographe des grandes figures de notre temps : Léo Ferré (Mélis Éditions, 2010), Simone Veil, la force de la conviction (L’Archipel, 2012) ou Les trois vies de Danielle Mitterrand (L’Archipel, 2013).
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Donner son point de vue, comme si elle disait : “Je ne cherche pas à me justifier, mais voilà ce qui est.” C’est vraiment son image qu’elle donne à voir, pas forcément parce qu’elle cherche à la réhabiliter, mais j’ai eu l’impression qu’elle parlait d’elle. Je voyais une femme qui répondait aux questions, et qui répondait aussi pour elle-même. Le travail préliminaire s’est étiré sur un an, et j’ai travaillé en bonne intelligence avec Anne Sinclair. Une fois d’accord, elle n’a pas changé d’avis. Pendant des semaines, j’ai travaillé sur son histoire. Faire son portrait, c’était lui poser quelques questions, mais aussi faire parler les témoins et montrer les archives. Puis j’ai travaillé avec Anne Sinclair toute l’année 2013. Elle n’avait plus accordé d’interviews sur" l’Affaire de New Yokr» depuis l’interview exclusive dans Elle. Elle n’en avait plus parlé du tout et beaucoup de femmes étaient perplexes, se disant qu’elles auraient lâché le mari sur-le-champ. Pourquoi est-elle restée mariée quelques mois de plus ? Pourquoi a-t-elle fait ce choix ? se demandaient-elles. Elles n’ont pas compris qu’une femme agisse de cette façon : accepter, pardonner, soutenir. Certaines féministes ont manifesté leur désaccord. Anne Sinclair a recadré les choses avec l’article : “Je fais ce que je veux, personne n’a de leçon à me donner”, tel était son message.

Anne s’est préparée à parler de l’épisode du Sofitel, ses rebondissements, l’implication de Dominique Strauss- Kahn, son vécu. Pourquoi ne pas prendre quelques notes comme si elle préparait un dossier ? Un écrit éphémère, salvateur pour Anne, qui traite ses propres textes comme un journal intime et prend la distance nécessaire pour ne pas tomber dans la confidence. Être claire, convaincante. Anne a une grande maîtrise de la parole, seule la voix transmet l’émotion. Mais, une fois dits sur le plateau, les mots lui appartiennent-ils encore ? Ce qu’ils nomment perd de son intensité pour elle puisqu’ils sont devenus indépendants.

"En montrant les épisodes de sa vie, en interviewant les observateurs, on se fie à ce qu’ils disent", observe Florence Troquereau. Je n’étais pas là au moment des faits. Si vous faites le portrait d’un grand écrivain, vous le reconstituez d’après les témoignages. J’ai donc recueilli les souvenirs des observateurs. Anne Sinclair savait exactement quelles questions je posais, et à qui. Mais elle et moi, un moment, il a fallu qu’on “se tâte”. Particulièrement pour le dernier chapitre : raconter cette affaire de New York de son point de vue, l’attente était là-dessus. On avait eu la version de DSK, mais pas celle d’Anne Sinclair. Ses amis avaient reconstitué le fil, il fallait essayer de comprendre ce qui l’avait construite, ce qu’elle avait perçu. Avant que le scandale éclate, elle reconnaît avoir questionné DSK. Elle lui avait demandé s’il était fidèle ou pas, il l’avait rassurée. Elle avait eu envie de le croire. DSK est un coureur, un dragueur, tout le monde le sait. Et Anne Sinclair aussi, mais dans l’affaire de New York il y a le chef d’accusation : le viol. C’est le plus grave. C’est de ça qu’elle parle en disant : “Non, je ne le crois pas.” Cela veut dire : “C’est un dragueur, mais pas un violeur.” Elle n’y croit pas, elle ne peut l’accepter. Ça explique qu’elle le sorte de là avec autant de détermination, qu’elle lutte contre ce chef d’accusation, monte les marches du tribunal… Les avocats disent alors : "sa présence à elle le sauve peut-être".

Extrait de "Anne Sinclair, une femme libre", de jocelyne Sauvard, publié chez l'Archipel Editions, 2015. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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