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La mainmise d'Al Jazeera sur le foot français va-t-elle achever les paris sportifs ?
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Ça va Jaz(e)er(a)

La Ligue de football professionnel a annoncé ce jeudi avoir trouvé un accord avec Al Jazeera pour la diffusion des matches de Ligue 1. Plus de 80 % de ces rencontres seront donc diffusées par la chaîne qatarie. Un coup fatal pour Canal +, mais qui sonne aussi le glas des paris sportifs, déjà malmenés par un manque de visibilité audiovisuelle...

Florian Motemps

Florian Motemps

Florian Motemps est le co-fondateur de Kuzeo.com, comparateur intéractif de sites de jeux d’argent en ligne légaux.

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Le monde du football en France vient de connaitre un profond bouleversement dans l’attribution des droits télévisés, Al Jazeera Sport s’imposant comme le nouvel acteur incontournable pour la retransmission des matchs de Ligue des champions et de Ligue 1. Et cela risque bien de handicaper les opérateurs de paris sportifs en ligne, qui n’avaient pas besoin de ça…

La nouvelle donne pour les droits télés du foot en France

L’offre se concentre désormais sur Canal + et Al Jazeera Sport, la chaîne du Président du Paris-Saint-Germain, Nasser Al-Khelaifi, le Qatari qui n’en finit pas de bouleverser le milieu du football professionnel français. Al Jazeera Sport avait raflé 133 rencontres de la plus prestigieuse des coupes européennes pour la somme de 61 millions d’euros, Canal + conservant l’avantage sur la diffusion des matchs phares de la compétition et de la finale pour la période 2012/2015.

Du côté de la Ligue 1 de football, Al Jazeera Sport s’impose aussi nettement sur Canal +, la chaîne proposera sur la période de 2012 à 2016 pas moins de 8 rencontres sur 10 de Ligue 1 dont une le vendredi soir et une autre le dimanche à 14h, Canal + se contentant de l’affiche du dimanche soir à 21h et de la diffusion d’un match le samedi après-midi à 17h. Les Qataris pourront en plus diffuser 6 matchs en paiement à la demande (aujourd’hui sur Foot +) et l’ensemble des matchs en différé. Al Jazeera devrait verser 240 millions sur les quatre saisons pour les droits de la Ligue 1. Canal + Sport vaincu de ce duel financier, TF1 qui se voit déposséder de la Ligue des Champions (qui sera désormais accessible aux téléspectateurs uniquement par un abonnement à une offre payante), la fin des diffusions gratuites de la Ligue des Champions et probablement d’autres grands évènements comme la Coupe de l’UEFA à l’avenir devraient contribuer à mettre encore plus en péril les sites de paris sportifs déjà malmenés.

Le déclin des sites de paris sportifs…

Les vœux de Jean-François Vilotte, le président de l’Autorité de régulation des jeux en ligne (ARJEL), ont été l’occasion de revenir sur le bilan de l’année écoulée dans le secteur. Il souligne ainsi la méforme des opérateurs de paris sportifs en France, constatant un niveau de mise inférieur à 600 millions d’euros et un PBJ (différence entre les mises des joueurs et les gains versés) de 115 millions d’euros, très loin des autres pays européens où les paris sportifs connaissent une croissance exponentielle. Les paris sur le football sont particulièrement touchés par cette désaffection, avec une baisse notable de 23 % comparativement à l’année 2010. De plus, 43 % des joueurs misent moins de 10 euros par mois sur les paris sportifs en 2011.

Les opérateurs sont handicapés par la réticence des Français peu enclins à se prendre de passion pour les paris dans un environnement qui n’incite pas à miser sur le sport. La culture du pari est ainsi bien moins développée en France qu’en Grande-Bretagne par exemple où les joueurs sont constamment incités à parier par les bookmakers qui bénéficient d’une forte visibilité, il n’est ainsi pas rare de voir les cotes des matchs diffusés à la télévision avant le coup d’envoi d’une rencontre.

… devrait s’accentuer avec les nouveaux droits télévisés

Le « live betting » (pari en direct sur un évènement sportif) est aussi très peu développé à l’exception de certains sites de paris en ligne qui proposent de suivre gratuitement en streaming de nombreux sports. (Ce qui ne doit pas être étranger à la croissance de 121 % des paris sportifs pour le PMU qui est fortement positionné sur le streaming en direct) Le « live betting » ne représente que 50 % des mises en France contre environ 85 % en Grande-Bretagne alors que celui-ci génère habituellement un trafic très important et demeure la possibilité de pari préférée des joueurs.

La diffusion des matchs de football les plus populaires sur des canaux payants est un handicap supplémentaire pour les opérateurs. Une migration vers les bars des individus qui ne souhaitent pas souscrire à une offre payante pour suivre les rencontres est probable, difficile dès lors de parier en direct. La France ne dispose en outre d’aucun lieu de convivialité avec une présence physique de bookmakers à la différence de la Grande-Bretagne.

Les paris sportifs en France, une faible attractivité pour les joueurs

L’attractivité des paris sportifs en France est faible, le taux de retour aux joueurs est ainsi très bas, il est estimé à environ 82 % un chiffre très en deçà des autres pays européens avec des cotes souvent tout aussi peu attirantes. La raison nous vient d’une fiscalité excessive de la part de l’Etat avec un taux de prélèvement de 8,5 % sur les mises, un niveau bien trop élevé pour espérer rivaliser avec la Grande-Bretagne (1,5 %) ou l’Italie (4,4 %).

Le marché qui se caractérise par des marges réduites et une fiscalité importante ne permet pas l'émergence de petits opérateurs. Les acteurs historiques, PMU et ParionsWeb de la Française des jeux, et les grands groupes privés comme Betclic, Unibet ou Bwin sont les seuls à pouvoir raisonnablement s’imposer sur le secteur avec le risque d’une concurrence réduite peu favorable aux joueurs. Les sites « offshore » ont encore de beaux jours devant eux, l’opérateur évitant ainsi une fiscalité trop lourde et les joueurs bénéficiant d’un taux de retour bien plus élevé. La nouvelle donne dans les droits télévisés est une problématique supplémentaire à gérer pour les sites de paris sportifs.

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