A quoi ressembleraient nos services publics avec 300 000 fonctionnaires de moins ? <!-- --> | Atlantico.fr
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300 000 fonctionnaires non remplacés, soit 60 000 par an en moyenne de 2015 a 2020 sur toutes les administrations publiques, c’est 1,5 milliard d’euros d’économies par an soit 8 milliards d’euros d’économies d’ici 2020.
300 000 fonctionnaires non remplacés, soit 60 000 par an en moyenne de 2015 a 2020 sur toutes les administrations publiques, c’est 1,5 milliard d’euros d’économies par an soit 8 milliards d’euros d’économies d’ici 2020.
©Reuters

Non remplacement

Le mouvement France Défis propose le non remplacement de 300.000 fonctionnaires sur les 500.000 qui prendront leur retraite d'ici 2020.

Eric Gerard

Eric Gerard

Eric Gerard est président Fondateur de France Défis, la voix de la Société Civile, gérant Associé dans une Société de Gestion de portefeuilles indépendante. Parcours dans la distribution : Chef de produits Lever, Directeur régional Camaïeu, Directeur commercial Carrefour Voyages. A embauché plus de 600 jeunes au cours de sa carrière dans la distribution spécialisée. Diplômé de SciencesPo Paris, section économique et financière. Licence en droit des affaires. Capitaine de frégate (R) et Président fondateur des Sciences Po de la Mer. Passionné par le désendettement public et les enjeux maritimes.

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Atlantico : France Défis, le mouvement citoyen que vous présidez, propose le non remplacement de 300 000 fonctionnaires sur les 500 000 qui prendront leur retraite d'ici 2020. Quels services publics devraient, selon vous, être en priorité visés par ces réductions d'effectif ? A contrario, quels secteurs ne devraient pas voir leur nombre de fonctionnaires diminuer de manière trop grande ?

Eric Gerard : Le point essentiel pour nous est d’expliquer que des gains de productivité sont possibles dans la Fonction publique - partout on peut faire mieux avec moins - comme l’ont démontré nos meilleurs partenaires européens et qu’au contraire, si nous ne parvenons pas à en faire, nous allons continuer de décrocher. 

France Défis propose comme principe que les fonctionnaires retrouvent le contact avec la population : plus de fonctionnaires au contact des citoyens, moins de bureaux et de fonctions de back-office.

Commençons par un état des lieux, fonction par fonction après définition des missions de l’Etat et de l’articulation avec les collectivités.  D’une manière générale, préservons ce qui touche à la sécurité et la justice. Diminuons ce qui touche à la levée de l’impôt, l’économie, l’éducation, la santé, l’outre-mer, la culture, l’agriculture, les transports, les agences et les collectivités territoriales dans leur ensemble. 

C’est l’organisation et les méthodes de travail qu’il faut repenser. D’une répartition des effectifs pointue, il faut grâce notamment au développement du numérique passer à une pyramide plus élargie à sa base, celle en contact avec les administrés à travers les différents canaux de communication.

Notre pays compte un vingtaine de ministères, c’est à dire autant d'administrations centrales employant des centaines, voire des milliers fonctionnaires, sans oublier le florilège d'agences, d'observatoires et d'établissements publics. Si on y ajoute les structures des administrations territoriales, soit 27 régions et une centaine de départements en comptant l'outre-mer, autant de conseils régionaux et généraux. Il faut ajouter les communautés de communes, communes et autres strates administratives comme les établissements publics locaux. Il est temps de faire accepter une organisation territoriale allégée et simplifiée sur le modèle des lands allemands par exemple. La décentralisation reste souhaitable, mais elle doit maintenant impliquer une révision de la carte des régions et des choix drastiques concernant les échelons départemental et communal à condition que nos élus en assument toutes les conséquences.

Côté fonction publique d'Etat, il faut faire de vrais choix. Moins d’une quinzaine de ministères tout au plus, éventuellement en l’inscrivant dans la Constitution afin d’éviter à l’avenir les Gouvernements pléthoriques où l’on invente des ministères pour récompenser les alliés de longue date. L'éducation, les affaires sociales, la sécurité, la justice, le budget et l'économie en priorité, les affaires étrangères et la défense.

Optimisation de toutes les fonctions dans les ministères et les administrations de sécurité sociale : 170 000 fonctionnaires non remplacés. Par exemple dans l’éducation nationale : il y a 200 000 personnes en fonctions centrales et administratives. On ne remplace aucun départ : soit 15%, 30 000 fonctionnaires non remplacés.

Agences de l'Etat : elles emploient l'équivalent de 20% des administrations centrales avec 450 000 fonctionnaires et les effectifs ont progressé de 6% de 2006 à 2012 avec des salaires 6% supérieurs aux administrations centrales. Objectif : 30 000 fonctionnaires non remplacés.

Fonction territoriale : avec l’évaporation des départements, suppression de toutes les missions économiques, culturelles, touristiques, éducation et de communication des conseils généraux qui doublonnent avec les compétences des régions : plus de 100 000 fonctionnaires non remplaces.

Total : 300 000 postes non remplacés. Evidemment tout cela doit se gérer localement service par service à partir d'un plan d'ensemble.

Le non remplacement de 3 fonctionnaires sur 5 partants à la retraite s'accompagnerait-il d'une diminution des services publics ? A quoi ressemblerait les services publics en France si cette mesure était mise en place ?

Le service au public ne devrait pas être touché par ces non remplacements. Au contraire, il devrait s’améliorer par un recours généralisé au guichet unique et à la suppression des doublons. Des initiatives sont en cours.

Meilleure organisation, fonctionnaires motivés, salaires revalorisés, tout ce qui fait le dynamisme d’une organisation efficace et productive. Public satisfait, remontée de remarques positives, motivation. Bref, un cercle vertueux.

Vous rappelez que l'emploi public selon une étude de l'OCDE représente 20,4% de l'emploi total en France contre 15,5% dans la moyenne des pays de l'OCDE. Quel serait l'impact économique sur le budget de la France de ne pas remplacer 3 fonctionnaires sur 5 ?

300 000 fonctionnaires non remplacés, soit 60 000 par an de 2015 a 2020 sur toutes les administrations publiques, c’est 1,5 milliard d’euros d’économies par an. Donc 8 milliards d’euros d'économies en 2020. On peut même pousser la projection plus loin : 300 000 suppressions d'emplois entre 2015 et 2020, c'est 450 milliards d’euros de dette évitée sur 60 ans puisque le coût moyen d'un fonctionnaire pour l'ensemble de sa carrière, retraite comprise, est estimé à 1,5 million d’euros.

La masse salariale de la fonction publique pèse lourd dans les déficits près de 250 milliards d’euros, soit 20% des dépenses publiques. Et 20% de réduction de cette masse salariale représenterait pour l’anecdote les 50 milliards d’économies recherchés par le Gouvernement !

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