A l'insu de leur plein gré... Montebourg et Hamon se sont-ils brutalement convertis au monétarisme à l'américaine ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Arnaud Montebourg et Benoît Hamon se sont lancés dans une critique ouverte de la politique de "sérieux budgétaire".
Arnaud Montebourg et Benoît Hamon se sont lancés dans une critique ouverte de la politique de "sérieux budgétaire".
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Pas fait attention...

Arnaud Montebourg et Benoît Hamon se sont lancés mardi dans une critique ouverte de la politique de "sérieux budgétaire" martelée par François Hollande. A croire que les chantres de l'anti-libéralisme se sont convertis sans trop de soucis aux thèses monétaristes anglo-saxonnes...

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Arnaud Montebourg, rapidement suivi de Benoit Hamon, a remis en cause le bien-fondé de la politique d’austérité budgétaire aujourd’hui appliquée en Europe. Les subtilités sémantiques entre rigueur, austérité et maintenant « sérieux budgétaire » sont de la responsabilité de leurs auteurs et marquent des différences d’ampleur dans la contraction. Mais elles témoignent de la même approche économique : l’ajustement des comptes publics en réponse à la crise que nous traversons.

Il n’est pas ici question de remettre en cause les nécessaires réformes de compétitivité, mais de s’interroger sur les méthodes mises en place. Le ministre du redressement productif lance un pavé dans la marre idéologique européenne. Alors que le FMI et Christine Lagarde applaudissent des deux mains devant la relance monétaire japonaise (soit 15% du PIB en 2 ans, ce qui représenterait 300 milliards d’euro à l’échelle de la France), nos gouvernements proposent de bien faibles ajustements. (2 milliards de TVA par ici, ou un choc de simplification par la). Un ajustement budgétaire ne peut avoir de sens que s’il est accompagné d’un soutien monétaire. Cette méthode permet de réduire les  dépenses publiques tout en favorisant la croissance du privé.

Arnaud Montebourg et Benoit Hamon ne précisent malheureusement pas assez leurs intentions. Une relance Keynésienne (Benoît Hamon ?) serait tout aussi vouée à l’échec que celle mise en place par les différents gouvernements lors de la période 2008-2010. La relance budgétaire est par définition neutralisée par la politique monétaire dans le système européen : devant la hausse de la demande qui en découlait, Jan Claude Trichet relevait deux fois ses taux en 2011 pour contrer les bienfaits de la relance. Le point de départ de la hausse du chômage qui dure depuis 22 mois est concomitant de cette hausse des taux (avril 2011).

La relance monétaire devient alors la seule hypothèse crédible. Utilisée au Japon, aux Etats Unis et au Royaume Uni, une telle intervention permet de redresser rapidement le niveau d’activité, laissant la latitude indispensable au redressement des comptes publics. De l’huile dans le moteur.

Pierre Moscovici recevait Jacob Lew, secrétaire au Trésor américain ce mardi. Ce dernier tourne en Europe afin de supplier les dirigeants locaux de regarder ce qui se passe ailleurs. Le Keynésianisme a échoué partout et la persévérance européenne dans la voie de l’austérité devient un problème pour le monde entier. Reste le diagnostic monétaire.

Les modifications substantielles des mandats des banques centrales au Japon, aux Etats Unis et bientôt au Royaume Uni, bien que récentes, sont d’ores et déjà les méthodes de sortie de crise les plus efficaces mises en place depuis 2008. Arnaud Montebourg, friand du prix Nobel Paul Krugman, a pu suivre le ralliement de l’économiste Keynésien à ces thèses monétaristes. Devant l’efficacité de la politique de la Fed qui a permis aux Etats Unis d’afficher un taux de chômage de 7.6% sans austérité, il est difficile d’argumenter. Les sorciers des thèses inflationnistes restent sur leur faim et agitent les drapeaux de la conspiration ou des chiffres truqués.

Le rappel à l’ordre des ministres concernés, orchestré lors de l’intervention de François Hollande, peut être facilement contourné. L’article 11 du programme socialiste prévoit en effet la refonte du mandat de la BCE, en souhaitant y intégrer le terme de croissance. Il ne s’agit dès lors que d’un rappel au programme. De la même façon, Nicolas Sarkozy avait intégré cette même notion dans son discours de la Concorde du 15 avril 2012. Un consensus politique peut voir le jour sur cette question, aussi bien qu’elle peut être la base d’un projet alternatif européen.

En sus de son intervention dans le Wall Street Journal, pour parler de privatisation, Arnaud Montebourg déploie des arguments monétaristes notamment lors de son « La BCE est remarquablement inactive» regrettant que celle-ci ne s’occupe ni de la croissance, ni des chômeurs. La révolution est peut-être là, Arnaud Montebourg l’Américain ?

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