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32 heures, le retour : Michel Rocard et Pierre Larrouturou voient-ils que l'emploi n'est pas un gâteau qu'on se partage ?
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Sauvy, reviens, ils sont devenus fous…

Dans le Journal du Dimanche, l'ancien Premier ministre socialiste Michel Rocard a plaidé pour un "ralentissement" dans la réduction des déficits, une réduction du temps de travail et un départ à la retraite à 65 ans. Des positions que l'on retrouve dans le livre "La gauche n'a plus le droit à l'erreur" qu'il a co-écrit avec l'homme politique spécialisé dans les questions d'économie, Pierre Larrouturou.

Jean-Marc Daniel

Jean-Marc Daniel

Jean-Marc Daniel est professeur à l'ESCP-Europe, et responsable de l’enseignement de l'économie aux élèves-ingénieurs du Corps des mines. Il est également directeur de la revue Sociétal, la revue de l’Institut de l’entreprise, et auteur de plusieurs ouvrages sur l'économie, en particulier américaine.

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Dès les débuts de la révolution industrielle, l’apparition du chômage a provoqué des mouvements réclamant la baisse du temps de travail et le bris des machines pour assurer le plein emploi.

Depuis, l’idée que le travail n’est pas un bien homogène qui se partage a du mal à passer notamment à gauche. Ainsi, Michel Rocard a cru bon d’affirmer récemment que le plein emploi ne sera obtenu qu’en passant aux 32 heures. On pourrait multiplier pourtant les références allant à l’encontre de cette étrange idée.

On pourrait rappeler que Paul Lafargue, socialiste et gendre de Marx, qui fut le promoteur du « droit à la paresse », indiquait que la baisse du temps de travail doit reposer sur la volonté de faire bénéficier la population des bienfaits du progrès technique et non pas de partager l’emploi. Lafargue écrit que ce qui doit se substituer aux hommes, ce ne sont pas d’autres hommes mais des machines. La baisse du temps de travail est un bien être rendu possible par le progrès technique et ses gains de productivité et non un moyen de multiplier les emplois.

On pourrait rappeler également qu’en 1962, l’économiste Arthur Okun, conseiller de Kennedy, établissait que le moyen de réduire le chômage, c’est la croissance économique. Et il condamnait le retour récurrent de l’esprit malthusien pour lequel la croissance s’épuise. La croissance ne se décrète pas mais elle ne meurt pas dès lors qu’on laisse des entrepreneurs la relancer. Partager le travail, c’est vivre dans un monde immobile d’où l’entrepreneur a disparu. Certes, aujourd’hui, on lui fait subir bien des avanies. Mais, malgré les vicissitudes présentes, il agira.

On pourrait  rappeler encore qu’en 1978, face à ceux qui croyaient trouver dans l’inflation la source de la croissance et dans l’austérité celle de la stagnation, le socialiste allemand Helmut Schmidt lançait sa célèbre formule : « les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après demain »

Mais surtout, on se doit de rappeler l’analyse décapante d’Alfred Sauvy, économiste proche du Front populaire, qui batailla ferme pour éviter les « 40 heures ». Dans sa célèbre Histoire économique de la France entre les 2 guerres, il qualifie la loi de passage aux 40 heures de 1936 de «lourd contresens». Et pour mieux s’en convaincre, il montre que la reprise économique de 1938 a reposé  sur son assouplissement.

Décidément, il y a de « lourds contresens » qui ont la vie dure.

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