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2016, l’Union européenne face à la bombe du Brexit (que le Royaume-Uni aille au bout ou pas)
©DR

Boîte de Pandore

2016 sera une année historique pour l'Union Européenne. En juin prochain, les Britanniques devraient se prononcer par référendum sur leur souhait de rester ou pas dans l’Union Européenne qui, quel qu'en soit le résultat (à ce jour totalement imprévisible), en sortira changée pour le meilleur ou le pire. Ainsi, la sortie du Royaume-Uni ouvrirait une boîte de Pandore qui pourrait conduire au délitement de la dernière grande innovation institutionnelle dans l’histoire du monde développé.

Nicolas Bouzou

Nicolas Bouzou

Nicolas Bouzou est économiste et essayiste, fondateur du cabinet de conseil Asterès. Il a publié en septembre 2015 Le Grand Refoulement : stop à la démission démocratique, chez Plon. Il enseigne à l'Université de Paris II Assas et est le fondateur du Cercle de Bélem qui regroupe des intellectuels progressistes et libéraux européens

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La sortie du Royaume-Uni de l’Union ouvrirait une boîte de Pandore qui pourrait conduire au délitement de la dernière grande innovation institutionnelle dans l’histoire du monde développé. Déjà, il convient de comprendre pourquoi le Premier ministre David Cameron s’est lancé dans un pari aussi audacieux alors que lui-même se dit plutôt europhile. Contrairement à ce qui est dit trop rapidement en France, ce n’est pas seulement par calcul électoral. Vu leurs bonnes performances économiques du Royaume-Uni en termes de croissance et d’emploi et l’incapacité des travaillistes à proposer une alternative à la fois différenciante et crédible, les conservateurs pouvaient espérer gagner les élections générales de 2015 sans inscrire ce référendum dans leurs promesses. Si Cameron a pris ce risque, c’est parce que les Britanniques sont depuis longtemps mal à l’aise avec la construction européenne pour des raisons de fond. Pour schématiser, les Britanniques (surtout les sympathisants conservateurs) considèrent que l’Union européenne n’est pas assez libérale économiquement (ils évoquent la bureaucratie bruxelloise) et trop libérale concernant l’immigration (ils veulent pouvoir restreindre les flux d’immigrés, y compris provenant de pays de l’Union). 

Sur le premier point, les Britanniques n’ont pas tort et la Commission Juncker leur donne implicitement raison en voulant replacer le principe de subsidiarité au cœur de sa politique. C’est bien la preuve que cela n’avait plus été suffisamment le cas ces dernières années. Sur le second point, les Britanniques ont tort dans la mesure où la liberté des personnes doit s’inscrire en cohérence avec la liberté des échanges dont ils demandent l’intensification et qu’ils ont d’ailleurs toujours accompagnée depuis leur adhésion. En outre, sur ce sujet de l’immigration, l’Union aura du mal à donner satisfaction aux Britanniques car on touche là au cœur du modèle Européen.

Le Gouvernement britannique sait bien que la sortie du Royaume de l’Union européenne aura un coût économique important à court terme, ne serait-ce que pour des questions juridiques : de très nombreux traités et contrats devront être renégociés. Il sait bien aussi que cela redonnera de la voix aux indépendantistes écossais qui, eux, ne veulent pas sortir de l’Union et utiliseront cet argument pour remobiliser les Ecossais autour de l’idée d’une sécession. Mais à écouter les parlementaires conservateurs, on sent bien que leur vison s’inscrit de plus en plus dans le long terme. Leur idée est que payer le coût de la sortie de l’UE peut être absorbé par une économie dynamique et constitue un investissement qui sera relativisé à terme par les avantages de l’indépendance. Honnêtement, cette audace relève de la profession de foi plus que de l’analyse étayée. 

En réalité, la réflexion rationnelle montre que le Royaume-Uni a plutôt intérêt à essayer de faire changer l’Union Européenne de l’intérieur et que l’Union européenne a plutôt intérêt à garder le Royaume-Uni en son sein quitte à satisfaire pleinement les revendications les plus justifiées. Finalement, comme le pressent correctement Juncker, la menace du Brexit  doit pousser la Commission à mettre en pratique de façon radicale le principe de subsidiarité qui est aussi une sorte de fédéralisme : beaucoup d’Europe mais seulement là où l’on en a besoin. Cette radicalité est le prix à payer pour ne pas avoir à satisfaire les inacceptables revendications britanniques dans le domaine des migrations infraeuropéennes et surtout, pour ne pas voir le Royaume-Uni quitter l’Union, ce qui ferait de 2016 une triste date pour notre continent.

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