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1983, la grande peur des Soviétiques : quand la déclassification d’un rapport américain révèle à quel point nous sommes passés près d’une guerre atomique
©DR

A deux doigts...

Un rapport américain déclassifié montre que la tension n'a jamais été aussi élevée entre les deux ennemis qu'en ce mois de novembre 1983.

La guerre froide a connu, dans sa longue histoire, des épisodes de calme et d'autres particulièrement tendus. Elle a aussi connu des épisodes secrets dont un qui aurait pu se terminer en troisième guerre mondiale. Certes, il y a eu les missiles de Cuba, où le monde entier a retenu son souffle. Mais il y a eu aussi le mois de novembre 1983, où les interprétations tout azimuts des Américains et Soviétiques ont manqué de provoquer un conflit nucléaire.

En ce début des années 1980, la sphère d'influence soviétique s'épuise, entre les rebellions à l'Est (Pologne, République tchèque) et une économie en souffrance. Les Etats-Unis ont aussi été affecté par la défaite au Vietnam et le choc pétrolier. En 1981, ils élisent un président ambitieux : Ronald Reagan qui relance la politique de soutien aux mouvements anticommunistes. Hollywood sert la propagande américaine dans le contexte de l'invasion soviétique en Afghanistan. La rivalité grimpe de nouveau en flèche. Tous les ingrédients sont réunis pour ''la guerre fraîche.''


L'élection de Ronald Reagan a participé aux tensions

Le climax sera ainsi atteint en novembre 1983 en raison d'un exercice militaire de l'OTAN, en Europe de l'Est. Quelques années plus tôt, l'URSS avait installé des missiles SS20 capables de toucher les voisins européens. Une menace prise au sérieux qui a incité les alliés à gonfler le torse, notamment avec cet exercice ''Able Archer 83'' qui va créer une panique surréaliste en URSS. Il faut dire que ces manœuvres rivalisent de réalisme et concentrent leur entraînement sur l’utilisation potentielle des frappes nucléaires. 

Cette période particulière a valu un rapport américain classé défense en 1990 et rendu public le 14 octobre dernier qui a finalement donné la réponse à une question sensible : cette fameuse ''war scare'' (''guerre de la peur'') était réelle ou un simple bluff de Moscou ? "En 1983, nous avons peut-être par inadvertance placé nos relations avec l'Union soviétique en état d'alerte'' affirme ainsi le rapport.

Dans un contexte de tensions extrêmes, alimentées par divers incidents diplomatiques, les Soviétiques ont effectivement été persuadés que les Etats-Unis préparaient, à travers un exercice factice, une frappe nucléaire. Immédiatement, l'URSS a mis en alerte les forces aériennes présentes en Allemagne de l'Est et en Pologne, accentue les reconnaissances militaires et ordonna aux agents du KGB, présents dans le monde entier, de guetter tout signe d'attaque imminente. ''Des indices prouvent que la menace était réelle, du moins dans l'esprit des Soviétiques'' affirme le rapport. 


Comment expliquer cet alarmisme, alors que l'OTAN réalisait des exercices similaires chaque année ? ''Able Archer 83 avait inclus plusieurs nouveautés provocatrices qui ont pu être perçues par les Soviétiques comme la préparation d'une frappe'' souligne le rapport. Parmi elles, un important transfert d'hommes vers l'Europe, fait en ''silence radio,'' le transfert des commandements depuis le quartier général permanent  au quartier général alternatif ou encore des ''lapsus'' qui laissaient entendre une attaque de bombardiers. S'ajoutait à cela, l'utilisation d'un ordinateur du KGB, chargé de percevoir les différences de puissance entre les Etats-Unis et l'URSS, à travers des milliers de données économiques ou sécuritaires. Sur cette échelle, les USA avaient ainsi la valeur 100, à laquelle on comparait celle de l'URSS. En temps normal, cette dernière était au moins à 60% de celle de son ennemie, au mieux à 70%. En novembre 1983, elle chute  à 45%. L'état d'alerte n'échappe évidemment pas aux Etats-Unis, qui croient à un nouveau coup de bluff et poursuivent leur exercice risqué sans réaliser qu'une guerre peut éclater au moindre faux pas.

Finalement, ça ne sera pas le cas puisque aucun missile ne sera envoyé. Mais il faudra attendre 6 ans avant que le rapport secret ne décrypte la véritable situation diplomatique qui a perduré pendant quelques jours entre les deux blocs. L'espace d'un instant, une Troisième Guerre Mondiale aurait pu dévaster l'Europe, simplement déclenché par la paranoïa des protagonistes. Un scénario proche de celui du fameux docteur Folamour, le film de Stanley Kubrick, lorsqu'un général américain mal informé lançait une offensive sur l'URSS et déclnchait un holocaust bucléaire par erreur. Le film se terminait sur une catastrophe. Heureusement, ce n'était que du cinéma. 

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