14 juillet : quel discours pour "moi président" ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Que va-t-il dire et nous raconter le « Moi-président ». Va-t-il seulement parler de nous ? Ou va-t-il se borner à répéter le discours des armes, des oriflammes et du tricolore ?
Que va-t-il dire et nous raconter le « Moi-président ». Va-t-il seulement parler de nous ? Ou va-t-il se borner à répéter le discours des armes, des oriflammes et du tricolore ?
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Mes chers compatriotes

Renouant avec une tradition abandonnée sous le mandat Sarkozy, François Hollande sera sur nos écrans le 14 juillet. Pour un discours un peu particulier...

Pascal Ordonneau

Pascal Ordonneau

Pascal Ordonneau est l'ancien patron du marketing chez Citibank, ancien Directeur général des groupes Crédit Lyonnais et HSBC.

Il a notamment publié La désillusion, abécédaire décalé et critique de la banque et de la finance, paru aux éditions Jacques Flament en 2011.  Il publie également "Au pays de l'eau et des dieux"

Il tient également un blog évoquant les questions économiques et financières.

 

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Le « lui-président du passé » avait décidé de ne plus discourir après le défilé des troupes. Posture ou imposture ? Pensait-il que les armes ayant paradé, « il ne valait que de se taire » ? La guerre, c’est la politique par d’autres moyens, s’exclamait un prussien ! À quoi bon continuer par de la politique et par des discours quand on a gonflé ses pectoraux et montré ses biceps. Donc, superflu le discours, superflue la parole, d’autant plus, disait le « lui-président du passé », qu’ « il faut avoir la parole rare parce qu’elle use ».  

« Moi-président » est-il inoxydable et inusable ? « Moi-Président » aurait décidé de rompre la glace et de parler avec tous ceux qui l’entourent.  Pourra-t-il parler sans cesse sans user les mots? A-t-il trouvé le secret du mouvement verbal perpétuel ? Le secret du discours qui se répand à jets continus, qui ne tarit pas et qui, comme le robinet d’eau tiède, coule sans cesse, sans brûler, sans refroidir et sans laisser de trace ?

« Moi-président » l’avait promis : «  Je ne ferai pas d'émission en direct de l'Élysée si les Français me donnent le mandat d'être leur président (…). Je considère que les journaux existent ». L’émission sera en direct, depuis la rue, où il se laissera interroger, assis sur un pliant de plage. Les journaux auront le droit de parler du discours et Depardon refera des photos floutés.  

Que va-t-il dire et nous raconter le « Moi-président ». Va-t-il seulement parler de nous ? Ou va-t-il se borner à répéter le discours des armes, des oriflammes et du tricolore ? Va-t-il encore vibrer, comme ils vibrent tous, aux flons-flons et aux sergents major qui balancent des bouts de bois en l’air ? Va-t-il nous parler des guerres de la France où nos soldats meurent massacrés par des orpailleurs qui ont le veau d’or pour religion et celles où ils sont dessoudés par des trafiquants de drogues qui prétendent avoir de la religion ?

 « Moi-président » (nous en avons le brouillon, nous en savons les thèmes, nous vous proposons d’en desceller la rhétorique) parlera de guerre justement, et de juste guerre, sûrement. Non ! (c’est vu avec ses conseillers) il ne prendra ni ton churchillien, ni ton gaullien. Les panzers ne sont pas encore sortis de leurs casernes, même si Angela campe solidement retranchée sur le front de l’austérité. Il nous dira que la dureté des temps n’atteint pas les nations qui ont de puissantes racines, comme la France. « Les grands défis martèlera « Moi-Président » sont à la mesure des grands peuples ».  A défaut d’emplois en CDI ou en CDD ou encore en stages non-rémunérés, il en appellera à « un supplément d’âme ».  « Tout n’est pas que dans le pognon et les bonus ! Quand même ! » s’exclamera « Moi-Président » de son air sans cesse étonné.

« Moi-président » ne laissera pas les vrais conflits sur le côté. Il nous parlera des bagnoles allemandes qui traversent sans vergogne nos frontières et font dangereusement pencher la barque de notre commerce extérieur. Il brandira le drapeau de la victoire et sa hampe bien droite, et sa pointe dorée, nous appelant à souquer ferme pour que le bateau ne verse pas.

Donc, après le défilé militaire, « Moi-président » parlera au peuple de France pour déclarer la guerre au pessimisme. Il dira aux riches, paternellement, que, depuis les Grecs (anciens), la Fortune comme le Bonheur sont des biens publics et qu’il convient de les rendre au peuple. Les chaînes d’or et d’argent, expliquera-t-il, entravent la bonne marche des patrimoines et les gênent dans un mouvement puissant et irrésistible vers la croissance.

« Moi-Président » s’adressera aux pauvres et leur dira que les sébiles remplies par les riches sont destinées à payer les dettes et non pas à leur payer du bon temps. « Moi-président » sait bien qu’ils s’en réjouiront car « qui paye ses dettes s’enrichit ». Il leur fera alors son bon sourire affectueux.

« Moi-Président » insistera sur notre responsabilité de peuple à l’égard des peuples, surtout des pauvres peuples. Il dira que la France ne peut continuer à laisser venir les hommes et les femmes des autres pays. « Les pays pauvres n’ont de richesses que d’hommes » s’indignera-t-il ! « Moi-Président » restituera leurs richesses aux pays d’origine. Par air, par mer ou à pied.

« Moi-Président » invoquera l’Europe. Il nous dira que personne n’est venu reprocher à  l’horizon, cette fameuse ligne imaginaire, de reculer à chaque fois qu’on avance, comme l’âge de la retraite ou la réalisation des promesses des candidats aux élections. Il nous dira qu’il n’y a donc pas de raison de se déprendre de l’Europe. Que notre avenir, demain, est dans l’Europe de demain.

Le discours de « Moi-Président » sera vrai tout et autant que «  La vérité d’un homme est dans ce qu’il cache ».

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