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"Une jeunesse perdue": brillante analyse d'un état des lieux qui l'est moins
©Reuters

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Si "l'ère du renoncement" pose des problèmes au héros du dernier roman de Jean-Marie Rouart, elle fait le plaisir du lecteur tant est profonde et authentique la description de l'univers d'un homme confronté à de nouvelles limites.

Marie De Benoist pour Culture Tops

Marie De Benoist est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

 

 

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LIVRE
Une jeunesse perdue
de Jean-Marie Rouart
Ed. Gallimard  
166 p.
L'AUTEUR
Né en 1943 dans une famille de peintres, l' académicien Jean-Marie Rouart est l’auteur de nombreux romans, souvent récompensés par des prix littéraires, comme Les feuxdu pouvoir, Interallié 1977, Avant-guerre, Renaudot 1983 ou Une jeunesse à l’ombre de lalumière (2000) et La guerre amoureuse (2011).
Il a écrit aussi des biographies : Morny, unvoluptueux au pouvoir (1995), Bernis, le cardinal des plaisirs (1998),Napoléon ou la destinée (2012), ainsi que des essais remarqués : Ils ont choisi la nuit (1985), Omar, la constructiond’un coupable (2001). 
Il a publié en 2015 un magnifique ouvrage consacré à ses livres préférés, Ces amis qui enchantent la vie et la collection Bouquins réédite Les romans del’amour et du pouvoir (au nombre de cinq, 2017).
THEME 
Le narrateur ne supporte pas le travail implacable du temps sur son corps, qui lui interdit toute audace auprès de jeunes femmes pourtant si désirables ! Sa lucidité l’enferme dans « l’ère du renoncement » …
Cependant, il ne résiste pas au regard mauve de Valentina, d’origine russe, d’une beauté fière et conquérante du haut de ses vingt-cinq ans. Il connaît, à travers cette relation impossible à cause de leur différence d’âge, une passion incandescente ; « femme-tempête », elle lui offre des moments aussi intenses qu’insensés, il n’a jamais vécu un tel tumulte des sens, une fièvre proche des transes …
Mais à quel prix ! Cette amazone, à l’allure d’un grand fauve, va l’entraîner dans une spirale de malheurs, en bousculant tout sur son passage. Torturé par les affres de la jalousie, il se laisse emporter sciemment dans cette « étourdissante course folle », qui le mènera à l’avilissement, à l’abîme de la dépossession de tout, mais surtout de soi !
POINTS FORTS 
• Le thème des ravages du temps domine ce court roman : le narrateur, qui ressemble tant à notre académicien septuagénaire, ne se résigne pas à son sort. Il projette sur Valentina son ardent désir de vivre, quitte à souffrir !
• La fatalité de la passion et les tourments de la jalousie l’entraînent dans un calvaire pathétique, à travers l’ivresse des émois, le démon de la culpabilité et l’obsession de l’abandon.
• Le personnage de Valentina incarne tous les défauts de la femme dangereuse et infidèle : exubérante, impudique, fantasque, insoumise, ombrageuse, elle manipule l’homme qu’elle a séduit.
• Le roman est pimenté par les descriptions de lieux très parisiens, de dîners mondains, ou de son appartement, résumé de sa vie, et aussi par les portraits savoureux des personnages secondaires : sa femme, sous-préfète passionnée de jardinage, une âme haute, qui lui réservera de bien mauvaises surprises, l’ami de longue date, en fait, un « Iago », la bonne, une grosse berrichonne, qui tente de le mettre en garde ou le détective … 
Quelques lignes suffisent à Jean-Marie Rouart pour croquer avec une ironie incisive des fâcheux, des prétentieux ou les fameux godelureaux qui aiguisent sa jalousie.
POINTS FAIBLES 
Je n’en vois pas.
EN DEUX MOTS 
 On reconnaît dans ce roman le véritable talent de Jean-Marie Rouart : il parvient à renouveler le thème éculé de l’homme vieillissant, qui ne résiste pas aux caprices d’une jeune femme, dont la beauté et la jeunesse excusent tout, par le rythme soutenu de cette histoire et par une certaine dérision à l’égard de ses propres obsessions.
UN EXTRAIT 
« Au lit, il y a les femmes fleuves, alanguies et somnolentes ; il y a les femmes fleurs, odorantes, fragiles et fades ; les femmes pieuvres, souples, silencieuses et avides, qui s’enroulent sur un corps comme autour d’une proie. Et puis, il y a les femmes tempêtes, violentes, bruyantes, acharnées au plaisir. Valentina était une femme tempête. » p.70-71
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