"Un garçon comme vous et moi" d'Ivan Jablonka : Nous les garçons des années 1970-80...<!-- --> | Atlantico.fr
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Un garçon comme vous et moi d'Ivan Jablonka
Un garçon comme vous et moi d'Ivan Jablonka
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Atlanti Culture

Ivan Jablonka a publié "Un garçon comme vous et moi" aux éditions du Seuil.

Claire Français

Claire Français

Claire Français est chroniqueuse pour Culture-Tops. ​Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).  Culture-Tops a été créé en novembre 2013 par Jacques Paugam , journaliste et écrivain, et son fils, Gabriel Lecarpentier-Paugam

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"Un garçon comme vous et moi" d'Ivan Jablonka

Seuil, La librairie du XXIème siècle, 7 janvier 2021 - 320 pages - 20€

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Thème

Ivan Jablonka construit une autobiographie à la frontière d'un récit d'historien et d'écrivain, depuis sa naissance jusqu'à l'âge adulte, balayant tous les repères depuis les années soixante-dix jusqu'aux années quatre-vingt-dix. Il s'interroge sur le modèle masculin dominant de cette époque, lui qui se sent à tous points de vue d'une sensibilité différente et porteur d'une histoire familiale douloureuse.

Points forts

Une construction narrative originale qui, sous couvert d'anecdotes personnelles, aborde la complexité des différentes expressions de la masculinité.

Humour, enthousiasme, émotions donnent lieu à des passages où chacun peut retrouver des bribes de l'enfance, de l'adolescence et du début de vie adulte de toute une génération.

Une mise à nu des interrogations d'un être en devenir qui assume son émotivité et s'interroge sur l'éducation des mâles élevés dans l'esprit de compétition.

Points faibles

Les témoignages des proches, famille et condisciples, me semblent affaiblir le propos  et le rendre  un tant soit peu narcissique.

En deux mots ...

Le tour de force de ce récit/essai réside dans le fait de masquer derrière l'intimité révélée la responsabilité héritée d'une filiation brisée par la Shoah.  Quel que soit le ton employé au fil du récit, apparaît en filigrane l'importance des origines. Dans son interrogation sur la façon dont il a intégré le masculin, Ivan Jablonka nous rappelle que, garçon ou fille, notre parcours se construit sur  des héritages générationnels ainsi que sur une somme d'expériences que nous intériorisons et questionnons sans cesse.

Un extrait

“ Autour de mon berceau se sont bousculés non pas des fées, mais des survivants, enfants cachés, orphelins, veuves à gros accent yiddish. La peau tanné et ridée de ces vieilles femmes était le sillon où j'allais pousser. La reprise de la vie, ma germination criarde, leur faisait certainement plaisir, mais elle rendait plus obsédant encore le silence des leurs. Car les morts eux-mêmes étaient présents ce jour-là...

Au cours de leur enfance et de leur adolescence, en grandissant, les garçons absorbent plus ou moins le masculin,comme l'eau au cœur de la roche se charge de certaines particules qui vont lui conférer sa salinité ou son effervescence particulières...

Il est frappant de voir à quel point un amour de CE2 peut orienter imperceptiblement une vie -le prénom d'un conjoint, la coiffure d'une enfant. Elle et moi, chacun à sa manière, sommes fiers de nos accomplissements familiaux et professionnels. Nous sommes heureux dans la vie que nous avons choisie.”

L'auteur

Ivan Jablonka, né en 1973, est enseignant d'histoire contemporaine; ses travaux universitaires à la jonction de la sociologie s'intéressent aux enfants abandonnés dans différents contextes.

Toutes ses publications sont éditées au Seuil. Sous un pseudonyme, il publie en 2005 son premier roman Âme sœur dont le thème rejoint ses préoccupations d'historien. En 2012, Histoire des grands-parents que je n'ai pas eus, biographie familiale, est un récit qui interroge l'Histoire du XXème siècle dans ce qu'elle a de plus tragique. En 2016, son ouvrage Laëtitia ou la fin des hommes, inspiré par un fait divers, reçoit plusieurs prix dont le Médicis. En 2018, il a publié En camping-car et en 2019  Des hommes justes.

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