“Rejoignez Nadine plutôt que Marine” : Morano, quel potentiel de nuisance réel (et pour qui) ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Nadine Morano a réitéré jeudi ses propos sur la "France, pays de race blanche".
Nadine Morano a réitéré jeudi ses propos sur la "France, pays de race blanche".
©Reuters

Blah blah blah

Lors d'un meeting organisé à Bézier le jeudi 29 octobre Nadine Morano a réitéré ses propos sur la "France, pays de race blanche" et a adopté un discours très à droite sur la question des migrants. Candidate aux primaires des Républicains elle entend peser sur le débat et pourrait nuire aux autres candidatures.

Bruno Jeudy

Bruno Jeudy

Bruno Jeudy est rédacteur en chef Politique et Économie chez Paris Match. Spécialiste de la droite, il est notamment le co-auteur du livre Le Coup monté, avec Carole Barjon.

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Atlantico : Le jeudi 29 octobre, Nadine Morano tenait un meeting à Béziers. En déclarant notamment "je comprends ceux d'entre vous qui en ont marre de la gauche et de la droite : il y a une autre voie, c'est moi", l'ancienne ministre se veut être la candidate de la rupture. Quel est le potentiel de "nuisance" de Nadine Morano vis à vis des favoris de la primaire des républicains ?

Bruno Jeudy : Depuis son éviction en tant que tête de liste de la Meurthe-et-Moselle aux régionales le mois dernier elle poursuit sur sa lancée qui par moment est un peu délirante. Elle a ouvert une candidature de "niche" qui se situe entre le Front national et l'aile droite de Nicolas Sarkozy. De cette façon, elle essaie de se frayer un chemin pour une candidature qu'elle juge possible à la primaire. Quant à son pouvoir de nuisance, il existe certes mais il ne faut pas le surestimer. Tout dépend des personnes qu'elle va viser. Sur Alain Juppé, François Fillion et Bruno Le Maire elle aura peu de pouvoir de nuisance puisqu'elle n'occupe pas le même créneau. Sa candidature de niche va surtout affecter ceux qui sont le plus à droite aux primaires et c'est Nicolas Sarkozy qui risque d'être le plus affecté. Il ne faut pas oublier qu'elle était quasiment son bouclier et une chenille ouvrière de l'association des amis de Nicolas Sarkozy. Les potentiels électeurs les plus à droite pourraient considérer que l'ancien président s'est un peu trop recentré.

De la même façon, en indiquant une nouvelle fois que "s'il n'y a pas de race, il faut donc supprimer les subventions aux associations anitiracistes", ou encore "je veux durcir la loi sur le voile intégral" Nadine Morano enfonce le clou. A-t-elle également la capacité de capter une partie de l'électorat du FN ?

Selon les études des instituts de sondage une partie de l'électorat très à droite qui a voté Marine Le Pen au premier tour de 2012 serait également tentée de participer à la primaire. Cela reste à des niveaux relativement faibles. C'est sans doute cet électorat là que Nadine Morano vise avec sa candidature. Elle peut également capter une partie de l'électorat de Nicolas Sarkozy de 2012 déçu par le recentrage. Ce public serait potentiellement attiré par sa candidature mais aussi par d'autres candidatures comme celle de Jean Frédéric Poisson ou Hervé Mariton. Quoiqu'il arrive elle ne fera pas fuir des électeurs, au contraire : Nadine Morano peut élargir la base électorale à la primaire. La véritable question concernant sa candidature est de savoir si elle arrivera à aller jusqu'au bout.

Dans l'optique des primaires des Républicains, quelles sont les limites objectives de la candidature de Nadine Morano ?

La première limite à sa candidature, ce sont les règles de la primaire qui risquent d'être rédhibitoires. Elle devra réunir la signature de 20 parlementaires, mais d'autres candidats sont aussi sur le même créneau qu'elle. La seconde limite pourrait venir de l'essoufflement médiatique. La polémique qui a suivi son passage à l'émission "On n'est pas couché" a été d'une ampleur absolument démesurée. Elle a été suivie par la polémique autour du bureau politique et la précipitation avec laquelle Nicolas Sarkozy s'est occupé du cas Morano. Il y aura un essoufflement médiatique même s'il ne faut pas sous-estimer le fait qu'elle dispose d'une personnalité tranchante. Elle est assez crue, s'exprime avec ses propres mots mais en même temps dit ce que beaucoup de gens pensent à droite, les enquêtes d'opinion le montrent. Et puis, c'est une bonne cliente des médias. Avec tout cela elle peut trouver une place dans le système médiatique à travers le buzz qu'elle fait à chacune de ses interventions. En revanche pour durer il faudra qu'elle s'exprime un peu plus sur le fond, il ne suffit pas de répéter sa phrase sur la "France pays de race blanche".

Ses attaques répétitives contre Nicolas Sarkozy auront elles un impact sur un éventuel ralliement au second tour ?

Non, je ne pense pas qu'elles auront beaucoup d'impact. L'affaire Morano qui a débuté le mois dernier a contribué à dégrader l'image de la droite qui patine à un mois du premier tour des élections régionales. Mais dans la dernière ligne droite des primaires elle ne sera qu'une figurante de cette compétition. C'est une primaire inédite à droite qui s'inscrit dans un contexte politique incroyable né de l'échec de François Hollande. Le vainqueur de celle-ci sera sûrement le favori de la prochaine élection présidentielle voire le futur président de la république.

Dans la dernière ligne droite de cette élection interne le choc médiatique sera tel que les deux favoris qui sont pour l'instant Nicolas Sarkozy et Alain Juppé seront les principaux centres d'intérêt des électeurs et les autres figurants s'effaceront. On verra alors l'affrontement des deux grands courants à droite : les chrétiens modérés d'une part et les gaullistes bonapartistes d'autre part. Il y a tout de même un troisième et un quatrième homme dans des élections qui peuvent faire pencher la balance comme ce fut le cas avec Arnaud Montebourg ou Manuel Valls dans les primaires socialistes. En revanche personne ne se souvient du score de Jean-Michel Baylet qui n'a eu aucune influence sur le vote final. Au premier tour tous les différents courants politiques essaieront d'avoir leur influence. C'est le cas par exemple de Jean Frédéric Poisson qui est le digne héritier de Christine Boutin. Les centristes et les gaullistes vont présenter une candidature et essayer de peser sur le scrutin. François Fillon quant à lui incarnerait le courant le plus libéral de la droite. Les autres candidatures comme celle de Nadine Morano seront plus individuelles et ne pèseront pas sur le scrutin.

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