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"Pelleas et Mélisande": une histoire d'amour envoûtante
©Bouffesdunord.com

Atlanti-culture

On connaît surtout l'opéra qu'en a tiré Debussy, mais la pièce est déjà en elle-même un chef d'oeuvre du théâtre symboliste, pourtant rarement représenté.

Dominique Poncet pour Culture-Tops

Dominique Poncet pour Culture-Tops

Dominique Poncet est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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THEATRE
« PELLEAS ET MELISANDE » 

DE MAURICE MAETERLINCK
MISE EN SCENE:  ALAINS BATIS  

INFORMATIONS
THEATRE DE L’ÉPÉE DE BOIS
CARTOUCHERIE
Route du Champ-de-Manœuvre
75012-Paris
Réservations: 0148083974
Jusqu’au 5 février

L'auteur

Né à Gand, en Belgique, le 29 août 1862, et mort à Nice, le 6 mai 1949, Maurice Maeterlinck grandit dans une famille flamande, catholique, bourgeoise et francophone. Il fait des études de droit, devient avocat, mais abandonne très vite ce métier, au profit de la littérature. 

Lié aux jeunes poètes belges, il rencontre à Paris notamment Villiers de l’Isle-Adam et se tourne vers le symbolisme. La notoriété lui "tombe dessus" en 1889, lors de la parution de « La Princesse Maleine ». Octave Mirbeau le compare à Shakespeare. Sa carrière d’écrivain est lancée. Maurice Maeterlinck ne cessera plus d’écrire, d’abord  beaucoup de drames, dont, en 1891, « Les Aveugles »  et en 1896, « Aglavaine et Sélysette », puis essentiellement des essais philosophiques et scientifiques, comme, en 1901, «  La Vie des abeilles ».

Il se verra décerner le prix Nobel de littérature en 1911.

Publié en 1892 et créé en 1893 au théâtre des Bouffes Parisiens à Paris, « Pelléas et Mélisande » est l’une des plus envoûtantes histoires d’amour jamais écrites. En 1902, Debussy s’en emparera pour en tirer un opéra.

Thème

C’est une histoire qui commence comme un conte de fées et va se terminer sur un drame…

Il était une fois, dans une époque lointaine, un prince du nom de Golaud qui s’était perdu dans une des forêts de son royaume. Au bord d’une fontaine, il y rencontra une jeune fille en pleurs, qui s’était égarée elle aussi. Elle s’appelait Mélisande. 

Ce fut comme si la foudre tombait sur le jeune homme. Il ramena Mélisande dans son château, et l’épousa. Mais Golaud avait un demi-frère, Pelléas, qui lui aussi s’éprit de la jeune  fille, et, cette fois là, il y eut amour réciproque. Pourtant, les deux amoureux ne se dirent rien et, pendant longtemps, ne s’approchèrent même pas, jusqu’au jour où ils s’avouèrent leurs sentiments.

Hélas, Golaud surprit leur conversation. Fou de jalousie, il tua Pelléas et blessa Mélisande, qui, bien qu’ayant accouché d’une petite fille, mourut de chagrin.

Points forts

- La pièce en elle même. Enigmatique comme un rêve, d’une étrangeté à la fois inquiétante et mélancolique c’est un chef d’œuvre du théâtre symboliste. Même si elle est une transposition du mythe de Tristan et Yseult, tous ses personnages évoquent des héros shakespeariens. Mélisande est un peu Ophélie; Pelléas, Hamlet; et Golaud, Othello. Quant à la langue, elle est d’une beauté exceptionnelle. 

- La mise en scène. Grâce à une scénographie très sobre, très dépouillée et qui, par un jeu de voiles et de lumières, joue sur la transparence, elle magnifie le texte, le porte à son incandescence poétique et féérique.

- La distribution. Pour jouer cette pièce moyenâgeuse écrite dans une langue à la fois si musicale, si riche, suggestive à en paraître surannée, il faut des comédiens qui se laissent porter par son courant et par son rythme avec simplicité, et sans emphase. C’est le cas de  ceux de cette distribution. Ils sont  d’une justesse impressionnante, et  osent jouer « baroque », faisant entendre tous les E normalement muets, faisant toutes les liaisons.

- La musique. Signé du compositeur Cyriaque Bellot, interprétée par une pianiste et une violoniste qui sont aussi chanteuses, elle accompagne le texte, en souligne les mystères et la musicalité.

- Les lumières. Elles accentuent le côté fantasmagorique de la représentation.

Points faibles

Le parti-pris de la mise en scène qui, ne laissant aucune place au réalisme, risque de laisser certains spectateurs sur le bord de la route…

En deux mots

Parce qu’il est très difficile à représenter et qu’il tombe facilement dans le « pompiérisme », le théâtre symboliste a depuis longtemps déserté les scènes. Quand on assiste à ce « Pelléas et Mélisande », joué sans aucune concession, c’est à dire travaillé en s’appuyant sur sa charge poétique, qui est ici d’une profondeur et d’un chatoiement infinis, on se dit que c’est dommage. 

A condition d’accepter de se laisser emporter, ce voyage dans cet univers de songes et de féérie, procure un plaisir fou, un dépaysement total. Pendant deux heures, on est ailleurs, dans ce qu’il faut bien appeler le mystère de la poésie…

Un extrait

 « Nous serons des guetteurs, soufflant cet immense poème pour en laisser advenir l’inarticulé, l’impalpable, le mystère ». Alain Batis, metteur en scène.

RECOMMANDATION : EXCELLENT

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