"Matinées au café Rostand" : profondeur et tiraillements : quand un Nobelisable s'interroge sur son pays et sur son rôle d'écrivain <!-- --> | Atlantico.fr
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"Matinées au café Rostand" : profondeur et tiraillements : quand un Nobelisable s'interroge sur son pays et sur son rôle d'écrivain
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Paul Beuzebosc pour Culture-Tops

Paul Beuzebosc pour Culture-Tops

Paul Beuzebosc est chroniqueur pour Culture-Tops. Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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LIVRE
Matinées au café Rostand
Orient - Europe express 
D’Ismaïl Kadaré
Editions Fayard LU 
L'AUTEUR
Ismaïl Kadaré, né en 1936 dans le sud de l’Albanie, a commencé très tôt une carrière complète d’écrivain : poésie, essais, romans, théâtre. Journaliste, parlementaire forcé, écrivain sauvé par sa notoriété pour avoir « attenté à la ligne du parti », il partage désormais sa vie entre la France où il s’est réfugié en 1990 et l’Albanie dont il est un chantre illustre. 
« Nominé » pour le prix Nobel à plusieurs reprises sans l’obtenir, il a reçu de nombreux prix littéraires pour une œuvre authentique, abondante et puissante. Parmi ses titres, Le général de l’armée morte, Avril brisé, Trois chants funèbres pour le Kosovo.
THEME
Comment peut-on encore être albanais ? C’est le centre de gravité de l’œuvre de Kadaré. 
A Paris, sous le patronage d’Edmond Rostand près du jardin du Luxembourg, comme au pays natal, c’est dans l’odeur des cafés, lieux animés et propices à la solitude et à l’inspiration, qu’assis à sa place préférée, Kadaré songe le mieux. 
Ses allers et retours entre pensées et mémoire, entre territoires et histoire, tissent une toile colorée, aux motifs graves et légers, pour rendre justice à son pays mal aimé, cette part d’Orient greffée à l’Europe, ce « pays des aigles » ancestral, violent, condamné au malheur, qui a l’art de ne rien faire comme les autres.  
POINTS FORTS
Kadaré voit la vie où elle est: derrière la cruauté de la dictature, de la censure, de l’idéologie, des disparitions brutales, des trahisons des hommes et de l’histoire, des manœuvres sordides pour survivre. Les intellectuels, la jeunesse, les citoyens ordinaires déjouent l’absurdité en respirant à l’air libre. Commencée paisiblement à Paris, cette échappée se disperse ensuite dans une chronique multiple de souvenirs bigarrés où, entre autres, Macbeth se confronte avec le politburo en version albanaise.
POINTS FAIBLES
Il y a de l’inégal et du décousu dans ces récits épars. Pour sa langue, pour ses fulgurances modestes, pour un art de conter et de surprendre qui n’appartient qu’à lui, on accorde à cet auteur inclassable le plaisir d’un dépaysement garanti. Surtout si l’on croit que la littérature est fille de la Liberté, qu’elle a le devoir de tout dire sans avoir le pouvoir de tout faire.
EN DEUX MOTS 
Des matinées « de pleins jours », qui ont l’odeur de la nonchalance et la consistance de l’expérience : comment rester écrivain, tiraillé entre Dieu et le Diable, entre le sort et le destin, entre ses racines et ses rêves ?
UN EXTRAIT
Ou plutôt deux:
- "L’Albanie n’avait le choix qu’entre le communisme et la mort."
- " En vertu de la dilatation inhérente à l’art, la durée de la scène a quasiment doublé".
RECOMMANDATION : EXCELLENT

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