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"Les Revenants": aussi glaçant qu'indispensable
©Allociné

Atlanti-culture

A partir des exemples de jeunes gens partis en Syrie et de retour en France, le dernier ouvrage de David Thomson raconte le jihad tel qu'il est, dans toute sa complexité. Ca fait froid dans le dos.

Jean-Pierre Tirouflet pour Culture-Tops

Jean-Pierre Tirouflet pour Culture-Tops

Jean-Pierre Tirouflet est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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LIVRE

Les Revenants

De David Thomson

Ed. du Seuil

L’AUTEUR

David Thomson est journaliste. Il est grand reporter à RFI, service Afrique, et contribue au site d’information Les Jours. Correspondant en Tunisie au moment des “printemps arabes“, il se spécialise dans l’analyse du mouvement jihadiste. Il couvre également la guerre en Lybie ainsi que les changements liés aux dits printemps arabes,  en Tunisie, en Egypte , au Mali.

Au terme d’une vaste enquête sur les français partis au jihad combattre en Syrie il publie en 2014, un ouvrage, Les Français jihadistes, qui fait autorité. Il est l’un des premiers à sonner l’alarme quant à l’imminence et à l’intensité de la menace terroriste sur le sol français et se heurte, notamment sur les plateaux de télévision, à un scepticisme qui trouvera ses limites lors des attentats de Paris.

David Thomson est aujourd’hui une autorité en la matière, indépendante des services de renseignements, qui peut se targuer d’une connaissance du phénomène construite à partir d’éléments de terrain et de contacts directs avec les jihadistes.

THEME

Avec Les Revenants, sous-titré « ils étaient partis faire le jihad, ils sont de retour en France », il s’intéresse au cas de ces jeunes gens, hommes et femmes, partis en Syrie faire le jihad et revenus en France, pour la plupart déçus, mais pas guéris de leur fanatisme. Il brosse ainsi une galerie de portraits de jihadistes avec lesquels il s’est entretenu, et qu’il suit, parfois depuis longtemps.

POINTS FORTS

Ce faisant, Thomson donne une image très concrète du jihad : comment sont-ils partis ? Comment vivent-ils au Proche Orient ? Quel est le sort des femmes ? Qu’est ce qui, au fond, mis à part l’aspect religieux –certes essentiel -, peut attirer ces jeunes gens dans ce pays gangréné par la guerre et soumis à l’application la plus stricte de la Charia ?

La galerie de portraits dessinée par Thomson montre des traits communs à la plupart des jihadistes, mais fait ressortir aussi une certaine hétérogénéité qui rend plus complexe l’analyse des causes de leur radicalisation : si le plus grand nombre espère manifestement poursuivre, dans un pays présenté comme un eldorado par la propagande sur les réseaux sociaux, une vie de petit délinquant, mais rendue légitime par le jihad, d’autres ont des motivations plus complexes. De cette complexité, le livre rend bien compte.

Le thème du retour est également bien exposé : contrairement à Ulysse, revenu dans sa patrie plein d’usage et raison, à quelques exceptions près, les revenants ne sont pas déradicalisés et représentent pour la sécurité un risque très élevé. De même Thomson insiste-t-il sur les enfants nés sur place ou ayant été témoins ou acteurs d’atrocités ordinaires qui ont perdu - ou jamais acquis - toute notion du bien et du mal : il voit là encore un enjeu majeur pour la sécurité.

POINTS FAIBLES

On rêverait que David Thomson propose des solutions, dessine des voies de sortie. Il est observateur, il alerte, il inquiète ; il ne suggère pas.

EN DEUX MOTS

Aussi glaçant qu'indispensable à ceux qui veulent comprendre quelque chose au phénomène jihadiste. A lire absolument.

UNE PHRASE

« L’Etat islamique propose à ces ego froissés une dignité, un statut, une revanche sociale et la foi en une transcendance spirituelle. La propagande occupe le vide idéologique de la postmodernité en leur vendant un projet, là où les sociétés capitalistes sécularisées ne sont plus en capacité de produire une politique génératrice d’espoir. Ce projet jihadiste, c’est l’utopie d’une cité idéale pour tous les musulmans, au nom de laquelle toutes les exactions sont légitimes. »

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