Atlanti-culture
"Le Triomphe de l'amour" - quand Marivaux sort audacieusement de son cadre : super !
C'est sans doute la pièce la plus surprenante de Marivaux. Elle vaut vraiment le détour, et pas seulement par curiosité.
THÉÂTRE
Le Triomphe de l'amour
De Marivaux
Mise en scène: Denis Podalydès
Avec Edwige Baily, Jean-Noël Brouté, Christophe Coin, Philippe Duclos, Stéphane Excoffier, Leslie Menu, Dominique Parent, Thibault Vinçon
INFORMATIONS
Théâtre des Bouffes du Nord
Jusqu' au 13 juillet
Réservations: 01 46 07 34 50
RECOMMANDATION
EXCELLENT
THEME
La princesse Léonide et sa suivante Corine se travestissent en hommes dans l'espoir de résider quelques jours chez le philosophe Hermocrate. Léonide est tombée sous le charme du bel Agis, l'héritier légitime d'un trône qu'elle occupe malgré elle. Sachant qu'il a été élevé dans la haine de sa personne, elle use de subterfuges pour se rapprocher de lui, dans l'espoir de gagner son cœur. Mais pour se faire accepter dans cette maisonnée de reclus, composée du philosophe, de sa sœur Léontine et d'Agis, elle va devoir séduire chacun des trois, tantôt sous les traits d'un homme, tantôt sous ceux d'une femme, pour le plus grand plaisir des domestiques...
POINTS FORTS
- Un texte peu connu de Marivaux, qui traite, comme souvent, de la naissance de l'amour et des artifices qui y participent. Sa particularité est de mettre en avant un personnage de femme, alter ego féminin du Menteur de Corneille, qui mène l'intrigue au rythme de ses mensonges. On suit avec intérêt les trois fronts menés en parallèle avec un aplomb à faire froid dans le dos.
- On apprécie le jeu tout en souplesse de Leslie Menu, qui incarne un personnage double et manipulateur, en évitant tout excès. En contrepoint, les domestiques offrent des caractères déjantés et haut en couleurs.
- La mise en scène dynamique et poétique de Denis Podalydès ajoute de l'humour et de la légèreté à l'intrigue.
- Le décor, très réussi, nous plonge dans l'environnement bucolique d'un retraite perdue au milieu de la nature et des marécages.
POINTS FAIBLES
Une petite chose: on devine plus qu'on ne comprend le langage bourru du jardinier, par ailleurs très drôle.
EN DEUX MOTS
Une triple conquête amoureuse particulièrement réjouissante, menée tambour battant par d'excellents comédiens.
UN EXTRAIT
Ou plutôt deux:
- "J’ai pourvu à tout, Corine, et s’il me reconnaît, tant pis pour lui ; je lui garde un piège, dont j’espère que toute sa sagesse ne le défendra pas. Je serai pourtant fâchée qu’il me réduise à la nécessité de m’en servir ; mais le but de mon entreprise est louable, c’est l’amour et la justice qui m’inspirent."
-;"Oui, Madame. Votre jeunesse va passer, et je suis dans la mienne. Mais les âmes n'ont pas d'âge !"
L'AUTEUR
Cette pièce de Marivaux, présentée pour la première fois en 1732, a surpris par son mélange de genres : thèmes antiques et pastoraux, personnalité royale et ressorts comiques, autant d'éléments jugés alors incompatibles. Le comportement cavalier de la princesse semble avoir choqué les spectateurs, habitués à voir les princes de sang dépeints avec dignité. C'est aujourd'hui ce qui fait la particularité et le sel de la pièce, au-delà de l'étude du comportement amoureux cher à Marivaux.
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