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"Le serment d’Hippocrate" : la relation médecin-malade joyeusement passée au vitriol
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Danielle Mathieu-Bouillon pour Culture-Tops

Danielle Mathieu-Bouillon pour Culture-Tops

Danielle Mathieu-Bouillon est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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THEATRE
LE SERMENT D'HIPPOCRATE
de Louis Calaferte
Mise en scène : Patrick Pelloquet
Avec Gérard Darman, Pierre Gondart, Patrick Pelloquet
Yvette Poirier, Christine Peyssens, Georges Richardeau
INFORMATIONS
Théâtre 14- Jean-Marie Serreau
20, avenue Marc Sangnier 
75014 Paris
Jusqu'au 22 avril 
mardis, vendredis, samedis à 20h30; mercredis et jeudis à 19h
Matinée samedi 16h – relâche : dimanche et lundi
Réservation : 01 45 45 49 77 
du lundi au samedi de 14h à 18h 
L’AUTEUR
Auteur dramatique, essayiste, romancier, poète, Louis Calaferte est né à Turin en 1928. Installé à Lyon avec sa famille, il travaille dès 13 ans à l’usine, mais se découvre une passion pour la lecture, le théâtre et rêve d’écrire. Il part pour Paris en 1947, y rencontre Joseph Kessel qui l’aidera à faire publier Requiem des Innocents, qui sera un succès. 
Il fait partie de la génération des écrivains de l’après guerre. C’est en 1973 qu’il sera connu du grand public, quand Jean-Pierre Miquel mettra en scène Chez les Titch au Petit Odéon. 
Retiré en province, il poursuit son travail d’écriture, obtient de multiples prix et laisse également une œuvre picturale. 
Il meurt à Dijon en 1994.
THEME 
Un couple, Lucien et Madeleine, frôlant la cinquantaine, hébergent chez eux « Papa », 78 ans, père de Lucien, et « bon maman », 77 ans, mère de Madeleine. Une syncope de cette dernière va déclencher une succession de situations cocasses, entre panique et maladresse, affolement et exaspération. Ils vont prendre conscience de leur totale incompétence, vis-à-vis de ceux qui savent : les médecins. Car, pour couronner le tout, ils auront droit, par un concours de circonstances drôlatiques, non pas à un, mais à deux médecins, pour leur prêter secours.
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POINTS FORTS
1 – Le décor de cet intérieur d’une maison vraisemblablement située en province est très réussi: le mur en pente cerné de blanc évoque joliment un polaroïd qui nous replonge plusieurs décennies en arrière.
2 – La pièce est drôle, alerte, bien écrite, les personnages bien campés. Ici pas de psychologie traditionnelle, chaque personnage interprète sa « fonctionnalité ».
3 – Beaucoup de rythme, de fantaisie et de maladresses dans cette intimité familiale, faite à la fois de tendresse et d’exaspération. Les comédiens sont bien dirigés, tous très drôles, dans une mise en scène particulièrement alerte.
4 – Yvette Poirier, qui joue la belle-mère à l’origine de cette aventure incongrue, est extraordinaire. Elle se laisse manipuler comme une poupée désarticulée  par tous ceux qui vont vouloir venir à son secours, alors qu’elle affirme aller très bien. Même quand elle ne dit rien, tandis qu’elle est ballottée par les uns et les autres, elle est omniprésente.
5 – La culpabilité familiale qui va abdiquer toute objectivité, toute autorité, face à ceux qui savent ou le prétendent, en l’occurrence les médecins. La philosophie de Knock n’est pas très loin mais Calaferte ajoute une intéressante dimension baroque à l’ensemble.
POINTS FAIBLES
Les tirades médicales sont un peu répétitives. Chacun a son obsession : On sent que Calaferte veut témoigner de la même férocité que Molière à l'encontre les médecins. Ici, ce n’est pas « Le Poumon ! »  du Malade Imaginaire,  mais les intestins et le foie. Néanmoins, la famille a une telle présence et un tel pouvoir comique, que l’on ne s’ennuie jamais.
EN DEUX MOTS
Comment faire face au monde médical ? La famille de Calaferte vit une situation qui la dépasse et l’on on ne serait pas loin, avec la meilleure conscience du monde, de se rendre coupable de maltraitance. Mais tout cela se déroule dans le rire salvateur du public. Le pouvoir du sens comique n’exclut pourtant pas la réflexion. C’est la force de cette pièce.
UN EXTRAIT
« Le tort des patients, c’est de dormir dans une sécurité trompeuse, dont les réveille trop tard le coup de foudre de la maladie. »
RECOMMANDATION : EXCELLENT

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