"Le flambeur de la Caspienne" de Jean-Christophe Rufin : une enquête captivante menée par un, désormais fameux, vice-consul décalé et fin limier<!-- --> | Atlantico.fr
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le flambeur de la caspienne jean-christophe rufin
le flambeur de la caspienne jean-christophe rufin
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Jean-Christophe Rufin a publié "Le flambeur de la Caspienne". "Habitué aux destinations calamiteuses, Aurel Timescu, le petit Consul, est pour une fois affecté dans un lieu enchanteur. Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan ex-soviétique, est une ville pleine de charme au climat doux, au luxe élégant".

Robert Haehnel pour Culture-Tops

Robert Haehnel pour Culture-Tops

Robert Haenhel est chroniqueur pour Culture-Tops. Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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"Le flambeur de la Caspienne" de  Jean-Christophe Rufin

ECOUTEZ LIRE- Gallimard audio (Mai 2020). Durée : 6h30 1CD MP3, (Version brochée : Flammarion (Mai 2020) ; existe aussi en ebook), Lecteur : Vincent de Boüard, Version audio : 21,90 Euros (19, 50 Euros broché, 13,99 Euros en ebook)

RECOMMANDATION
Excellent

THEME
Jean-Christophe Rufin occupe une place particulière, véritablement originale dans le polar français. En 2018 avec le Suspendu de Conakry, qui lui vaudra un succès immédiat, il met en scène celui qui deviendra son héros récurrent : le vice consul Aurel Timescu. Ce dernier, né en Roumanie durant l’ère Ceausescu, réfugié en France, exploite ses dons musicaux en jouant du piano dans les bastringues puis les hasards de la vie l’amènent à embrasser la carrière diplomatique. Dans Le Flambeur de la Caspienne, troisième opus le mettant en scène, Aurel arrive en Azerbaïdjan, à Bakou, sa nouvelle affectation. Bête noire du DRH du Quai d’Orsay, il s’attend au pire, enchaînant habituellement les postes les plus minables. Or il découvre une ville haussmannienne, « un petit Paris » qui n’est pas sans lui rappeler Bucarest.

Même les enfants qui dans les différents pays où il a été en poste se moquaient de sa tenue qu’il ne quitte jamais quelle que soit la latitude (costume en laine marron, manteau en tweed balayant ses chaussures) ici le regardent à peine. De plus, le vin blanc local, sans valoir le Tokay dont il raffole, est tout à fait buvable. Enfin, fait rare, ses collègues se montrent accueillants. Mais il s’aperçoit vite qu’il règne dans l’ambassade un climat mortifère, car l’épouse de l’ambassadeur vient de mourir dans des circonstances troubles. Et ces prémisses agréables virent au cauchemar lorsque l’ambassadeur le convoque pour lui signifier avec brutalité qu’il lui interdit de traiter un quelconque dossier. Qu’importe, Aurel a une qualité c’est un fin limier, son intuition ne le trompe jamais.

Malgré l’état de choc dans lequel il se trouve, il décide d’enquêter sur cette mort si suspecte. Dans ses recherches, il sera aidé par la Consule. Il fera appel à son « petit oncle » dont le réseau international d’entomologistes lui fournira de précieuses informations. Il bénéficiera également du concours d’un journaliste dissident Yskandar. Dans ce roman plein de suspense, Aurel fera connaître une affaire de corruption concernant de juteux marchés internationaux et mettra fin aux agissements d’un puissant clan criminel.

POINTS FORTS
En la personne d’Aurel Timescu, Jean-Christophe Rufin a su créer un enquêteur original qui, au-delà d’un côté joyeusement caricatural, apparaît sympathique et souvent émouvant, il confère à chaque roman de la série dont ce dernier un ton très éloignée de celui des habituels polars.

On retrouve ici encore une description fine des mœurs et pratiques diplomatiques directement inspirée par la carrière d’ambassadeur de l’auteur. 

Les rebondissements de l’intrigue montent que celui-ci connaît parfaitement la géopolitique des lieux où se déroule cette histoire. 

Une originalité de ton et une qualité d’écriture à la fois joyeuse et enlevée, très moderne.

POINTS FAIBLES
Ceux qui recherchent dans les polars, les enquêtes scientifiques, la violence, ou les exploits de tueurs en série, risquent d’être ici encore fort déçus.

EN DEUX MOTS
Un roman qui allie une originalité truculente à une description très réaliste des milieux diplomatiques, donnant naissance à une histoire mi aventure-mi polar qu’on ne lâche pas avant d’en connaître la fin.

L'AUTEUR
Médecin spécialisé en neurologie et psychiatrie, engagé dans l’humanitaire avec Médecins sans Frontière, conseiller de plusieurs ministres, ambassadeur de France au Sénégal et en Gambie,  Jean-Christophe Rufin s’est également consacré à l’écriture dès les années 1980 et sera reçu à l’Académie française en 2008. Essayiste, romancier, son œuvre sera couronnée par le Prix Goncourt du Premier Roman avec l’Abyssin en 1997, l’Interallié en 1999 avec Les Causes Perdues, et le Goncourt en 2001 avec Rouge Brésil.

En 2018, il se lance dans le polar avec une série dont le personnage central sera le fameux consul Aurel publiant Le Suspendu de Conakry puis Les Trois femmes du Consul et aujourd’hui Le Flambeur de la Caspienne. D’autres aventures devraient suivre…

Le lecteur

Tout en ayant une activité théâtrale régulière avec des metteurs en scène aussi différents que Laurent Terzieff, Alfredo Arias, Yves Gasc, Bernard Murat, Declan Donnellan... Vincent de Boüard enregistre fréquemment pour Radio-France et prête sa voix pour des documentaires. Il enregistre aussi des livres audio.

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