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"La règle du jeu" : interminable et affligeant
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C'est rare, mais la Comédie-Française, aussi, peut faire des couacs. C'est la cas avec cette adaptation au théâtre du film de Jean Renoir par Christiane Jatahi. De l'intello-gaucho-bobo dans toute sa splendeur. Prétentieux et incompréhensible. On attend la fin avec agacement et impatience.

Valérie de Menou pour Culture-Tops

Valérie de Menou pour Culture-Tops

Valérie de Menou est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).  Culture-Tops a été créé en novembre 2013 par Jacques Paugam , journaliste et écrivain, et son fils, Gabriel Lecarpentier-Paugam, en Master d'école de commerce, et grand amateur de One Man Shows.

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THEATRE

LA REGLE DU JEU

d'après Jean Renoir

avec la troupe de la Comédie-Française.

INFORMATIONS

Salle Richelieu

Place Colette

Paris 1°

Jusqu'au 15 juin

Réservations: 0144581515

www.comedie-francaise.org

L'AUTEUR

Metteure en scène et cinéaste brésilienne, Christiane Jatahi s'est fait remarquer, en particulier, par deux adaptations très libres et créatives, de "Julia" et "What if they went to Moscow", d'après Strindberg et Tchekov.

THEME

Il s'agit donc de l'adaptation au théâtre d'un film de Jean Renoir, tourné en 1939, et lui-même inspiré de Marivaux, de Beaumarchais et de Musset.A travers le déroulement d'une grande soirée, qui tournait mal, Jean Renoir offrait une vision très sombre de l'aristocratie et de la bourgeoisie à la veille de la 2° guerre mondiale.

Christiane Jatahi a choisi de transposer ce drame dans la société d'aujourd'hui, en changeant, en particulier, le profil de deux des principaux personnages: la femme du maître de maison, au lieu d'être autrichienne, est désormais d'origine marocaine. Quant au jeune héros, invité vedette de la soirée et amant de cette femme, il s'est illustré non plus en réalisant un raid spectaculaire au-dessus de l'Atlantique mais en sauvant des dizaines de migrants de la noyade en Méditerranée.

POINTS FORTS

A vrai dire, nous n'en voyons pas qui méritent vraiment d'être cités.

POINTS FAIBLES

1 D'abord l'univers décrit: nous sommes supposés être dans un milieu aristocratique et de bonne bourgeoisie. Or, ici, ce qui prédomine, dans une ambiance malsaine, c'est la vulgarité des manières qui donnent l'impression d'avoir été apprises sans avoir été assimilées.

2 Surtout, quand on arrive Salle Richelieu on se demande  ce que Christiane Jatahi va bien pouvoir nous proposer de créatif avec cette performance mixte théâtre-cinéma, après la formidable démonstration réalisée l'année dernière, également avec la troupe de la Comédie-Française, par Ivo Van Hove, dans son adaptation des "Damnés", de Visconti.

Rien à voir:

Dans le spectacle d'Ivo van Hove, on assistait à une époustouflante performance de captation des images en direct, au service d'une théâtralisation tragique d'un texte qui se tenait même si  les propos du film de Visconti étaient parfois d'un marxisme creux et ronflant.

 Ici, on doit supporter la diffusion de deux films très lents et sans la moindre créativité- le premier, de 26 minutes, dès le lever de rideau.

Quant à la partie-scène, captée en direct, elle est sans queue ni tête et d'une affligeante médiocrité.

3 Enfin, Christiane Jatahi a souhaité instaurer un dialogue entre l'écran, la scène et le public mais cela ne prend pas et vire de la démagogie au grotesque: un comédien tend des kleenex aux spectateurs, un autre enjambe les dossiers des fauteuils, un autre veut qu'on lui retire son déguisement de peau d'ours car 'il a super chaud"...

   Cette proximité évoque même des mauvais relans de télé-réalité: la caméra suit les comédiens en plan serré, en projetant les images sur grand écran puis un drone filme les spectateurs et termine en gros plan sur le fond de la gorge d'un comédien, nous transmettant une longue image de ses amygdales. On aurait éventuellement accepté ces péripéties techniques si les dialogues avaient été riches mais nous n'avons qu'une envie, que le comédien ferme la bouche et que la pièce s'arrête...

EN DEUX MOTS

- C'est vraiment à regret que nous vous donnons ce témoignage "à charge" contre un spectacle de la Comédie-Française. Mais un chat est un chat...

- Pour nous "consoler", rappelons deux autres performances, celles-là remarquables, de la Troupe de la Grande Maison, et que vous pouvez découvrir actuellement, ailleurs que dans le sanctuaire de la Salle Richelieu:

- "Intérieur", la pièce de Maeterlinck, proposée au Studio-Théâtre, jusqu'au 5 mars.

- et "Les Enfants du silence", de Mark Madoff, reprise à l'extérieur, Théâtre Antoine, jusqu'au 26 février.

UN EXTRAIT

L'une des rares bribes directement compréhensibles et ayant une certaine portée, un dialogue entre le maître de maison et le jeune héros, amant de sa femme:

L'amant: "J'ai une excuse, j'aime Christine.

Le mari:"Je l'aime tellement que je veux qu'elle parte avec vous"

Pour le reste, il faut, le plus souvent, se contenter de propos du genre : "Ca va ?" ou "Hein, quoi?" etc...

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BOF

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