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"L’Idiot" : un Arnaud Denis remarquable, mais une adaptation ratée
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Alyette de Beru

Alyette de Beru

Alyette de Beru est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).  Culture-Tops a été créé en novembre 2013 par Jacques Paugam , journaliste et écrivain, et son fils, Gabriel Lecarpentier-Paugam, 23 ans, en Master d'école de commerce, et grand amateur de One Man Shows.

 

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THEATRE
L’Idiot
de Fiodor Dostoïevski
Texte et mise en scène : Thomas Le Douarec
Avec Arnaud Denis, Thomas Le Douarec ou Gilles Nicoleau, Bruno Paviot, Daniel-Jean Colloredo, Fabrice Scott, Marie Lenoir, Marie Oppert, Solenn Mariani et Caroline Devismes.
INFORMATIONS
Théâtre 14
20 Avenue Marc Sangnier, 75014 Paris
jusqu'au 30 juin
lundi à 19h - mardi, mercredi, jeudi et vendredi à 21h - samedi à 16h
Représentation supplémentaire : samedi 23 juin à 21h. 
Réservations : 01 45 45 49 77 du lundi au samedi de 14 h à 18 h - www.theatre14.fr
RECOMMANDATION  :  BOF !
THEME
Une adaptation du roman monumental de Dostoïevski, l’Idiot : ce roman narre l’itinéraire tourmenté du Prince Mychkine, élevé en Suisse en raison d’une maladie qui l’a longtemps tenu éloigné du grand monde pétersbourgeois. A son retour en Russie, au moment où commence l’œuvre, il découvre les vicissitudes de la bonne société, les manipulations, les passions qui corrompent le cœur humain, tandis que sa franchise et sa candeur lui valent partout la réputation d’idiot. Incarnation de la bonté, il est rapidement pris au piège de la belle mais maléfique Anastasia Philipovna.
POINTS FORTS
Le jeu d’Arnaud Denis, qui incarne le prince Mychkine, est profond (bien qu'un peu uniforme) et reposant pour le spectateur, au milieu du tourbillon bruyant que devient peu à peu ce spectacle.
POINTS FAIBLES
1/ Dans cette adaptation, le monument de Dostoïevski ne passe pas la rampe. Le spectateur assiste à plus de 2h20 de spectacle sans entracte, un véritable défi lancé à la scène mais manqué, car le rythme varie peu et finit par lasser. Dans un premier temps, c’est l’exposition des multiples détails et personnages qui est orchestrée à toute vitesse, sans doute pour ne pas encore allonger l’ensemble. Ce tempo effréné, assez inconfortable, ne souffre aucun ralenti par la suite, contrevenant ainsi à la profondeur du texte : les réflexions décalées du prince Mychkine auraient besoin de pauses pour être appréciées sans ironie. Le sens même de ce personnage (qui est de prendre la parole à contre courant) ne peut être pleinement apprécié. On décroche.
2/ De manière générale, le caractère narratif de l’œuvre a été transposé tel quel à la scène : on obtient donc une succession de moments qui épousent la conduite du roman. Seul problème, cela n’a rien de particulièrement théâtral.
3/ Le jeu des acteurs est souvent trop caricatural : les personnages virent au comique, tant du côté féminin que du côté masculin, quand la confrontation et les conflits qui les opposent en seconde partie ne poussent pas les comédiens à s’invectiver bruyamment, au contraire. Il en résulte alors un niveau sonore rapidement monotone et difficilement soutenable de bout en bout.
EN DEUX MOTS
Une adaptation en forme de défi lancé à la scène mais qui manque son but et s’éternise.
UN EXTRAIT
« J’ai peur pour vous, pour vous tous, pour nous tous ensemble ... je parle, moi, pour nous sauver tous, pour que toute notre classe ne disparaisse pas pour rien, dans les ténèbres, sans avoir rien compris, en se querellant pour tout, en ayant tout perdu. Pourquoi disparaître et laisser la place aux autres, quand nous pouvons rester à l’avant-garde et en tête ? Si nous sommes l’avant-garde, nous serons en tête ! Devenons des serviteurs, pour être des chefs ! » - Mychkine
L’AUTEUR
L’Idiot de Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski (1821-1881) paraît en 1868, à la suite d'un séjour de Dostoïevski en Suisse, avec sa seconde femme juste après leur mariage : il succède à Crime et châtiment paru deux ans plus tôt, qui avait remporté un grand succès. On y retrouve, comme souvent, des éléments autobiographiques : le prince Mychkine se comprend dans une certaine mesure comme un double de Dostoïevski et se fait l’écho de ses réflexions  sur la mort et la bonté.

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