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"Il n’y a de grand parmi les hommes que le poète, le prêtre et le soldat" (Baudelaire). Pourquoi avons-nous permis qu’ils disparaissent ?
©JOEL SAGET / AFP

La condition humaine

Nous avons lâchement pris congé d’eux. Et sans eux, la France est dépeuplée.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Citons Baudelaire en entier. « Il n’y a de grand parmi les hommes que le poète, le prêtre et le soldat. L’homme qui chante, l’homme qui bénit, l’homme qui sacrifie et se sacrifie ». Mais on nous répète que Baudelaire n’est plus de notre temps. Il écrit dans une langue que nous avons abandonnée. Et s’il figure encore dans les programmes scolaires, les profs le voient comme un vestige encombrant et inutile.   

Les poètes - et pas que Baudelaire - ont disparu. Que chanteraient-ils d’ailleurs dans un pays qui les a quittés ? Ils ont été remplacés par des Médine et des Booba qui hurlent et avec qui une foule hystérique hurle. Le bruit, le bruit qu’ils font est la marque de leur nouvelle poésie.

Le prêtre est en voie de disparition. Certes il y en a encore. Mais leurs prêches lénifiants n’attirent pas les fidèles. « Aimez-vous les uns les autres » disent-ils. Et en réalité ils veulent dire : « aimez l’autre, celui qui va à la mosquée ». Le pape François leur a recommandé de tendre l’autre joue. Et ils ne se font pas prier car ils trouvent ça confortable.

Le soldat existe. Mais on le tient loin de nous, le plus loin possible. Il meurt parfois au Mali, parfois au Proche-Orient. Dans l’indifférence générale : le sacrifice est une vertu trop lourde pour être admiré. On versera quelques larmes sur le colonel Beltrame égorgé. Mais on se gardera bien de haïr son assassin. En effet ce serait appeler à la guerre contre ceux qui tuent. Et nous voulons dormir en paix.

L’effacement du poète, du prête, du soldat, est un remplacement pire que tous ceux, réels ou fantasmés, dont on nous parle. Ils étaient le sel de la terre. On les aimait ou on ne les aimait pas mais ils nous faisaient grands. Sans eux, nous ne sommes que ce que nous sommes, des hommes aux bermudas (formule immortalisée par Philippe Muray), des hommes aux caddies.

Les autres, ceux que les prêtres, et bien d’autres, nous font devoir d’aimer, sont jeunes, conquérants, décidés. Nous, nous sommes vieux. Jadis, nous habitions la France. Désormais nous y logeons.

En allemand il y a un très beau mot pour définir la patrie. Pas « vaterland » un peu trop général et flou. Mais « heimat », l’endroit où l’on est chez soi. Voici comment Heine le définit. « Une maison avec un toit de chaume, devant la porte une jarre avec du lait et une motte de beurre frais. Dans le verger des arbres avec des grosses branches pour y pendre mes ennemis ». Vous trouvez que cette dernière phrase est de trop ? 

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