C’est pas la faute à Mahomet
Il est gentil Olivier Roy : il ne veut pas qu’on tue les djihadistes ...
On ne les comprend pas. On ne cherche pas à les comprendre. Et le mal vient de là.
Benoît Rayski
Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.
Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.
Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.
Le djihadiste est un être complexe. Une personne tourmentée et fragile. Ses souffrances intimes sont méconnues. Et même parfois niées par des islamophobes frénétiques. C’est nous, oui c’est nous qui l’avons poussé à bout. Et si d'agneau il est devenu loup nous nous devons de faire notre examen de conscience. Nostra, nostra maxima culpa…
Olivier Roy connaît bien les djihadistes. Il les scrute et les examine avec l’attention chaleureuse d’un botaniste s’intéressant aux fleurs vénéneuses. Vénéneuses certes mais des fleurs quand même ! Olivier Roy est islamologue. Et c’est à ce titre qu’il a été interviewé par Atlantico. Des islamologues il y en a à la pelle. Comme dans les magasins d’alimentation. Il y en a des comestibles et de belle qualité, Gilles Kepel par exemple qui se contente d’être droit et honnête. Des indigestes ou des avariés offerts dans les grandes surfaces à prix cassés : Olivier Roy ou François Burgat, toujours volontaire pour servir de témoin de moralité aux Frères musulmans.
Olivier Roy a une théorie. Une passion plutôt. Si d’après lui, il y a tant de djihadistes dans les anciennes républiques soviétiques c’est qu’on a là bas réprimé l’islam. L’Union Soviétique a réprimé avec bien plus de violence la religion orthodoxe : où sont les djihadistes orthodoxes ? Olivier Roy prend comme exemple la répression extrêmement sanglante de l’insurrection Tchétchène islamisée. Il omet de dire que celui que Poutine a installé au pouvoir à Grozny, Ramzan Kadyrov, est un satrape islamiste dans toute sa splendeur. En Tchétchénie, le voile est obligatoire, la charia fait office de loi, et on y fait défiler des centaines de milliers de musulmans qui hurlent “allah akbar” en se félicitant de la mort des dessinateurs de Charlie Hebdo. Mais ça, ça ne colle pas du tout avec les catégories de pensée d’Olivier Roy.
Il demeure que cet homme est pétri de bonté. Et qu’il s’inquiète douloureusement du destin du djihadiste moyen. En effet, là bas, dans l’ancienne URSS, “la réponse apportée c’est la répression”. “Si ces gens là reviennent ils sont morts”. Et encore : “Soit ils croupissent dans une prison soit ils se font tuer”. Manifestement Olivier Roy n’est pas loin de penser que c’est injuste et désespérant.
Et c’est pourquoi il nous met en garde. “La question est de savoir quelle est la différence entre l’Occident et l’ancien système soviétique sur la gestion de ce problème. Est-ce que l’Occident s’impose une gestion plus démocratique de la question de la radicalisation des jeunes ? Ou est-ce que dans le fond on se dirige vers un modèle commun d’éradication d’une frange de jeunes radicalisés qu’on ne comprend pas ?”
Non, une telle perspective n’est pas acceptable ! Emprisonner des djihadistes, les tuer même… Mais quelle horreur ! La France est un grand et beau pays qui n’a rien à voir avec les barbares de l’ancienne Union Soviétique. C’est pourquoi dans le but de sauver nos âmes, il faut d’urgence transformer notre territoire en une gigantesque et bienveillante cellule de déradicalisation. Olivier Roy semble parfaitement qualifié pour cette tâche prométhéenne.
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