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"Extermination des cloportes" : il faut être un grand écrivain pour s'offrir certaines libertés...
©REUTERS/Christian Hartmann

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Isabelle De Larocque Latour pour Culture-Tops

Isabelle De Larocque Latour pour Culture-Tops

Isabelle De Laroque Latour est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).  Culture-Tops a été créé en novembre 2013 par Jacques Paugam , journaliste et écrivain, et son fils, Gabriel Lecarpentier-Paugam, 23 ans, en Master d'école de commerce, et grand amateur de One Man Shows.

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LIVRE
EXTERMINATION DES CLOPORTES
de Philippe Ségur
Ed. Buchet Chastel
18 €
RECOMMANDATION : A LA RIGUEUR
L’AUTEUR
Né en 1964, Philippe Ségur enseigne le droit constitutionnel à l’université de Perpignan. Une première fiction drôlatique, « Métaphysique du chien », le fait connaître en 2002 ;  depuis,  son œuvre littéraire s’est étoffée d’une dizaine de romans récompensés pour la plupart de prix littéraires improbables.
THÈME
Don et Betty, auto-baptisés ainsi en hommage à la série américaine Mad Men, forment un couple très amoureux en proie à nombre de difficultés bassement quotidiennes. Tous deux sont profs de lycée, lui se rêve en romancier (prix Nobel de littérature ou, à défaut, auteur de best-sellers adulé),  elle s’efforce de commencer sa thèse de doctorat ; en fait  ils passent leurs soirées devant l’intégrale de la série «les soprano» vautrés sur leur canapé.
Un matin, Don se réveille avec un cloporte dans l’œil et refuse d’y voir le signe d’une dégénération oculaire qui l’amènera à la cécité.
POINTS FORTS
1 - Un hymne à la procrastination où  chacun se reconnaîtra : qui n’a jamais pris de fermes résolutions indéfiniment reportées ?
2 - Humour et auto-dérision sauvent de la médiocrité des personnages sans grande envergure et finissent par les rendre attachants. Betty est tout de même beaucoup plus efficace que son mari, splendidement imbu d’un talent à venir (p. 133 : «Œil, sais-tu à qui tu appartiens ? À Don Dechine ! Le fils spirituel de Borges ! »)
3 - Un optimisme forcené appuyé sur un déni de la réalité qui s’apparente au courage dans le cas de Don. 
4 - un ton décalé et quelques trouvailles assez bien venues.
POINTS FAIBLES
 - Les dialogues, pénibles, (ponctués en outre de « chéri » et de « trésor») :
« Chéri, elle disait, il faudrait que je me mette à ma thèse »
« On commence quand ? Je faisais »…
« Va pour une fois, je disais »
«Vous voulez passer où ? » je fais
« C’était qui ? Elle  a demandé »… etc
- Les  formes interrogative et négative  semblent ne pas faire partie de l’univers de ce gentil petit couple d’enseignants.  A moins que leur suppression systématique ne soit pour M. Ségur une marque de style, auquel cas la lecture de Vargas Llosas pourrait lui être profitable :
« Si tu parles à nouveau (…) je vais me coucher,  tenta de le faire taire son ami »
« Peut-être moins que ça, rit-il »
«Qu’en dis-tu ? conclut-t-il cet exposé »
« En es-tu certain ? se gratta-t-il la tête… etc.
Il y a mille et une façons d’éviter joliment les formes classiques. Mais encore il faut-il être déjà  Prix Nobel de littérature….
EN DEUX MOTS
Pour peu qu’il n’ait pas la faiblesse de commencer à tenir compte des règles élémentaires de la grammaire,  Philippe Ségur, déjà titulaire du Renaudot des lycéens, pourra très bien postuler au Prix Nobel des lycéens.
UN EXTRAIT
p. 14,  l’auteur prouve qu’il a parfois le sens de la formule :
« J’aurais préféré  être un écrivain célèbre plutôt qu’un prof de français tentant d’expliquer le théâtre de Sophocle à des ados rétro-éclairés par leurs téléphones portables. »

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