"Elle lui bâtira une ville" : une "India Song" élégante, magique, ensorcelante<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
"Elle lui bâtira une ville" : une "India Song" élégante, magique, ensorcelante
©

Atlanti-culture

Serge Bressan pour Culture-Tops

Serge Bressan est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

Voir la bio »
LIVRE
« Elle lui bâtira une ville » 
de Raj Kamal Jha
Ed. Actes Sud
416 pages
23,50 €.
L'AUTEUR
Né en 1966 à Bhagalpur (Inde), Raj Kamal Jha est journaliste et romancier. Ingénieur diplômé de l’Institut indien de technologie, puis de l’Ecole de journalisme de l’université de Californie-du-Sud, il est présentement rédacteur en chef du quotidien « The Indian Express ». 
Dans son pays, il est considéré comme un journaliste aux yeux grand ouverts qui sait comme personne saisir la moindre once d’humanité dans tout individu qu’il croise. Naturellement, il est venu au roman : pour son entrée en littérature en 2001, il signe « Le couvre-lit bleu » et reçoit le Prix des Ecrivains du Commonwealth. Suivront « If You Are Afraid of Heights » (2003, non traduit à ce jour en français) et « Et les morts nous abandonnent » (2006). Il a attendu dix ans pour publier son quatrième roman, « Elle lui bâtira une ville ».
THEME
Il y a « une montagne d’ordures ; six canalisations d’égouts géantes qui attendent d’être installées Dieu sait où. Elles servent de domicile à des mères et à leurs bébés, qui viennent y dormir après leur journée de labeur sur un chantier voisin… » Une immense ville, aussi : New City. Et des personnages qui vont, qui viennent. Homme, femme, enfant, animal…
En ouverture d’« Elle lui bâtira une ville », la nuit tombe sur New City. Une femme se souvient de la séparation d’avec sa fille qu’elle vient de retrouver mais qui paraît détruite. Dans le dernier métro, un jeune homme rêve de meurtre et repère ses prochaines victimes. Dans un autre coin de la ville, un nouveau-né est posé sur les marches d’un orphelinat par une femme qui se hâte de remonter dans le rickshaw qui l’a amenée. Qu’ont donc en commun ces personnages ? On le saura au fil du récit, tandis que d’autres apparaitront : la Fille au Ballon (inspirée du « Ballon rouge », le film d’Albert Lamorisse, 1956), Bhow la maternelle chienne des rues, une présentatrice vedette de la télévision, une ouvreuse de cinéma dotée de singuliers pouvoirs, et même un cafard en quête de réincarnation qui a élu domicile au fond d’une piscine.
>POINTS FORTS
-Surdoué de la combinaison des mots, Raj Kamal Jha n’hésite pas à jouer de tous les genres, du conte à la littérature urbaine, de la fantasmagorie au réalisme.
-Une ensorcelante virée dans une mégapole aussi glaçante que tendre.
-Une belle invitation au voyage avec la Fille au ballon qui survole la mégapole au dessus de la couche nuageuse. Soudain, le vent se lève, elle est précipité dans une chute libre, pousse un cri d'excitation mêlée de peur, montre du doigt la ville disposée comme un puzzle…
-L’élégance envoûtante du style de Raj Kamal Jha pour une « India Song » d’exception.
-Un texte magique, empli de fièvre et de tendresse.
POINTS FAIBLES
Un seul point faible, peut-être : lecteur, il faut accepter de ne plus être maître du jeu, de se laisser emporter par ce roman aussi énigmatique qu’hypnotique.
EN DEUX MOTS
Dans la jungle urbaine de New City, un roman furieusement magique venu d’Inde. L’auteur, Raj Kamal Jha, confirme qu’il est un des plus brillants écrivains de ce pays-continent. Dans ce texte diaphane, tout y est beau, oui… même la noirceur de la vie de tous ces gens de peu… La plus belle « India song » du moment !
UN EXTRAIT
Ou plutôt deux:
- « (…) regarde autour de toi, près ou loin, partout en dehors de cette maison, au-delà de son obscurité et de ses larmes, de ses murs, de son plancher, et tu verras les vigoureux, les joyeux, les jeunes, les vieux, les calmes, les bruyants vivre leur vie, ignorant jusqu'à notre existence ».
- « (…) après tout, nous n'avons pas besoin d'yeux qui jugent, mais d'oreilles qu'on nous prête ».
RECOMMANDATION : EXCELLENT

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !