"Dolce Vita ? Du Liberty au design italien (1900-1940)" : du danger des titres d'exposition racoleurs<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
"Dolce Vita ? Du Liberty au design italien (1900-1940)", au Musée d’Orsay.
"Dolce Vita ? Du Liberty au design italien (1900-1940)", au Musée d’Orsay.
©Culture tops

Atlanti-culture

Pourquoi parler de Dolce Vita dans le titre de la très riche exposition du musée d'Orsay sur l'art italien de 1900 à 1940 ? On est plutôt loin de l'univers de Fellini...

Mathilde Saint-Sever pour Culture-Tops

Mathilde Saint-Sever pour Culture-Tops

Mathilde Saint-Sever est chroniqueuse pour Culture-Tops.
Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
Voir la bio »

Thème

A l’aube du XXème siècle, alors que se trament les heures les plus sombres de son Histoire, l’Italie est le théâtre d’une véritable révolution artistique qui, par son audace et sa diversité, ébranlera les sphères créatives jusqu’à définir les codes du design industriel que nous connaissons aujourd’hui. Au cours d’une rétrospective sobre, intimiste mais fondamentale, le Musée d’Orsay retrace l’itinéraire artistique d’une Italie en proie à la montée du fascisme, dont le carcan a pourtant stimulé une créativité étonnante et un esprit furieusement visionnaire.

Points forts

• Le Musée d’Orsay a choisi de suivre une muséographie simple, linéaire et chronologique, un choix sage tant la richesse de l’exposition et la multiplicité des courants présentés suffisent à immerger le visiteur dans ces quarante années de fourmillement artistique ininterrompu. Ainsi, aux courbes florales de l’Art Nouveau succèdent les lignes raides mais mobiles du futurisme ; en réaction se développe ensuite la Métaphysique, combinant art classique et pinceau moderne, dans un mélange qui flirte avec l’absurde – son chef de file, Chirico, inspirera d’ailleurs les surréalistes, notamment Magritte, dont la ressemblance de style est parfois troublante. La tendance explose ensuite dans le Novecento, qui modernise, non sans un certain humour, les symboles du classicisme et de l’antiquité, avant de prendre le tournant de l’abstraction et du rationalisme, à l’origine du design industriel moderne.

• Comme le montre justement l’exposition, ces mutations plastiques continuelles sont, dans la plupart des cas, profondément influencées par les changements politiques qui ébranlent le pays. Par ailleurs, chaque courant et chaque artiste, ou presque, fustigent leurs prédécesseurs mais se nourrissent de leurs apports, à l’origine d’autant de ruptures que de continuité. De la même manière, la peinture, la sculpture, les arts décoratifs s’influencent mutuellement – et les visiteurs les plus attentifs seront surpris de retrouver des œuvres de Vittorio Zecchin dans la salle réservée au courant Liberty puis dans celle du Novecento, ou les nombreuses productions de Gio Ponti, d’abord rattaché à la Métaphysique avant de devenir l’un des pères du design industriel.

• L’exposition est aussi l’occasion pour le Musée d’Orsay de présenter avec fierté certaines de ses plus récentes acquisitions : on appréciera de découvrir le mobilier Art Nouveau de Bugatti ou les Mille et Une Nuits de Zecchin, qui étonne par sa monumentalité et sa force chromatique. Ne manquez pas non plus le Profil en Continu du Duce de Renato Bertelli, portrait impertinent de Mussolini, qui tranche radicalement avec la solennité de ceux produits à la même époque par Adolfo Wildt (à découvrir, pour les curieux, jusqu’en juillet au Musée de l’Orangerie/ cf notre récente chronique). Enfin, les plus sensibles au Liberty ne manqueront pas s’attarder sur le très rare triptyque de la Légende d’Orphée de Luigi Bonazza, condensé majestueux des sujets, du style et de la philosophie symbolistes.

Points faibles

Malgré sa richesse incontestable, l’exposition semble souffrir d’un relatif manque d’affluence. Si la rétrospective simultanée sur Bonnard capte probablement de nombreux visiteurs, l’on peut aussi s'interroger sur la stratégie de communication adoptée pour cette exposition : le nom « Dolce Vita ? » vise à confronter production artistique et chaos politique dans une Italie en transformation – encore loin du portrait idéal brossé par Fellini dans les années 1960 – mais il me semble manquer de clarté et d’une puissance symbolique à la hauteur de son exhaustivité ; enfin, l’affiche de l’exposition, qui reprend le Cirque Equestre de Donghi, magnifique mais dérangeant, ne contribue probablement pas à accroître son attractivité...

En deux mots...

Un aperçu à la fois complet et synthétique de la naissance du style italien ; l’on regrette cependant que son austérité apparente lui fasse du tort.

Recommandation

BonBon

Tweet Culture-Tops

Une expo meilleure que son titre.

Suivre @culturetops sur Twitter

Informations

"Dolce Vita ? Du Liberty au design italien (1900-1940)".

Musée d’Orsay, 1 rue de la Légion d’Honneur, 75007 Paris (www.musee-orsay.fr).

Jusqu’au 13 septembre du mardi au dimanche, de 9h30 à 18h ; et le jeudi, jusqu’à 21h45.

POUR DECOUVRIR CULTURE-TOPS, CLIQUEZ ICI : des dizaines et des dizaines de critiques sur chaque secteur de l'actualité culturelle

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !