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"Assimilation, la fin du modèle français" : la démographie en danger d'idéologie?
©Allociné

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Paul Beuzebosc pour Culture-Tops

Paul Beuzebosc pour Culture-Tops

Paul Beuzebosc est chroniqueur pour Culture-Tops. Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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LIVRE

Assimilation, la fin du modèle français

De Michèle Tribalat

Ed. L’Artilleur / Editions du Toucan 

RECOMMANDATION

EXCELLENT

THÈME

Encore un « modèle français » en péril ! Nouvelle édition de l’ouvrage paru en 2013, le sous-titre : « Pourquoi l’Islam change la donne » renvoie à une actualité chargée et une diminution de la natalité française. Après le livre paru en 2016 et consacré à l’interdiction de tenir des statistiques ethniques au pays de Voltaire, c’est à une « opération vérité » que nous convie Michèle Tribalat. Marginalisée par la politique du mensonge par action et par omission, la démographie, discipline au carrefour des sciences mathématiques et humaines, est victime d’un terrain miné par l’idéologie, l’irresponsabilité politique et les luttes d’intérêts entre structures. 

L’auteur, esprit fort et libre, démontre ici sa maîtrise de l’intelligence des chiffres et des faits, plus patients que têtus dans le temps long des réalités humaines.

POINTS FORTS

La tonalité objective et modérée de Michèle Tribalat livre une analyse passionnante, éclairée par des vignettes, des tableaux, des résumés et des schémas. Elle balaye sans le dire les discours politiques approximatifs et superficiels entendus depuis 40 ans dans un domaine aussi régalien que stratégique. Le livre développe une explication, solide et limpide, des données accessibles, liées à la fin de notre modèle d’intégration. 

Ses trois grandes parties sont consacrées, tout d’abord, au désordre statistique, où, à parts égales, le vrai et faux se neutralisent. Puis à l’impact de l’Islam, passé et actuel, sur le premier pays d’Europe pour sa population musulmane; avant de mettre en évidence, dans une ultime synthèse particulièrement consistante, les effets de l’approche multiculturaliste prônée par « l’UE 27 ». L’auteur met en perspective le poids croissant de cette minorité, concentrée et majoritaire dans de nombreux lieux, les freins à sa sécularisation, ses dynamiques de transmission et d’endogamie.

En première ligne de cette « assimilation impossible », les classes populaires en viennent à rejeter les discours convenus sur la tradition d’immigration et les bienfaits du « vivre ensemble ». La séparation des communautés entretient les ressentiments et les fantasmes de populations autochtones expulsées de leur propre histoire et sacrifiées par les « élites » à une relève multiculturelle sous le signe d’une tolérance sans exigences.

De Gaulle avait reçu Alfred Sauvy avant de déterminer sa politique algérienne. Depuis les années 80, l’abandon par défaut d’une compétence nationale à l’Europe technocratique entretient la peur manichéenne des mots et étouffe toute velléité d’y voir démographiquement clair.

POINTS FAIBLES

Adoptant une démarche explicative et pédagogique, l’ouvrage n’est pas un essai à thèse et ne livre pas de jugements propices à la polémique. S’il demande une lecture attentive, il passe en revue les fondements qui peuplent notre avenir commun. Il nourrit, sans effort ni complaisance, la réflexion sur les évolutions et ce qu’il resterait à la France, pour peu qu’elle s’en donne la peine, pour reprendre le contrôle de sa démographie et perpétuer un dispositif d’intégration qui maintienne des équilibres déterminants pour la paix civile.

EN DEUX MOTS 

L’immigration, dans tous les scénarios envisageables, n’est qu’un remède imaginaire à ce qu’une Europe supra nationale vieillissante considère comme son avenir irréversible. Si les livres de démographes prédisent mieux le futur que les thèses angoissées sur le « grand remplacement » ou la « soumission » - pourtant bien réelle - des esprits, la question est posée de savoir si l’utopie et la bonne conscience hémiplégique vont continuer à être le seul fil directeur de notre destinée « recomposée » commune.

UN EXTRAIT

"En se programmant un tel destin, c’est sa propre disparition que l’Europe met en équation. (…) Peu importe de quels peuples l’UE sera formée pourvu qu’elle dure".

L'AUTEUR

Michèle Tribalat, née en 1960, a été directrice des recherches à l’INED (institut national des études démographiques). Elle a publié plusieurs ouvrages de référence dont « Statistiques ethniques, une querelle bien française » (Le Toucan, 2016).

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