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"Amour propre" de Sylvie Le Bihan, Un petit bijou au menu
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Atlanti-Culture

Voici un roman à lire par les femmes, les mères, les maris, les pères, les enfants, tant il éclaire de manière intime et vraie le thème du désir-ou pas- d'enfant.

Charles-Édouard Aubry pour Culture-Tops

Charles-Édouard Aubry pour Culture-Tops

Charles-Édouard Aubry est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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LU PAR CHARLES-EDOUARD AUBRY

LIVRE

Amour propre

 de Sylvie Le Bihan

Editions Jean-Claude Lattès

280 pages

18,90 €

RECOMMANDATION

           EN PRIORITE

THEME

Abandonnée par sa mère à la naissance, Giulia a fait 3 enfants. Divorcée, elle passe ses vacances chez son père à Belle-Île. Dans le cadre d’un projet de livre sur Malaparte, elle part plusieurs semaines dans une autre île, à Capri, sur les traces de l’écrivain italien qui se confondent avec celles de sa mère. A Paris, ses trois enfants apprennent à vivre sans elle. Cette quête d’identité, sera pour elle l’apprentissage de la liberté.

POINTS FORTS

Le livre puise sa force et sa richesse dans l’enchevêtrement de thèmes personnels et familiaux : le désir de liberté et la place de la femme font écho à la maternité et la filiation. La majeure partie du roman se déroule en Italie dans le cadre romanesque de Capri, et la mystérieuse Villa Malaparte.

Le désir – ou pas – d’enfant est un thème souvent abordé, toujours délicat. Difficile d’apporter une réflexion nouvelle ou originale et de partager sa propre expérience avec ses lecteurs. Sylvie Le Bihan réussit parfaitement à faire entendre sa voix grâce à une mise en abîme de son sujet au profit d’un récit multiple : trois  générations d’hommes et de femmes, des histoires interrompues ou contrariées, des secrets et des non-dits. L’action rebondit sans jamais tomber dans le discours ou la démonstration.

On peut aimer ses enfants tout en regrettant de les avoir eus. C’est ce que disait Anémone, récemment décédée, et l’auteure s’en explique sans détour ni complexe. Soulevant la difficulté d’être une mère tout en restant une femme, de devoir faire des sacrifices au détriment de son propre bonheur, c’est un plaidoyer courageux, qui évite toute sorte de jugement, d’opinion toute faite, de politiquement correct. Pas d’affirmation péremptoire, juste des destins qui se croisent et évoluent parce que les personnages écoutent, cherchent et restent ouvert à ce que la vie peut leur apporter à chaque instant.

Le livre est très bien construit. Les différents éléments du récit sont développés en parallèle et s’épanouissent avec légèreté. On ricoche de l’un à l’autre dans ce « monde de Giulia ». Autour d’elle, c’est une ronde émouvante de personnages qui se débattent pour trouver leur place au sein de leur famille ou de leur couple, tracer leur chemin et investir leur propre vie.

Le style est alerte, au service des sentiments et de l’action qu’elle (d)écrit avec simplicité.

Ce qui était complexe devient simple, ce qui était une douleur devient une espérance, ce qui était une prison devient une issue.

POINTS FAIBLES

Ce serait de passer à côté de ce livre essentiel.

EN DEUX MOTS

Pour un homme, impossible de ne pas se poser la question du rapport aux femmes qui se situent dans sa ligne généalogique: sa mère, sa femme et mère de ses enfants, sa fille et future mère de ses petits-enfants … Quel rôle peut-on jouer dans l’épanouissement de celle(s) qu’on aime afin de contribuer à rendre leur vie harmonieuse ?

UN EXTRAIT

 (page 19):

« Naples, Capri, Malaparte, une histoire de famille. Celle d’une gamine élevée par un homme seul à la tristesse calcifiée après le départ de sa femme, ma mère, disparue un matin d’été et dont le fantôme me frôle encore les nuits d’insomnie. Année après année, j’ai écrit ma propre histoire en enfilant maladroitement les quelques phrases qui s’échappaient de la bouche de mon père, un homme trop discret ».

L’AUTEUR

Sylvie La Bihan a 53 ans. Après une carrière en entreprise dans la communication et les ressources humaines, elle travaille avec son mari, Pierre Gagnaire, comme directrice de projets de ses restaurants à l’étranger depuis 2004.

Elle mène en parallèle depuis 2013 une carrière d’auteure, ponctuée par l’écriture de quatre livres, dont « qu’il emporte mon secret » en 2017, qui raconte, 35 ans après, son viol par trois hommes.

« Amour propre » est son cinquième livre.

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