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Mariage britannique et présidentielle française : des ressemblances troublantes...
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Barnum médiatique

Au petit jeu des comparaisons, le blogueur H16 n'y va pas avec le dos de la cuillère : "beaucoup de journalistes qui disent des grosses bêtises, des sondages idiots à n'en plus finir, un marketing absolument délirant, beaucoup de prétendants au départ, seuls deux à l'arrivée..."

Hash H16

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H16 tient le blog Hashtable.

Il tient à son anonymat. Tout juste sait-on, qu'à 37 ans, cet informaticien à l'humour acerbe habite en Belgique et travaille pour "une grosse boutique qui produit, gère et manipule beaucoup, beaucoup de documents".

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Ce vendredi, Kate Middleton et le prince Willliam convoleront en justes noces sous les yeux de millions, que dis-je, de milliards d'humains rassemblés dans la même ferveur romantique d'un événement rarissime mais aussi, il faut bien le dire, un tantinet rasoir.

Il est en effet déjà évident que la médiatisation frénétique de cette idylle - et de la cérémonie banalement logique qui en découle - aborde la phase douloureuse du trop-plein où le rejet est possible : si vous êtes, comme moi, un ardent lecteur des magasines people comme Closer, Voici, Gala, Ici Paris, Point de Vue, Libération ou Le Monde, vous devez vous aussi sentir ce moment d'agacement où, à force de parler de ce fichu mariage, on occulte presque complètement les autres actualités palpitantes du moment commeles larmes de Lady Gaga,l'échographie de Carla, les dernières frasques deLindsay Lohan à la morgue, ou laflambée des taux grecs.

Cependant, après quelques secondes de réflexion et même si l'irritation peut poindre, je pense que cet événement est en réalité une occasion de se réjouir.

Dernière répétition avant 2012

Tout d'abord, cela constitue une occasion de se préparer mentalement à la déferlante médiatique que nous, Français, allons subir dans quelques mois lorsqu'on va devoir se farcir l'élection présidentielle. Les ressemblances sont troublantes : beaucoup de journalistes qui disent beaucoup de grosses bêtises, des sondages idiots à n'en plus finir, un marketing absolument délirant, beaucoup de prétendants au départ, seuls deux à l'arrivée et on ne sait pas qui, à la fin, décroche vraiment la timbale ; le prince William n'a certes pas chopé un boudin, mais on peut arguer du fait que Kate se met courageusement à l'abri du besoin pour le reste de sa vie, sentiments ou non...

Bref : en se plongeant dans ce mariage, nous, Français, ne faisons en réalité qu'une séance de préparation psychologique à ce qui va nous tomber dessus en avril 2012.

En outre, il ne faut pas se leurrer : les Français, bien que régicides, sont intrinsèquement royalistes. Cela peut paraître paradoxal, mais dans ce pays, c'est ce qui coule de source et de logique qui finit par surprendre. Le paradoxe, quelque part, pétrit l'âme des Français : ils détestent être gouvernés mais adorent les grands chefs, ils aiment le protocole, le panache et les grandes phrases dithyrambiques ; ils aiment les ors et les velours pourpres, les fastes et le décorum. Rien qu'à cause de cela, soyez-en sûrs : beaucoup de Français regarderont, l'œil attentif, la cérémonie.

Romantiques vs. franchouillards

Et tout en regardant cette cérémonie, deux groupes se formeront : d'un côté, il y aura les éternels romantiques, qui regarderont le couple les yeux humides et le cœur palpitant. Ceux-là auraient eu des petites sautes d'humeurs devant n'importe quel couple, soit, mais de savoir que c'est un couple princier de cette classe, que c'est, très probablement, l'un des rares événements qu'ils suivront en direct dans leur vie, que c'est encore une magnifique idylle, avec de l'amour en vrai de vrai, tout cela va en faire chavirer, des petits cœurs tendres ! Et pour un prix bien plus modique qu'un ticket de cinéma, en plus ! Quelques centimes d'électricité (et avant la hausse de tarif EDF, en plus), quelques autres pour la redevance (si modique redevance, il faut la rentabiliser !) ou pour l'abonnement internet, franchement, ce serait dommage de gâcher une bonne séance de larmes faciles alors que la saison est vide de dégoulinance cinématographique !

De l'autre, on trouvera évidemment les éternels franchouillards, qui s'adonneront alors au sport national : critiquer. Oui, pour une fois, vous pourrez assumer en toute quiétude votre franchitude débridée, et pourrez, sans risquer l'opprobre, les regards courroucés ou le drame conjugal, désapprouver ouvertement le choix de la robe de mariée (qui sera évidemment comme une grosse meringue au milieu de cette cathédrale évidemment trop sombre), médire sur la coupe de cheveux de William (ce petit avorton antipathique), tympaniser sur les fleurs (mal assorties et dont certaines sont déjà fanées), rigoler sur le temps incertain (gros bonus s'il pleut à verse), et bien évidemment faire le calcul cynique de tout ce que cette cérémonie va coûter au contribuable anglais. Bien fait. Objectivement, ce serait dommage de passer à côté d'une bonne occasion de se moquer de la perfide Albion, non ?

Gare au retour à la réalité

Enfin, l'overdose de romantisme va permettre, dans quelques jours, lorsque les gens seront tombés de leur petit nuage d'endorphines auto-produites, de revenir à la réalité : tout cet aimable interlude n'a, finalement, absolument rien changé à la situation internationale. Des gens meurent toujours en Libye, l'euro est toujours au plus mal, et rien ne semble indiquer que la situation s'améliore. Mais pendant quelques heures, plusieurs millions de personnes auront pensé à autre chose. Une distraction, c'est important, par les temps qui courent, non ?

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