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Royaume-Uni : Jeremy Corbyn et le retour de la "loony left" (ou la "gauche fofolle")
©Reuters

Retour vers le futur

Les travaillistes britanniques, fatigués du plein-emploi et de la croissance, se donnent un Mélenchon pour patron. Les migrants de Sangatte, perplexes, finiront-ils par chercher un job à Calais ?

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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"Loony left", la gauche fofolle (pour rester poli), c'est l'expression employée chez nos voisins du dessus pour qualifier la fraction du parti travailliste se complaisant dans le souvenir d'une Grande-Bretagne qui ressemblait à la France, avec un chômage élevé et une croissance atone.

Elle vient pourtant de faire son grand retour avec l'arrivée de Jeremy Corbin, une sorte de Mélenchon mâtiné de José Bové, à la tête du Labour, éliminant toute chance d'alternance dans un futur proche. Peu de chances, en effet, et en cas de législatives anticipées, pour qu'une majorité d'électeurs soit séduite par un programme à base de nationalisations, de relance de la planche à billets, de sortie de l'Union européenne et d'abandon de la dissuasion nucléaire.

N'empêche, on peut trouver amusant que la gauche britannique se re-loonise au moment même où son homologue française fait le chemin inverse à coups de loi Macron et de désertions chez EELV. Chez les blairistes, ou du moins ce qu'il en reste, c'est la panique. Un peu comme si Marie-Noëlle Lienemann ou Benoît Hamon remportaient la primaire PS sur fond de plate-forme commune avec Podemos et Syriza...

Une inversion de nos fortunes respectives serait toutefois séduisante : les jeunes anglais traverseraient la Manche pour trouver du boulot à Paris, les retraités français s'installeraient dans le Kent pour profiter du prix dérisoire des villas victoriennes en bord de mer et de la transformation du Sterling en monnaie de singe. Mais bon, on peut toujours rêver.

Pays de transit

Si Jeremy Corbin est désormais le boss du Labour, il n'est pas encore celui de Westminster et croissance et plein-emploi se conjuguent toujours en anglais (ou en allemand, d'ailleurs). Même les migrants s'en sont rendu compte, qui n'envisagent plus la France que comme un pays de transit vers des cieux plus cléments.

On les comprend. Quitte à échapper à la barbarie et à l'enfer, autant ne pas se retrouver au chômage dans une cité administrée par des dealers entre une voie de RER et une friche industrielle. C'est un peu le sort du héros de Dheepan, la magistrale Palme d'or de Jacques Audiard, dont tant de critiques ont détesté le réalisme apparemment trop cru.

Personnellement, je me sentirais plus à l'aise dans un pays resté désirable du point de vue des malheureux de la planète, qui préfèrent la perspective d'un job et d'un avenir à celle d'une inscription à Pôle Emploi avec le reste de la troupe. Les Le Pen et autres Wauquier peuvent dormir sur leurs deux oreilles : nos fameuses allocations, plus personne n'en veut.

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