Quand le grillon sonne le réveil et quand les ailes ont des racines : c’est l’actualité pentecôtiste des montres<!-- --> | Atlantico.fr
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La nostalgie d’un temps où les chronos d’aviation entraient dans la légende (Breitling).
La nostalgie d’un temps où les chronos d’aviation entraient dans la légende (Breitling).
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Atlantic-Tac

Mais aussi le retour de la plongeuse toute en rondeurs, les belles montres des mamans qu’on aime, l’arc-en-ciel d’une parade virile, les perquisitions chez Swatch et la nageuse de combat portugaise…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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MARCH LA.B : Les préférées des adorées…

Il n’est pas encore trop tard pour la Fête des Mères, sachant qu’une belle montre est un cadeau qui se garde et qui conserve toute sa valeur – en particulier sentimentale – au fil des années. Quel enfant n’a pas rêvé sa mère, et quelle mère ne s’est pas rêvée en Anna Karina dansant aux côtés de Sami Frey et Claude Brasseur dans Bande à part, ou paradant avec le costume d’Anita Pallenberg en backstage d’un concert des Stones, ou dévalisant une banque avec Faye Dunaway, cigarette aux lèvres, sous la direction de Arthur Penn ? C’est la magie de la montre, ce fétiche contemporain saturé d’émotions irrationnelles, si facile à porter et si porteur de valeurs des plus variées dans leur rare intensité. La maison indépendante française March LA.B [ne pas manquer sa boutique très sympathique au cœur du Marais parisien : Marcel le chat vous y attend avec son regard plein de paresseuse malice] vous propose sa « sélection pour elle », une série de montres plus désirables les unes que les autres. Notre choix, parfaitement subjectif et probablement injustifiable : la Dandy Mansart Électrique Nacre, élégante dans son boîtier octogonal de 30 mm, précieuse et respectueuse de l’environnement par la nacre de son cadran, astucieuse pour son choix de bracelets et sympathique au vu de son prix (comptez dans les 1 800 euros). Chez March LA.B, Marcel le chat peut également vous proposer d’autres modèles, encore plus accessibles, mais toujours aussi « classe »…

IKEPOD : La replongée d’une « plongeuse »…

C’est vrai : toute les « plongeuses » se ressemblent et remixant à l’infini les mêmes codes (boîtier fonctionnellement rond, cadran noir aux affichages contrastés, lunette graduée) – des codes institués au début des années 1950 avec la Submariner de Rolex et la Fifty Fathoms de Blancpain. Impossible d’y ajouter ! Sauf qu’impossible n’est pas français et que la maison horlogère Ikepod, passée sous pavillon français pour sa saison 3, a tenté et réussi l’impossible avec sa Seapod « Enzo » magnifiquement redesignée par le Suisse Fabrice Gonet dans l’inspiration de la Sealug lancée dans les années 1990 par Ikepod saison 1. En 46 mm d’acier tout en rondeurs et en galbe, avec sa lunette tournante et sa couronne de remontage vissée, la nouvelle Seapod « Enzo » a tout des belles « plongeuses » : étanchéité à 200 m, mouvement automatique Miyota – son nom rend hommage au Grand bleu, le plus célèbre et le plus culte film de plongée des années 1990. Bonne nouvelle pour cette Seapod de la saison 3 : elle n’est facturée que dans les 1 350 euros, ce qui est une bénédiction pour les amateurs tellement elle a de présence et d’originalité au poignet [46 mm, ça pose son homme !]. Les plus enragés de ces amateurs n’oublieront pas de jeter un œil sur la version bronze de cette Seapod, lancée l’année dernière en version GMT et en série ultra-limitée…

VULCAIN : La crécelle présidentielle…

Puisque la mode horlogère est à la réédition à tout va, quelques petits génies de la nouvelle génération ont parfaitement compris le message, facile à repérer dans les attentes des amateurs de leur âge. Va donc pour le retour sur le devant de la scène de la Cricket, lancée par la maison suisse Vulcain en 1947 : cette montre-réveil tire son nom de sa sonnerie qui rappelle (vaguement) le bruit émis par un grillon soucieux de se faire remarquer. Ce cliquetis est amplifié sur la montre Cricket par un double fond qui fait caisse de résonance. Depuis le président Harry Truman, qui l’avait reçue en cadeau, de nombreux présidents américains ont porté cette Cricket, dont le poussoir à deux heures permet de régler l’aiguille du réveil (échelle extérieure du cadran) et de stopper la sonnerie – qui réveille bien par son insistance de crécelle pendant vingt secondes ! Grâce à une collaboration entre la maison Vulcain (en pleine renaissance) et la plateforme horlogère espagnole CronotempVs Collectors, la Cricket nous revient en 39 mm, avec un fond saphir qui permet d’admirer le mécanisme de l’alarme. Le mouvement est directement repris de l’ancien calibre mécanique utilisé par Vulcain en 1947. Sous le verre saphir bombé, le superbe cadran à l’ancienne, gentiment pré-patiné, a été dopé par quelques bonnes doses de Super-LumiNova. Le prix n’est pas trop câlin (environ 4 300 euros hors taxes), mais avons-nous le choix quand on aime cette montre, ui est devenue à peu près impossible à trouver en bon état dans ses versions d’origine ?

BOMBERG : L’arc-en-ciel qui s’assume…

Bien entendu, vous éviterez de passer votre Bomberg Chroma au poignet pour aller négocier un découvert auprès de votre banquier ou pour demander la main de votre future femme aux bourgeois un peu coincés qui lui servent de parents. Même si cette Bolt-68 Heritage de Bomberg est, dans sa version Chroma, une montre suisse des plus honorables [ça inspire confiance] tant par son mouvement que par ses finitions, elle ne se gêne cependant pas pour afficher une touche d’extravagances chromatiques qui peut surprendre les timides. Il faut assumer cette exubérance et ce non-conformisme d’un style très latin, voire même franchement méso-américain, mais il faut aussi apprécier la radicalité horlogère de ce chronographe, avec ses poussoirs placés au midi de la montre [un choix qu’on appelle « bull head », façon « cornes de taureau »] et sa date glissante, toujours à douze heures. Après, que la fête commence ! Entre les aiguilles, les chiffres super-luminescents dans la pénombre et le bracelet en caoutchouc noir joyeusement éclaboussés de couleurs, le tout contrastant avec le noir du boîtier et du cadran, on profite d’un arc-en-ciel qui n’est pas précisément celui de la Gay Pride, mais qui sera tout aussi joyeux. Comme cette Bomberg Chroma ne vous entraînera pas au-delà des 1 300 euros, c’est un plaisir relativement accessible pour un concentré d’émotions transgressives : ce n’est pas une montre, c’est un toro de fuego au poignet !

BREITLING : Les ailes qui ont des racines…

Si vous retrouvez quelques images du champion de ski français Jean-Claude Killy en 1968, quand il avait gagné trois médailles d’or aux jeux Olympiques d’hiver de Grenoble, vous verrez à son poignet un chronographe au cadran noir, avec un cadran « panda » (compteurs blancs) et une lunette noire [paradoxalement, le nom de Jean-Claude Killy restera associé non pas à cette Breitling, mais comme surnom attribué par les amateurs à un chronographe à triple date Rolex – réf. 6236 – dont Jean-Claude Killy sera par la suite un grand collectionneur]. Reste que le chronographe AVI 765 de Breitling était, pour les grands sportifs de l’époque, le nec plus ultra de la montre sportive, aussi bien chez les pilotes automobiles que chez les aviateurs – ces derniers considéraient leur AVI 765 comme leur… co-pilote tellement il était fonctionnel ! Breitling a cette année la bonne idée de rééditer cette légende de la montre-bracelet quasiment à l’identique, avec un verre bombé en hésalite à l’ancienne, des index et des aiguilles crayon qu’on dirait authentiques, le tout dans un boîtier de 41 mm des plus agréables à porter. On admirera au passage la sobriété chic du cadran. Touches de modernité qui n’entachent pas ce style vintage : la superbe lunette noire est revêtue d’un carbone amorphe de type diamant (ADLC) qui la rend presque inrayable à l’usage [les lunettes de l’époque ont beaucoup souffert] et le mouvement reste à remontage manuel, comme dans les années 1950-1960, mais il s’agit aujourd’hui d’un calibre de la manufacture Breitling, le B09, qui propose 70 heures de réserve de marche. Deux petits bémols concernant cette réédition : l’étanchéité à trente mètres (un peu chiche) et la limitation de cette série limitée à 164 pièces (c’est chiche, même si ça crée de la valeur). Donc, pas d’hésitation, si vous voyez passer ce nouveau chronographe réf. 765 AVI 1964 Réédition, dégainez le premier, sans hésiter – vous nous remercierez plus tard !

BON À SAVOIR : En vrac, en bref et en toute liberté…

•••• SWATCH : ce n’est pas tous les jours que la police des mœurs perquisitionne une boutique horlogère pour en extirper quelques montres jugées indécentes ! La scène vient de se passer en Malaisie, dans une quinzaine de boutiques Swatch accusées de présenter des montres « arc-en-ciel » de la collection Love is Love, initialement baptisées Pride. Les touches arc-en-ciel n’étant qu’une allusion direction au drapeau de la Gay Pride, qui compte six bandes de couleur quand l’arc-en-ciel naturel en compte sept, les autorités malaisiennes ont vu là une propagande homosexualiste choquante pour un pays largement dominé par la loi islamique. L’esprit Gay Pride d’un wokisme gentiment toléré en Occident n’est visiblement pas la plus noble conquête de l’horlogerie suisse aux yeux d’un certain nombre de pays rigoristement attachés aux valeurs traditionnelles. Ce perquisitions malaisiennes pourraient donner d’autres idées, dans d’autres pays, aux contempteurs de ce qu’ils appellent le « désordre moral » de l’american way of life importé en Europe… •••• SPÉCULATION : avec la crise économique majeure qui se profile derrière les hoquets de la Bourse et les menaces de shut down gouvernemental pour des États-Unis perclus de dettes, la détente devient sensible sur le marché des montres, tant pour les prix de la seconde main (qui ont chuté de moitié depuis janvier 2022) que pour les délais d’attente pour les montres les plus recherchées, accessibles désormais en quelques semaines alors qu’il fallait compter en années il y a quelques semestres. Tant mieux pour les amateurs, tant pis pour les spéculateurs qui ont acheté en haut de la vague et qui n’ont plus que leurs yeux pour pleurer leurs pertes quand ils doivent revendre. Sans tomber dans le piège des arbres qui cachent la forêt (quelques records habilement mis en scène aux enchères), nous voici proches d’un retour à des prix « normaux » sur un marché normalisé, avec de belles icônes enfin disponibles en boutique. Qui s’en plaindra ? Vous verrez que les montres « normales » resteront, dans les temps de crise qui s’avancent, un des actifs tangibles les mieux protégés contre les folies d’un turbo-capitalisme en perdition… •••• MASSENA LAB : l’excellent « laboratoire créatif » Massena Lab et son non moins excellent animateur, le franco-américain William Massena, nous propose la réédition d’une « plongeuse » délicieusement vintage, la « Mergulhador » (mot qui signifie « plongeur » en portugais) lancée dans les années 1970 par la maison suisse Mathey-Tissot. On appréciera le cadran ambré, fumé, soleillé et souligné par les touches orange des index et de l’aiguille des secondes de cette montre automatique étanche à 200 m – les index forment une ronde de luminescence blanche autour du cadran. Avec son verre légèrement bombé et sa lunette graduée sur trente minutes, le boîtier est parfait en 41 mm (tout est Swiss Made, bien entendu). Ces Mergulhador ont été en service actif chez les plongeurs militaires de l’époque, mais elles étaient introuvables ailleurs qu’au marché aux Puces. Évidemment, à moins de 1 000 euros, c’est l’affaire de la semaine, mais il n’y avait que 99 pièces dans cette série limitée qui est une vraie gourmandise pour les amateurs : vous aurez de la chance si vous en captez une au passage, mais pressez-vous !

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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