Quand il faut doubler les heures en orbite et quand le lion du Louvre s’étire au soleil : c’est l’actualité des montres<!-- --> | Atlantico.fr
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Un lion achéménide de vingt-cinq siècle au poignet (Vacheron Constantin)…
Un lion achéménide de vingt-cinq siècle au poignet (Vacheron Constantin)…
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Atlantic-Tac

Mais aussi un néo-classicisme collaboratif, un « nounours » très décontracté, un chimpanzé doré qui interpelle, un mini-trésor sous toile et une vague blanche sur les poignets des plongeurs…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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BREITLING : Une rouille post-orbitale…

Il y a eu exactement soixante ans ces jours-ci (24 mai 1962), l’astronaute américain Scott Carpenter était envoyé dans l’espace pour faire trois petits tours à 28 km d’altitude. À son poignet, la première montre-bracelet suisse jamais expédiée dans l’espace : un chronographe Navitimer signé Breitling, avec un cadran très spécial où les heures sont décomptées sur vingt-quatre heures (et non plus sur douze heures) – en orbite circumterrestre, les astronautes n’ont plus de repère entre le jour et la nuit. D’où le nom de Cosmonaute pour ces Navitimer à cadran vingt-quatre heures. La maison Breitling n’a pas manqué de nous rappeler cet exploit avec une nouvelle Cosmonaute. Anniversaire historique, puisque cette Navitimer Cosmonaute est aussi la première montre-bracelet jamais conçue pour échapper aux pesanteurs du temps terrestre. Pour souffler ces soixante bougies, une surprise de taille : la présentation de la montre originale portée par Scott Carpenter lors de ce vol. Comme l’amerrissage s’est fait dans l’Atlantique, à 400 km du point de chute prévu, l’astronaute avait dû s’extraire lui-même de sa capsule spatiale, gonfler son canot de sauvetage et donc mouiller sa montre, déjà très éprouvée par le vol en très haute altitude. L’eau de mer dans une montre, c’est ravageur ! Sa Navitimer Cosmonaut de 1962 n’est plus qu’un émouvant bloc de rouille, mais c’est un fétiche très parlant de la conquête spatiale américaine (ci-dessous, avec la Cosmonaute de l’époque et la nouvelle Cosmonaute 2022, rééditée à l’identique à quelques menus détails près). N’allez cependant pas déduire de cette hyper-oxydation que les montres Breitling ne sont pas étanches : à ‘époque, la première Cosmonaute de Scott Carpenter avait été mise au point dans l’urgence, avant le vol, en à peine quelques semaines, et elle n’avait sans doute pas passé les épreuves d’étanchéité et de fiabilité imposées aux montres de la marque…

DOXA : Une vague blanche…

Même dans l’univers des montres de plongée, dont les codes sont pourtant rigides, il existe des tendances, sinon des modes : après des décennies de cadrans noirs, voici une vague de montres de plongée à cadrans blancs, souvent équipées de bracelets en caoutchouc blanc. Exemple récent de cette « vague blanc » avec la série des Whitepearl désormais disponible sur toutes les Doxa de plongée, à commencer par la célèbre Sub 300 carbone, qui s’offre le luxe d’un boîter (42,5 mm) en carbone forgé [ce qui rend chaque montre unique et différente par les motifs irisés que dessine ce carbone) et d’un cadran éclatant de blancheur et de luminescence dès qu’on le passe dans la pénombre, sans oublier un bracelet qu’on peut estimer aussi radical que le parti-pris esthétique de la montre (le tout avec un mouvement suisse certifié chronomètre). À la place des poissons, on se méfierait de ces plongeurs si soucieux de tendances au poignet…

VACHERON CONSTANTIN : Un grand spectacle horloger…

Il aurait été dommage qu’une des plus belles marques suisses (Vacheron Constantin, à Genève) ne vienne pas rendre hommage à un des plus beaux musées du monde (le Louvre, à Paris). Il y a ainsi des attractions fatales. La manufacture genevoise consacre ainsi une nouvelle série de ses montres Métiers d’art à quelques-uns des chefs-d’œuvre exposés au Louvre : un grand spectacle horloger, en série très limitée (cinq montres par thème) et à des prix stratosphériques, mais les propositions sont spectaculaires au poignet. Témoin ce « lion de Darius », inspiré par la frise des lions qui décorait le palais de Darius, en Perse, trois ou quatre siècles avant notre ère. La montre restitue très finement l’esprit et le style des briques colorées qui composent cette frise, en y ajoutant de façon très harmonieuse une indication de l’heure, des minutes, des jours et de la date (guichets symétriques à la périphérie du cadran). On a marié ici plusieurs techniques de métiers d’art, comme les émaux champlevés, la gravure ou la marqueterie de pierre, avec des turquoises et des jaspes. L’inscription en écriture cunéiforme est un des premiers textes connus de Darius 1er. On est ici dans l’infiniment précieux de l’infiniment précis d’un des mouvements automatiques les plus réputés en Suisse : on ne trouve ces montres en 42 mm que dans les boutiques Vacheron Constantin, à un prix qui reste encore confidentiel mais qui ne sera sans doute pas câlin…

LOUIS ÉRARD x MASSENA LAB : Une rigueur néo-classique…

La mode étant aux « collaborations » entre les marques [dites « collab », c’est plus classe !], les créateurs indépendants s’en donnent à cœur joie en mixant leurs codes et leurs références. Le régulateur Louis Érard x Massena Lab est ainsi né de la rencontre entre Manuel Emch, le pilote du hors-bord Louis Érard, dont nos lecteurs connaissent certaines créations récentes, et de William Massena, un Franco-Américain toqué de montres qui a décidé de se lancer en solo pour produire lui-même ses « icones » horlogères, précisément sur la base de coproductions tous azimuts. Le résultat n’a rien de décevant : poussé dans ses derniers retranchements par les exigences d’une très haute culture horlogère, le « régulateur » standard de Louis Érard (affichage séparé des heures, des minutes et de des secondes) prend une allure néo-classique qu’on attendrait de montres tarifées dix fois plus cher que cette Louis Érard x Massena Lab, proposée dans les 3 700 euros. La finesse d’exécution des moindres détails du cadran laisse pantois, de même que les finitions, polies, satinées ou grenées, qui évoquent irrésistiblement les plus beaux chronomètres de marine du XVIIIe siècle. On appréciera aussi, en plus de la lisibilité formelle de ce cadran, l’harmonie de ses lignes et des volumes de la montre. Il n’y avait malheureusement que 178 exemplaires de chacune des deux séries (une dorée, ci-dessous, et une argentée), mais elles sont déjà sans doute vendues : on pourra toujours se procurer ce régulateur d’anthologie sur les marchés parallèles et aux enchères, mais ce sera plus coûteux…

RALPH LAUREN : Un sport chic en toute décontraction…

Depuis que la maison Ralph Lauren ne se prend plus pour une manufacture de haute horlogerie plus ou moins concurrente de Patek Philippe [si, si, c’était le cas !], on s’amuse beaucoup plus avec des montres qui ne se prennent pas au sérieux et qui font varier les tenues du Teddy Bear Ralph Lauren au gré des saisons. Des montres Polo qui illustrent et qui accompagnent le style décontracté – ce « sport chic » cher aux amis de la marque. La version Cricket Sweater Bear ci-dessous marie ainsi le blazer à rayures, le denim et les baskets qui composent la cool attitude Ralph Lauren. On ne transige cependant pas sur la qualité horlogère, puisque les mouvements automatiques sont suisses, les finitions « à la suisse » (boîtier de 42 mm, avec joli verre saphir bombé) et les bracelets variés. C’est un hommage au « nounours » le plus élégant du monde…

BON À SAVOIR : En vrac, en bref et en toute liberté…

•••• OMEGA : même (et peut-être surtout) pour les femmes, la mode n’est plus spécialement aux montres surdimensionnés – c’est bon pour les business women qui voulaient s’affirmer au bureau ! La tendance serait plutôt au retour à des tailles plus féminines, plus « mignonnes », comme cette nouvelle collection Omega De Ville, baptisée Mini Trésor, qui parvient à en donner beaucoup à voir pour ses 26 mm : un cadran blanc crèmé en émail grand feu, des chiffres romains bleu, quelques diamants sertis dans une subtile symétrie asymétrique de part et d’autre du boîtier en or (sans oublier le diamant logé dans la couronne) et un bracelet façon toile de Jouy dans un motif assorti aux chiffres du cadran. Pour un peu plus de 7 000 euros, ce n’est sans doute pas une révolution horlogère, mais c’est l’indice du réveil d’Omega, qui entreprend ainsi de séduire une nouvelle clientèle européenne, jusqu’ici abonnée aux collections féminines de Rolex ou de Cartier… •••• LES NOUVELLES FILLES DE LA MONTRE : intéressante série de chroniques consacrées par Business Montres aux créatrices de nouvelles marques de montres. Savez-vous que plus de 95 % – presque 100 % ! – des nouveaux concepts horlogers sont présentés par des hommes ? Raison de plus pour s’intéresser aux dames qui se risquent dans l’aventure (dernière chronique « Marie & Louis » : Business Montres du 23 mai)… •••• QUENTIN CARNAILLE : ce jeune artiste plasticien lillois situe beaucoup de ses œuvres à la périphérie créative des objets du temps. Son squelette de chimpanzé recouvert d’or est en soi une méditation sur les fins dernières de l’humanité, mais la « main » de ce pongidé, recouverte de rouages et de fragments de mouvements horlogers, nous conduit à méditer sur le temps et sur la vanité des symboles dans lequel nous tentons de l’enfermer. La vidéo ci-dessous est, en soi, une œuvre d’art, par ses images comme par ses textes : à chacun de la méditer…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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