Pont des Arts : Paris cadenassé, Paris défiguré ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Insolite
Pont des Arts : Paris cadenassé, Paris défiguré ?
©Reuters

Revue de blogs

Une grille d'une rambarde du pont des Arts à Paris s'est effondrée sous le poids des "love locks", ces cadenas qui y sont accrochés par milliers par les amoureux et les touristes.

Claire Ulrich

Claire Ulrich

Claire Ulrich est journaliste et fan du Web depuis très longtemps, toujours émerveillée par ce jardin aux découvertes, et reste convaincue que le Web peut permettre quelque chose de pas si mal : que les humains communiquent directement entre eux et partagent la chose humaine pour s'apercevoir qu'ils ne sont pas si différents et qu'il y a donc un moyen de s'entendre.

Voir la bio »

Le pont des Arts ne s'est pas effondré sous le poids des milliers de cadenas accrochés là par les amoureux. Juste une grille. Mais on pourrait le croire, à voir les torrents d'inquiétude déversés sur Twitter. Une seule grille s'effondre sous 700 kg d'amour et de féraille et petits et grands médias ( BBC, CNN, etc.) ne parlent que de ça.

Le pont des arts et ses cadenas avant l'incident (Photo Karissa Caldwell sur Twitter)

Les amoureux americains, cadenas dédicacés déjà en poche, tremblent de ne plus pouvoir accomplir le rite durant leur prochain voyage à Paris : fermer la clef du cadenas avec l'aimé, dans la ville de l'amour, main dans la main et la jeter à l'eau dans la Seine. Même Kim Kardashian l'a fait, ce qui va encore faire enfler la mode. Le monde vient de découvrir l'ampleur de l'épidémie de 'Love locks", qui commence à vraiment peser à Paris.

Cette folie du cadenas accroché à un pont aurait commencé en 2008. Pour réaliser l'ampleur de l'épidémie, il faut consulter le site We Lock Love, véritable Facebook du cadenas du coeur, ou l'on peut photographier et stocker son cadenas ou visiter les ponts de cadenas. A lui seul, le site recense déjà 57 000 cadenas...

Une portion du pont de l'Archevéché à Paris, envahi de cadenas (photo du site welocklove)

En Chine ou au Mexique, avoir son cadenas de couple à Paris, c'est la consécration d'un amour.

Côté Français et surtout côté Paris, c'est le raz-le-bol. Sophie, de Escapades amoureuses, s'interroge un peu. Et ses photos comme les autres le prouvent : à force d'amour, Paris semble une succursale de Fichet ou Castorama. Mais pour Point Culture, la capitale est prise en otage, vandalisée, et ça suffit. "Cette mode n’est pas une preuve d’amour mais du vandalisme pur et simple, qui endommage d’une part ces monuments classés au patrimoine mondial de l’UNESCO et constitue une véritable pollution visuelle pour le paysage parisien. Cette manie de vouloir laisser désespérément une trace de son passage ne frappe pas uniquement Paris et le pont des Arts. Si Rome, Florence et Venise se montrent moins tolérantes envers cette mode des cadenas, difficile de lutter contre les multiples graffitis qui frappent les monuments historiques : ainsi, l’escalier menant au dôme de Santa Maria del Fiore, à Florence, voit ses murs totalement recouverts de graffitis attestant le passage d’un couple, d’une famille au sein de ce monument. Cette pratique, qui s’apparente encore une fois à du vandalisme pur et simple, rejoint celle des cadenas et est tout autant condamnable à mes yeux."

Le blog Le petit Renaudon trouve que l'on en fait trop pour ce fichu pont des Arts et n'est pas plus tendre pour les propositions des politiques pour résoudre le problème urbanistique que le cadenas pose :

"Certains veulent débarrasser le tablier de ces anodins mais pas toujours sans danger (??!!) petits signes de la connerie humaine, d'autres vont même jusqu'à lancer une pétition pour sauver les ponts et sites historiques de Paris, d'autres enfin se lamentent sur la disparition possible de cette innocente coutume qui est apparue vers 2008 et qui depuis lors n'a cessé de faire tâche d'encre sur tous les ponts de Paris (La passerelle Léopold-Sédar-Senghor, en face du musée d'Orsay, est touchée, comme les statues du pont Alexandre-III qui sont affublées d'antivols).

En tout, onze ponts sur la Seine sont affectés, jusqu'à la passerelle Simone-de-Beauvoir (12e-13e). Le phénomène s'étend : la grande passerelle des buttes Chaumont, la flamme de l'Alma, les grilles du belvédère du Sacré-Cœur… Trois passerelles du canal Saint-Martin en comptent chacune entre 200 et 300. Même le pont tournant de Crimée, sur le canal de l'Ourcq, dans le nord de Paris – zone peu touristique –, compte à présent une dizaine de breloques en acier. Seuls ceux accrochés à la tour Eiffel sont retirés aussitôt, selon le JDD. Les autorités y vont de leur déclaration politiquement correcte afin de ne froisser personne : c'est ainsi que madame Hidalgo a invité Bruno Julliard à ouvrir une réflexion afin de proposer des alternatives artistiques, solidaires et écologiques.Notre stratégie, déclare l'adjoint chargé de la Culture, n'est pas de suivre une démarche punitive qui ne fonctionnerait pas, mais de proposer une voie alternative. Nous allons lancer un appel à projet destiné aux artistes. Et nous voilà partis pour un nouvel happening, standardisé, encadré, muselé, comme si la mode en question n'était déjà pas horriblement convenue !"

Mais les faits sont là. Les cadenas amoureux envahissent le monde. En Chine, on cadenasse déjà ussi. L'épidémie du cadenas d'amour est en marche.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !