Petits conseils pour réduire facilement sa consommation d’énergie

Atlantico.fr : Il existe des manières assez simples et efficaces pour les citoyens de réduire sa consommation en énergie au quotidien. Que peut-on faire pour économiser de l’énergie ?

Corinne Lepage : Il est nécessaire déjà d’y penser constamment ! Il faut que ce soit un objectif constant. Je ne dis pas l’éternel « éteignez la lumière quand vous sortez d’une pièce » mais éteignez votre ordinateur quand vous n’en avez plus besoin, fermez votre télévision, ne mettez pas vos appareils en veille, éteignez-les complètement.  

Ça ne coûte rien ! Ça rapporte ! Les appareils en veille représentent 10% de la consommation d’électricité. C’est énorme. Déjà il est possible de faire cela. Ça rapporte et ce n’est pas gênant. Simplement, il faut y penser, adopter cette pratique et la mettre dans son logiciel.

Il est aussi possible d’utiliser de manière parcimonieuse ses appareils : ne faire une machine à laver la vaisselle que lorsqu’elle est pleine et pas pour deux assiettes, faire une machine pour le linge quand elle pleine et pas pour trois chemises. Il faut essayer de valoriser au maximum ces petites choses simples de la vie courante. Je ne dis pas que cela va révolutionner le monde mais c’est un premier pas. Il en faudra des beaucoup plus importants et beaucoup plus lourds. Mais c’est vital de faire cela. C’est une bonne pratique. Il faut essayer de valoriser au maximum son utilisation quand on a recours à une machine.

Il y a une éducation au virtuel qu’il faut apprendre également. Depuis dix ans maintenant que l’on utilise largement Internet, on dit « n’utilisez pas le papier », « ne photocopiez pas »… On a pris une telle habitude d’envoyer des mails pour tout et n’importe quoi et de n’importe où, de faire des selfies pour n’importe quoi et n’importe quand. Tout cela représente une consommation absolument énorme d’énergie ! Donc utiliser Internet, oui bien sûr mais à bon escient. Pas pour n’importe quoi. Pas pour n’importe quelle imbécilité. Et surtout pas quand on est en déplacement dans un train par exemple ou en voiture. C’est ultra consommateur d’énergie. Il y a je ne sais combien de relais pour parvenir à envoyer le mail ou la photo.     

La sobriété énergétique doit être une préoccupation constante. Progressivement les comportements vont changer.

Avons-nous dans nos pratiques des habitudes remplaçables ou à bannir définitivement sur le plan énergétique ?

Il y a un sujet qui fâche, qui est celui du déplacement. Beaucoup de personnes râlent à Paris car une place beaucoup plus grande est faîte aux vélos. Si vous vous baladez dans n’importe quelle ville européenne, c’est comme cela que ça se passe aujourd’hui.

L’utilisation que nous avons eu, qui est pompidolienne, de la ville qui s’adapte à la voiture, c’est terminé. On va réapprendre à marcher un peu, ce qui est très bon pour notre santé, à se déplacer en vélo. Les trottinettes, pour les jeunes c’est peut être bien mais pour les moins jeunes c’est tout de même dangereux. Il faut également apprendre que lorsque l’on a 500 mètres à faire, ce n’est pas la peine de prendre sa voiture.

Il y a aussi l’alimentation. C’est considérable parce que le bol alimentaire induit énormément de choses. Vous avez le sujet de la viande. Il est possible d’adopter une approche flexitarienne, de manger peu de viande, mais de qualité. Aujourd’hui pour ce qui concerne les céréales, il y a 60% des céréales dans le monde qui servent à nourrir le bétail. Il ne s’agit pas de pratiques très intelligentes car pendant ce temps-là vous déforestez pour faire des cultures qui vont nourrir en tourteau de soja les animaux. C’est totalement absurde.      

Quand vous souhaitez acheter des fruits et des légumes, prenez des fruits et des légumes de saison. Il faut savoir que quand vous achetez des haricots qui viennent d’Afrique par exemple, qui ont fait plusieurs milliers de kilomètres. Cette pratique a privé d’eau par-dessus le marché les agriculteurs locaux parce qu’ils n’ont plus d’eau pour l’agriculture vivrière. Les petits paysans s’en vont. Ils vont en ville et cela entraîne des bouleversements. Attendons la saison des haricots.  

C’est important parce que ces éléments, ces pratiques et ces conseils peuvent faire changer les comportements.

Achetons des produits de saison et fabriqués près de chez nous. Cela fait travailler les gens que l’on connaît ou que l’on peut connaître. Cela permet d’avoir un œil sur les pratiques agricoles. Ce n’est que du bénéfice et peut entraîner un cercle vertueux.

Quels seraient vos trois conseils pour économiser de l’énergie ?

Je n’en donnerais qu’un : c’est d’en faire une pensée constante dans tous nos actes de la vie quotidienne. Economiser l’énergie. Parce que derrière l’énergie, vous avez les matières premières. Vous avez l’eau. Savoir que l’on peut avoir les mêmes prestations de services avec des pressions sur les milieux qui sont considérablement moindres. C’est à cela qu’il faut essayer d’arriver.

C’est à la portée de tout le monde. Il s’agit d’une question de bonne volonté. Cela ne coûte pas d’argent, au contraire ça en rapporte ! Cela amène à un comportement qui n’est pas subi mais choisi.