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Marine Le Pen face à la plus grande épreuve de sa vie politique; Najat Vallaud-Belkacem préfère diriger une collection littéraire que le PS; Marianne veut que nous soyons Charlie, Valeurs Actuelles veut que Macron s'explique sur l'Islam
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Revue de presse des hebdos

Et encore : En Marche inquiète Anne Hidalgo, Patrimoine: le blues de Stéphane Bern.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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En cette semaine de commémoration des attentats contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher de la Porte de Vincennes, Islam et communautarisme sont  au menu de l'Obs, Marianne, et Valeurs Actuelles. L'Obs consacre sa couverture à Trappes, la ville dont sont originaires, entre autres, Jamel Debbouze, Omar Sy, Nicolas Anelka et dont Benoit Hamon a été le député. C'est le sujet de l'ouvrage d'Ariane Chemin et Raphaelle Baqué,"La communauté", (ed. Albin Michel) qui  sort ces jours-ci et qui analyse comment la ville est passée "du communisme municipal au communautarisme", et que l'hebdomadaire qualifie de "grand livre politique de 2018". "Macron et l'Islam" titre  Valeurs Actuelles qui ajoute en sous titre : "Son silence. Son aveuglement. Sa stratégie". 

Emmanuel Macron : ni “Charlie”, ni Médiapart

Que pense Emmanuel Macron de l’islam?  questionne Valeurs Actuelles. " Difficile d’écrire sur le creux d’un discours, mais il faut s’y résoudre: c’est essentiellement dans les silences du président que l’on peut deviner l’existence du sujet ou sa réalité. Il n’en parle presque jamais. Quand il le fait, ce n’est que pour confirmer l’intuition première de tous ceux qui font l’effort de plonger dans sa “pensée complexe”: Macron est décidément bien le président du “en même temps”. " Le 9 novembre 2017, le jeune prodige est à Abou Dhabi (où il inaugure le Louvre). Ce jour-là, pour le chef de l’État, ceux qui prétendent que l’islam détruit les religions préexistantes pour perdurer "sont des menteurs " et "trahissent". Comme si le chef de l’État pouvait ignorer que cette religion a créé le concept de “dhimmitude”, qui réduit à un statut inférieur les fidèles professant une foi différente" s'agace le Journal. "Le discours dans son ensemble est peu transgressif, copie convenue des propos habituels des hommes politiques toujours habiles à se muer en exégètes du Coran pour garantir que cette religion n’est pas violente et que ceux qui se réclament de l’islam pour tuer le trahissent. Même sujet, public différent. Un mois et demi plus tôt, Emmanuel Macron est cette fois-ci à Paris et s’exprime lors de l’inauguration de l’exposition consacrée aux chrétiens d’Orient, à l’Institut du monde arabe. Il professe une idée exactement contraire à son enthousiasme futur: "Défendre les chrétiens d’Orient, c’est être à la hauteur de l’exigence historique qui est la nôtre et c’est justement ne laisser aucun opposant à ce dernier [Bachar al-Assad], pouvoir laisser les chrétiens en Orient se faire sacrifier , c'est ne laisser aucun projet politique, quel qu'il soit, effacer la trace des siècles, les oeuvres, la trace d'une foi, quand ce n'est pas la leur, la présence de celles et ceux qui défendent leur Dieu, quel qu'en soit le lieu, quelle qu'en soit l'empreinte". Valeurs Actuelles écrit qu'"à l’Élysée, on assume totalement la posture du chef de l’État: " Il n’est ni Charlie, ni Mediapart. Il est président et c’est déjà bien suffisant". Circulez." A défaut de questionner le Chef de l'Etat en personne sur ce sujet, VA a rencontré son porte-parole, Bruno Roger-Petitet les auteurs de l'article concluent que "Macron fait finalement d'une indéniable cohérence. Sur la laïcité, comme sur tout le reste, il est éminemment libéral.  Plus proche d’un Aristide Briand que du “petit père Combes”. Pour lui, l’homme est un animal spirituel dont la République est bien incapable de combler l’aspiration...."

Pour Jean-Pierre Chevènement, qui préside la Fondation pour l'islam de France, que V.A a  interviewé dans le cadre de cette enquête "Emmanuel Macron  a raison de raréfier sa parole sur la laïcité, un sujet qui a divisé les Français, mais qui ne les divisera plus, pour peu qu'on veuille bien leur expliquer le sens de la laïcité. La laïcité est une exigence de la citoyenneté. Les deux concepts vont de pair. La laïcité n'a pas besoin d'être adjectivée. Il faut l'expliquer dans sa dimension historique et culturelle". L'ancien ministre de l'Intérieur rappelle que  la fondation une " vocation est culturelle, éducative et sociale." L'un de nos objectifs est de promouvoir la formation profane des imams... notre but est de faire comprendre à tous nos concitoyens ce que sont la laïcité, les valeurs de la république et d'expliquer le lien qui existe entre l'Europe et l'islam depuis quinze siècle . Cette relation n'a pas  été seulement conflictuelle".

En Marche : des militants communautaristes

V.A. estime, noms à l'appui, que le Mouvement En Marche est infiltré par des militants proches des mouvements islamistes radicaux .Et de citer Mohamed Saou, le référent du mouvement dans le Val-d'Oise, écarté un temps pendant la campagne électorale, mais réintégré depuis, le suppléant de la députée Sira Sylla, élue LREM de Seine-Maritime ,qui a été jusqu'en 2016 le porte parole des Etudiants musulmans de France, association qualifiée de "bras des Frères Musulmans de l'UOIF à l'université française". Montré du doigt également  Rachid El Kheng, coordonnateur local du mouvement En Marche dans le Pas-de-Calais, qui a, selon V.A. "promu la théorie du complot sioniste, partagé des tribunes avec Tariq Ramadan, qui est pro-Dieudonné et a déclaré " il y a quatre types de mensonges :les petits mensonges, les grands mensonges, le 11 septembre 2001  et le 7 janvier 2015". Valeurs Actuelles qui cite les propos de Christophe Castaner "L'islam est compatible avec la République", ajoute :" Apparemment l'islamisme aussi".

Où sont passés les "Charlie ?

"Plus que jamais soyons Charlie" s'écrie Marianne qui rappelle que " dès  le soir de la tuerie de Charlie Hebdo des milliers de personnes sont descendues dans la rue place de la République à Paris et partout en France pour témoigner leur solidarité. Une émotion populaire qui n'a cessé d'enfler pour culminer le dimanche 11 janvier lors de marche républicaine qui dans la capitale et dans tout l'hexagone ont rassemblé plus de 4 millions de personnes. Il s'agissait de la plus forte mobilisation depuis la Libération . Un slogan inscrit sur des pancartes brandies à bout de bras repris en cœur par des millions de poitrines résumait cet engagement à défendre coûte que coûte la liberté d'expression face à la menace islamiste" Je suis Charlie". Trois ans plus  tard  tous ces « Charlie » descendus sur le pavé en janvier 2015, ces vigies anonymes de nos libertés attaquées par l’intégrisme, où sont-ils passés ? Trois ans après, nombre d’entre eux rasent les murs, intimidés par un mécanisme pervers de retournement des valeurs qui tend à transformer les victimes en agresseurs et leurs assassins en porte-parole de minorités discriminées. Certains beaux esprits font mine de croire que le mot d’ordre " Je suis Charlie " tendrait à manifester une adhésion sans nuance à la ligne éditoriale de Charlie Hebdo. D’autres s’efforcent de l’assimiler à un cri de guerre belliqueux à l’endroit de l’islam, Edwy Plenel étant allé jusqu’à accuser l’hebdomadaire, dont les salariés, toujours menacés de mort, vivent sous protection policière permanente, de " faire la guerre aux musulmans " ! Il convient donc de rappeler le sens de ce slogan. Il ne fait que manifester, et c’est énorme, un attachement absolu et sans nuance à la liberté d’expression attaquée par tous les intégrismes, dont l’islamisme. Ce slogan récuse en particulier l’existence d’un hypothétique délit de blasphème. En démocratie, et dans une République laïque, tous les monothéismes sans exception, et quelle que soit la situation sociale de leurs fidèles, doivent pouvoir être moqués, caricaturés, et critiqués sans que l’on soit menacé de mort..."

Marianne qui fait l'éloge de la laïcité," qui ne nous garantit pas seulement la liberté religieuse mais la liberté de conscience, scande " Plus que jamais, soyons Charlie!"

Najat Vallaud Belkacem: le temps de la réflexion

"Je suis venue vous dire que je m'en vais, ou plutôt que je ne viendrai pas". C'est ainsi que l'on  pourrait résumer l'interview que l'ancienne ministre de l'Education, Najat Vallaud-Belkacem accorde à l'Obs. Pressentie pour briguer la tête du PS qui tente de se reconstruire, elle a réfléchi et a décidé de renoncer pour prendre du recul en devenant directrice de collection d'essais chez Fayard. Najat Vallaud Belkacem  estime que" l'avenir de la gauche dépasse de très loin la question de l'appareil socialiste". Elle dit vouloir "vraiment réfléchir, travailler et comprendre d'autres mondes que le seul monde politique " et affirme n'avoir "jamais voulu d'une vie réduite à la politique...Il y a d'autres façons de se rendre utile"....La collection qu'elle va diriger "sera consacrée aux batailles culturelles du progressisme."Je vois bien que ces idées là peinent de plus en plus à convaincre les gens. Si nous voulons reconstruire de la conviction, il faut aussi renouveler les savoirs", explique l'ancienne ministre qui ne détient plus aucun mandat.

Marine Le Pen en a plein le dos

Quand on souffre du dos, c'est souvent parce qu'on en a "plein  le...". Et c'est apparemment ce qui arrive à Marine Le Pen, victime de ce mal provoqué par des lombalgies consécutives à une opération et d'une fracture de vertèbres. Le Point qui consacre un long papier à la crise d'identité de Marine Le Pen" ajoute que "si la présidente du FN en a plein le dos, c'est aussi parce que son parti n'est plus "bankable".

Il est loin le temps de la nouvelle étoile politique qui brillaient lors de son premier" Mots croisés" en 2002 face à Julien Dray, Roselyne Bachelot et Olivier Besancenot" ,écrit le Journal. Et d'énumérer ses ennuis financiers: "en novembre, sa banque historique, la Société Générale a fermé les comptes du Parti ainsi que ceux de plusieurs fédérations départementales... sans rendre publiques ses motivations. Quelques jours plus tard, la banque HSBC clôt le compte personnel de Marine Le Pen. Le FN manque de ressources pour financer sa grande modernisation, annoncée le soir de la défaite présidentielle. Ses résultats en baisse aux législatives lui coutent environ 800.000 euros par an  par rapport à 2012. Le parti a jusqu'en 2019 pour rembourser l'emprunt de 9 millions d'euros contracté auprès d'une banque russo- tchèque après avoir essuyé un refus de tous les établissements français et  jusqu'en mars 2018 pour en rembourser un autre de 6 millions réalisé auprès de Cotelec, l'association de financement présidée par Jean-Marie Le Pen . Des dépenses qui seront couvertes par l'État, assure le trésorier Wallerand de Saint-Just, mais le Parti doit encore trouver 8 millions pour financer les élections européennes sans compter l'amende que souhaite lui infliger le Parlement européen, s'estimant lésé de 5 millions dans l'affaire des emplois fictifs à Strasbourg.

Pour contrer cette fatwa bancaire Marine Le Pen propose un "emprunt patriotique" à ses sympathisants avec un taux d'intérêt de 3 %. Ceux qui versent  75 000 €  auront  le privilège de dîner avec elle. A  ces problèmes financiers s'ajoutent de réelles d'embûches politique. Ses équipes craignent que son "revirement" trop prononcé sur l'Europe et l'euro ne la fassent passer pour une "girouette". La tournée des fédérations a été jugée un peu légère et peu rentable(-seulement 300 à 500 personnes chaque fois). Les adhésions sont en baisse". Sébastien Chenu et Philippe Olivier, les conseillers censés compenser le départ de Florian Philippot peinent à combler le vide". Justement, Florian Philippot et ses équipes et s'évertuent  à compliquer la vie de leur ancienne présidente.... Au Front national en plus d'être un souvenir honteux le débat  (-contre Emmanuel Macron), complique la dynamique car on s'écharpe toujours sur les responsables de cette stratégie kamikaze. En première ligne le beau-frère Philippe Olivier mais aussi les frères Philippot :" la stratégie était de lui rentrer dedans,  Macron est quelqu'un qui perd ses moyens quand on le déstabilise" affirme le sénateur Stéphane Ravier... Pour se réconforter  Marine Le Pen pense au sondage qui la place loin devant Les Républicains lors des prochaines élections européennes..."Tous les matins on se prend des peaux de banane de Bercy ou des coups de harpon de la place Vendôme. C'est qu'on gêne", affirme le professeur d'économie Jean-Richard Sulzer. Et pour un ses conseillers "il faut être plein pot contre les journalistes. Car de toute  façon, le jour où Marine Le Pen marchera sur la Seine, les journalistes titreront :"Marine Le Pen ne sait pas nager".

Le blues de Stéphane Bern

C'est Valeurs Actuelles qui l'affirme : Stéphane Bern, le Monsieur Patrimoine nommé par Emmanuel Macron "est en plein doute à propos de sa mission. L'animateur télé se montrerait même "sceptique quant à l'intérêt du chef de l'Etat sur les questions de patrimoine: " Le sujet est plus porté par sa femme que par lui même. La preuve, chaque fois que je fais une proposition, il me donne son feu vert, avant que l'administration s'y oppose", a-t-il confié à un ami.

EN BREF

-Le Point cite une confidence de Florence Berthout la présidente du groupe LR du Conseil de Paris à propos de la Maire de Paris: "Pour la première fois, je sens qu'Anne Hidalgo a peur", a déclaré la maire du Ve arrondissement. Anne Hidalgo, qui devient plus aimable avec les élus LR, redoute en effet la République en Marche dont elle veut " s'occuper". Car le Parti d'Emmanuel Macron  qui a recueilli 34,83% des voix au premier tour de la présidentielle, a aussi remporté onze sièges de députés sur 18. Et, écrit Le Point " parmi eux Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement et Hugues Renson, vice-président de l'Assemblée Nationale, piaffent de partir au combat".

-Valeurs Actuelles a scruté les premiers pas de l'équipe de Laurent Wauquiez, le nouveau président de L.R., qui "fait souffler un vent frais sur la droite"... Pour le moment le mag s'amuse de la multiplication de réactions au discours de voeux d'Emmanuel Macron, et parle de " joyeuse polyphonie tumultueuse". Le magazine  a déjà "un duel " dans son viseur, celui qui oppose les deux vice-présidents, Virginie Calmels, toujours qualifiée de " juppéiste",  qui a " boudé la photo de famille des Républicains, manifestement déçue de devoir partager l'affiche avec le vilain petit canard de la droite", Guillaume Peltier. Ce dernier qui " a fait ses classes au Front National jeunesse", veut promouvoir une " troisième voie" pour les élections européennes."Bien loin de la vision très libérale défendue par la première adjointe au maire de Bordeaux", persifle le mag. Quant au Point, il écrit que Lydia Guirous, une des trois porte-parole, nommés par Laurent Wauquiez, elle "avait eu des contacts cet été avec le FN, par l'intermédiaire du député du Nord, très proche de Marine Le Pen, Sébastien Chenu."

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