A en croire les cours des matières premières, le monde fonce vers une déflation globale... sauf qu'aucun indicateur ne fonctionne plus normalement aujourd'hui<!-- --> | Atlantico.fr
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L’once d’or, qui a baissé de 39% depuis son plus haut de 1920$ atteint en septembre 2011, pourrait reprendre un peu de hauteur.
L’once d’or, qui a baissé de 39% depuis son plus haut de 1920$ atteint en septembre 2011, pourrait reprendre un peu de hauteur.
©Flickr

Revue d'analyse financière

Dans l'œil des marchés : Jean-Jacques Netter, vice-président de l'Institut des Libertés, dresse, chaque mardi, un panorama de ce qu'écrivent les analystes financiers et politiques les plus en vue du marché.

Jean-Jacques Netter

Jean-Jacques Netter

Jean Jacques Netter est vice-président de l’Institut des Libertés, un think tank fondé avec Charles Gave en janvier 2012.

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Quatre matières premières ont beaucoup baissé au cours de ces derniers mois : l’or, l’argent, le pétrole ainsi que le minerai de fer et le cuivre. Dans un environnement économique normal où les politiques monétaires, les taux d’intérêt et les taux de change ne sont pas manipulés, cela constitue des signes avancés qui indiquent que l’économie réelle peut entrer en récession, en dépression, en déflation… Dans un monde totalement manipulé où l’effondrement des taux d’intérêts a supprimé la référence qui permet de valoriser convenablement les différentes classes d’actif, on assiste régulièrement à la formation de bulles.

Le référendum sur l’or pourrait entraîner une forte hausse du métal jaune

L’once d’or, qui a baissé de 39% depuis son plus haut de 1920$ atteint en septembre 2011, pourrait reprendre un peu de hauteur.  En effet, un référendum sur l’or aura lieu en Suisse le 30 novembre prochain à l’initiative du Parti Populaire Suisse (SVP) qui se veut ultra-conservateur et euroseptique. Aux dernières élections, il a remporté 26% des voix.

Rappelons que la Banque Nationale Suisse (BNS) pour empêcher le Franc Suisse de monter maintient la parité de 1,20€. Cela a eu pour conséquence :

1/ de faire passer en trois ans, avec les achats d’euro, les réserves de la banque centrale de 207Md CHF à 470Md CHF ; 

2/ de créer une bulle immobilière, car les taux d’intérêts ont été maintenus à des niveaux très bas ;

3/ de profiter aux sociétés exportatrices beaucoup plus qu’aux ménages qui ont vu le coût de la vie monter pour eux.

Le Franc Suisse avant 1997 devait être garanti par 40% en or physique détenus dans les coffres de la BNS. Ensuite, le pourcentage a été ramené à 25%, pour être totalement supprimé en 2000. Les réserves en or sont en ce moment à leur plus bas depuis 1948 en proportion de l’ensemble des réserves de l’institut d’émission suisse. Sur les 2590 tonnes détenues en 2000, 1550 tonnes ont été vendues. Le montant de métal jaune détenu ne représente plus que 1040 tonnes soit 39Md CHF et un peu moins de 8% de l’ensemble des réserves détenues (508Md CHF).

L’initiative "Sauvons notre or suisse" a recueilli 107 000 signatures, soit 2% de l’électorat. C’est pourquoi un référendum est organisé à la demande du SVP qui prétend que cet or est la propriété du peuple suisse, ce qui interdit à la banque centrale d’en disposer comme elle le veut. Il demande également un retour au niveau de 20% des réserves sous la forme d’or. Si ces mesures sont votées, il faudra que la Banque Nationale Suisse achète 56M d’onces d’or soit au prix actuel un montant de 65,5Md$. Ce montant représente le stock d’or détenu par l’ensemble des ETF dédiés à l’or physique. Il faudrait donc que la BNS achète 300 tonnes d’or par an pendant les cinq prochaines années. Cela pourrait entraîner une envolée du métal jaune. Selon les derniers sondages, le référendum recueillerait 45% de voix pour et 38% contre.

Les grandes mines d’or qui pourraient le plus en profiter sont : Barrick (230T de production annuelle), Newmont (154), Anglogold Ashanti (122), Gold Fields (95), Kinross (76).

Une forte baisse de l’argent est souvent le signe qui annonce la déflation et la dépression

L’once d’argent a baissé de 25% depuis le mois de juillet. Charles Gave, de GaveKal à Hong Kong, fait observer que depuis 100 ans, son cours se traite librement sans l’intervention des banques centrales. Il est donc intéressant de constater que chaque fois que le prix de l’argent a baissé de plus de 20%, cela s’est produit neuf fois en cent ans, il s’est produit soit une dépression (1920), une très forte dépression (1930), une rechute de l’économie qui n’a cessé qu’avec la deuxième guerre mondiale (1937) puis en 1981, 1970, 1984, 1991, 2009, 2014… Cela confirme tout l’intérêt de conserver selon lui, en ce moment, un portefeuille équilibré entre des actions et des obligations de bonne qualité.

Le premier producteur mondial d’argent est Fresnillo au Mexique.

Le contre-choc pétrolier a des effets asymétriques

Le pétrole vient de baisser de plus de 30% sur les cinq derniers mois. Au niveau de l’économie mondiale, cela devrait se traduire par 0,2% de croissance en plus, 0,2% également pour l’Europe. En revanche l’effet sera neutre au Japon du fait de la baisse de 25% du yen. Les secteurs qui vont le plus en profiter sont ceux des transports routiers, maritimes et aériens ainsi que la chimie.

Par contre, les pays producteurs vont voir leurs recettes baisser fortement. Ce sera le cas pour l’Iran, l’Irak, le Brésil, le Venezuela, l’Algérie, le Nigéria, l’Angola…

La prochaine réunion de l’OPEP aura lieu le 27 novembre prochain. Si le baril tombe au dessous de 75$, l’Arabie Saoudite va entrer dans la zone de déficit budgétaire. La probabilité est faible, car elle a atteint sur le plan géopolitique tous les objectifs qu’elle s’était fixés :

1/ affaiblir la Russie qui finance "l’arc chite" qui souhaite déstabiliser toutes les monarchies pétrolières du Moyen Orient ;

2/ obliger l’Iran à poursuivre ses négociations sur le nucléaire ;

3/ ralentir aux Etats-Unis la vague d’exploration dans le gaz de schiste et le pétrole non conventionnel.

Pour profiter d’une remontée des cours du baril, on peut s’intéresser à l’ETF SPDR Energy ETF. Ses principales positions sont : Exxon Mobil, Chevron, Schlumberger, Occidental Petroleum, ConocoPhilips, Pioneer Natural Resources, Halliburton, Anadarko Petroleum, Philips 66.

La chute du minerai de fer montre la chute de la croissance chinoise

Le minerai de fer a perdu 50% depuis le début de l’année. Nous sommes au plus bas depuis 2009. La Chine est de loin le premier consommateur de fer. Si on passe en dessous de 60$, ce sera une très mauvaise nouvelle pour le secteur.

Les principaux producteurs sont les sociétés suivantes : Rio Tinto (51% du CA/UK), BHP Billiton  (31%/Australie, UK), Anglo American (18%/UK/Afrique du Sud), Glencore (0,1%/UK, Suisse)  Vale (Brésil), Fortrescue Metal Group (Australie).

Pause probable sur le marché japonais

Au Japon, la popularité du Premier ministre est liée à celle de la bourse. La perspective d’élections pourrait entraîner une pause du marché japonais selon Louis Gave de GaveKal, à Hong Kong. La dépréciation du yen depuis le 3 septembre 2012 ressort à -33,5% contre le dollar, -33,2% contre l'euro, -35% contre le won coréen.

La France est devenue un pays déficitaire récidiviste

La France est au pied du mur à Bruxelles. A force de ne pas respecter ses engagements elle a perdu tout crédit. Au moment où une grande partie de la gauche dénonce "l’orientation libérale", d’Emmanuel Macron, ministre de l’Economie de l’industrie et du numérique, il est utile de revenir à Milton Friedman, chef de file des anti keynésiens, père du mouvement économique néo classique de l’Ecole de Chicago. Comme les manuels d’économie destinés aux élèves sont choisis par les syndicats de professeurs qui font la promotion du magazine "Alternatives Economiques" et des économistes d’Attac, ils ont peu de chances d’entendre parler de Milton Friedman, qui est un des économistes les moins apprécié par l’université française. Dans les débats gauche-caviar tendance gros grain, il est de bon ton de démolir l’économie de marché.

Quand un pays consacre 57% de son PIB aux dépenses publiques, ce qui est le cas de la France, le citoyen ordinaire et l’entrepreneur sont enfermés dans un carcan. Milton Friedman faisait le commentaire suivant : "l’accroissement perpétuel des dépenses publiques est sans fin, quand les mesures initiales n’ont pas réussi à atteindre leurs objectifs. Les hommes politiques en concluent que le gouvernement n’en a pas fait assez et ils réclament des programmes supplémentaires. Ils obtiennent aussitôt l’alliance des gens qui envisagent des carrières de bureaucrates dans le cadre de ces programmes et de tous ceux qui pensent pouvoir siphonner à leur profit une partie de l’argent dépensé".

Si le "Plan Macron" est mis en œuvre avec surtout l’obligation de l’appliquer dans le cadre d’un calendrier précis, François Xavier Chauchat, de GaveKal Paris, en conclut que c’est le moment de renforcer le pourcentage d’actions européennes dans les portefeuilles. L’ euro n’est plus surévalué, les taux d’intérêts sont à leur plus bas historique, la croissance reste faible, mais selon lui, la baisse du prix du pétrole pourrait constituer le premier catalyste d’une reprise des bénéfices.

Un des moyens les plus simples pour profiter de ce mouvement est de s’intéresser à l’ETF : Lyxor ETF DJ Euro Stoxx 50.          

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