Le pape François bon défenseur des valeurs de l’Église pour 65% des catholiques, contre 45% qui le pensaient de Benoît XVI<!-- --> | Atlantico.fr
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Le pape François est un bon défenseur des valeurs de l’Église pour 65% des catholiques.
Le pape François est un bon défenseur des valeurs de l’Église pour 65% des catholiques.
©Reuters

Sondage exclusif Ifop pour Atlantico

EXCLUSIF - Alors qu'il a échoué à relifter l’Église au cours du synode, le Pape François conserve toujours une bonne popularité chez les catholiques, qui sont 65% à penser qu'il défend bien leurs valeurs. Elle est même supérieure à celle de Benoît XVI lorsqu'il dirigeait le Vatican, selon un sondage exclusif pour Atlantico.

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

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Jérôme Fourquet : Le pape François bénéficie toujours auprès des catholiques d'une bonne image, puisque deux tiers estiment qu'il défend plutôt bien les valeurs du catholicisme, contre seulement 5% disant l'inverse, et 30 % ne se prononçant pas. 78% des catholiques pratiquants ont un avis favorable. Il est largement soutenu par les catholiques français, alors même qu'un certain nombre de ses prises de position appelant à des changements dans l'attitude de l'Eglise sur des sujets sensibles ont été battues en brèche et ont suscité des frictions lors des réunions qui se sont tenues au Vatican début octobre. Malgré cela le soutien envers le Pape François est réaffirmé, et correspond aux chiffres d'une enquête en date d'août 2013 menées par l'Ifop pour Atlantico.

Ce soutien est d'autant plus impressionnant lorsque l'on compare les résultats qu'obtenait Benoit XVI sur la même question à la fin de son pontificat : seuls 45% des catholiques considéraient qu'il défendait bien les valeurs catholiques, la cote d'alerte ayant été atteinte en mars 2009 au moment de ses sorties sur la contraception et le sida en Afrique, et sur la réintégration d'un certain nombre de personnalités traditionnalistes. Ces tensions se sont estompées au fil du temps, mais il en est resté quelque chose à la fin du pontificat. Le pape François est donc éminemment plus populaire que son prédécesseur.

Jérôme Fourquet : Il est aujourd'hui facile d'être catholique pour deux tiers des personnes interrogées, tant chez les pratiquants que chez les non pratiquants. On constate néanmoins un tassement pas rapport à août 2013, moment qui marque la fin du pic de la mobilisation de la Manif pour tous, dans laquelle beaucoup de catholiques s'étaient impliqués. Mais on le constate aussi depuis que des débats internes et contradictoires ont eu lieu au sein de l'Eglise, renvoyant aux yeux des catholiques une image pas forcément valorisante. On retombe aujourd'hui à des niveaux qui sont ceux de mars 2009, au moment où la polémique allait bon train.

Jérôme Fourquet : La question est binaire, mais c'est ainsi que le débat se pose : l'Eglise doit-elle modifier son discours et ses positions, ou doit-elle défendre et affirmer les valeurs auxquelles elle croit même si elles sont parfois en décalage avec les changements intervenus ? Il est vrai qu'il ne s'agit pas d'un parti politique qui s'adapte aux situations, mais d'une religion, avec des vérités révélées auxquelles il faut se conformer. Or quand on pose la question, on constate de manière générale  que les catholiques son en faveur d'un aggiornamento de l'Eglise sur une série de sujets. Cette demande émane d'abord et en priorité des non pratiquants, alors que les catholiques pratiquants, plus attachés aux valeurs, sont aussi favorables à des évolutions mais de manière moins nette et moins massive.

Sur la contraception, 87 % des catholiques considèrent que l'Eglise doit bouger : 90 % des non pratiquants et 67 % des pratiquants. Cela explique aussi le soutien dont bénéficie le pape François dans la population catholique française, car sur un certain nombre de ces sujets il se retrouve en phase avec ce à quoi aspire l'opinion catholique.

Jérôme Fourquet : Sur l'avortement, 82% des catholiques considèrent que l'Eglise doit bouger sur la question, mais dans ce cas-là on observe une vraie césure entre les non pratiquants (87 %) et les pratiquants (51%).

Il est intéressant de relever une baisse très sensible notamment chez les pratiquants du souhait de modification par rapport à 2009 : on est passé de 68% à 51 % aujourd'hui. Ceci s'explique premièrement par le fait que le précédent coup de sonde s'est fait au moment où le pape Benoit XVI prend des positions assez traditionnalistes et fermes. On comprend qu'à l'époque une part des pratiquants aient été à l'époque en faveur d'un assouplissement des règles, ce qui n'est plus le cas actuellement puisque le pape François n'est plus sur un discours aussi rigoriste et aussi carré. Mécaniquement, la demande d'introduction de souplesse se retrouve diminuée.

Jérôme Fourquet : Sur les divorcés, 88% des non pratiquants et 71% des pratiquants estiment qu'il faut évoluer. On constate donc qu'on ne peut pas mettre dans le même sac les questions liées à l'avortement, à la contraception, au remariage des divorcés et à l'homosexualité. Si à l'instar de la tendance initiée par le pape François, les pratiquants sont prêts à évoluer sur la contraception ou plus certainement encore sur le remariage des divorcés, on constate en revanche que l'avortement et l'homosexualité continuent de générer des crispations. Ce qui avait été détecté en 2009 se retrouve donc encore aujourd'hui sur ces quatre questions.

Deuxièmement on peut penser que le débat initié dès août 2012 par l'Eglise de France, en faisant lire dans toutes les paroisses un texte contre le projet de mariage et l'adoption pour les homosexuels, a eu en effet non négligeable dans l'opinion des catholiques. La Manif pour tous a encore mobilisé récemment. Il ne s'agit pas seulement du mariage mais de la filiation, de l'adoption, de la PMA et de la GPA, qui ont été remis à l'agenda. Les catholiques pratiquants ont été en première ligne dans la mobilisation et les débats. D'où un raidissement sur l'avortement, qui se rattachent toute de même à ces questions. Même les non pratiquants, entre 2009 et aujourd'hui, sont plus nombreux à considérer que l'Eglise n'a pas à évoluer sur ces questions (25% contre 33% en octobre 2014).

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